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une remarque sur une citation d'antoine moreau (art libre)

novembre -1 modifié dans A propos des licences libres
péchée sur ce post dans framasoft :
http://forum.framasoft.org/viewtopic.php?t=8984

antoine moreau est un des fondateurs de la licence art libre
L'approche de Copyleft Attitude avec la Licence Art Libre est de ne pas donner le choix entre plusieurs licences.
Nous avons décidé, dés le départ, de faire le choix du Libre, plutôt que d'avoir le libre choix.

ce qui se défend.
cela dit
Il est vrai que les creative commons (auxquelles la citation d'antoine moreau fait référence) sont affectées en ce moment d'une sorte de démultiplication apparemment infinie, en présentant une vingtaine de versions différentes, de la public domain à la developping nations, en passant par sampling plus et la CC nc nd etc... :
ce que d'aucuns décriraient comme une dérive des creative commons, qui tendent à devenir un supermarché de la licence libre où tout le monde pourrait trouver chaussure à son pied.

Moi je défend les creative commons justement pour cela
parce qu'elles laissent le choix à l'auteur

d'autres au contraire, prétextant d'un je ne sais quel choix de la liberté, plutôt que d'une liberté de choix, ont entrepris de critiquer cette diversité des licences creative commons disponibles.

J'ai envie de dire :
tant que le choix de la liberté n'empêche pas la liberté de choix, tout va bien :)
(disant cela je ne suis pas stupide non plus : et je crains malheureusement que beaucoup d'utilisateurs des CC se comportent en simples consommateurs, aussi libres qu'on puisse l'être devant un rayon de fruits et légumes au supermarché.. Pour faire un libre choix, si tant ait que ça ait du sens, encore faut-il faire l'effort de lire et de comprendre.. mais bon.. voilà qui va donner du grain à moudre aux autorités célestes de l'art libre, je me tais)

mais au fond, ce que je regrette dans tout ce débat art libre vs creative commons, outre le fait que nous n'avons pas besoin de ça, vu le peu de puissance dont on dispose pour se faire entendre, c'est qu'à aucun moment une discussion sérieuse sur le mot liberté n'est entamée. Il ne suffit pas de mettre une Majuscule à LIbre, pour dire quelque chose de la liberté :) (cette majuscule me fait toujours plier de rire)

étant comme vous le savez, un fouteur de merde, je rappelerais ces mots de lacan (que j'ai déjà cités mille fois mais bon, une mille-et-unième fois ne fera pas de mal, surtout que tout le monde s'en fout apparemment) :
« Un certain champ semble indispensable à la respiration mentale de l'homme moderne, celui où s'affirme, son indépendance par rapport, non seulement à tout être, mais aussi bien à tout dieu, celui de son autonomie irréductible comme individu, comme existence individuelle. C'est bien là quelque chose qui mérite en tous points d'être comparé à un discours délirant. C'en est un. Il n' est pas pour rien dans la présence de l'individu moderne au monde, et dans ses rapports avec ses semblables. Assurément, si je vous demandais de la formuler, de faire la part exacte de liberté imprescriptible dans l'état actuel des choses, et même me répondriez-vous par les droits de l'homme, ou par le droit au bonheur, ou par mille autres choses, que nous n'irions pas loin avant de nous apercevoir que c'est chez chacun un discours intime, personnel, et qui est bien loin de rencontrer sur quelque point que ce soit le discours du voisin. Bref, l'existence chez l'individu moderne d'un discours permanent de la liberté, me paraît indiscutable. Maintenant, comment ce discours peut-il être accordé non seulement avec le discours de l'autre, mais avec la conduite de l'autre, pour peu qu'il tende à la fonder abstraitement sur ce discours ? Il y a là vraiment un problème tout à fait décourageant. »


:)
bien envoyé n'est-il pas ? (c'est dans le séminaire 3, celui sur les psychoses)

Réponses

  • Je découvre également depuis récemment cet engouement pour une certaine ségrégation des libertés libres (euh?)...
    M'étant inscrit récemment sur un forum "libre", le modérateur m'a fait remarquer que ma licence CC pourrait etre mal vue ou serait un prétexte à quolibets(mais que euh...j'était bienvenu quand même).
    Quelle ne fut pas ma surprise, pensant naivement que le mouvement du libre était un mouvement de "libre" pensée et de "libre" choix et relativement unifié devant "l'ennemi".
    J'accepte d'etre jugé par rapport à la musique que je produit, mais de là à être jugé sur telle ou telle type de licence, je ne vois pas très bien l'intéret...
    A moins que certains se soucient plus que moi de mon taux de liberté, je les en remercie (en fait c'est de la philanthropie), mais je vous assure...je vais bien!
    Je me sens même libre de ne pas être complètement libre, et de le savoir.
    Bref dommage qu'il existe ce genre de guéguerres psychologiques qui ne servent personne. En fait ça semble inévitable, ça s'appelle de la politique, et beaucoup sont près à écraser les autres pour faire passer leurs idées avant l'intéret du plus grand nombre.

    Au fait...mon taux de liberté est de 61% à la dernière pesée...C'est honorable ou pas assez?
    et vous?
  • bah moi j'atteinds à peine la moyenne
    faut que je fasse réviser mon pèse-liberté
    celui que j'ai là, il date de mai 68, alors forcément
    il marche plus ttrès bien :)
  • surtout si il s'agit des modèles d'avant mai produits dans les usines renault...
  • Perso, sans aller dans le consensus "gueguerien" d'une licence qui prévaudrait à une autre, voici ma façon de penser rien que du monde Copyleft appliqué à l'art :

    Oeuvres Libres non logicielles

    Et rien que là, je trouve qu'il y a matières à réflexions...
    J'émets, me semble-t-il des remarques de bon sens ... qui reste toujours sans écho !

    Tout cela me fait halluciner en soi ... et me laisse pantois, à tel point que j'ai fichtrement envie de ne plus avancer. Trop idéaliste, idéologiste...
  • alors là c'est très amusant
    voilà un texte comme je les aime (tu as lu mon machin sur la dissémination de la musique ?)
    à coup de marteaux et effectivement qui tente de revenir à des choses sensées et à fixer au moins le cadre au sein duquel on cause (et ce cadre je sui d'accord avec toi est d'abord et finalement que JURIDIQUE :
    je te cite :
    Il n'y a pas à statuer sur l'objet, le statut "libre" est juridique ou n'est pas !
    L'objet est ou n'est pas libre, si et seulement si, son propos licencié l'est !

    et sur le "libre" appliqué à tort et à travers, je suis tout à fait d'accord aussi : si descartes voyait les débats oiseux qui se tienent ici et là, il se dirait, mais à quoi ça sert que je me sois pris la tête ?

    par contre
    alors c'est là que c'est amusant
    tu dis :
    Peut-être parce que le conscient d'artistes (imbus de soi, de leur dimension d'artiste ?) n'acceptent pas qu'on "compare" leur tant estimé art à un vulgaire code source !
    Si je ne m'abuse pas, que ce soit de l'art, ou du code source, ne sont-ce pas tous deux le fruit cérébral d'une propriété intellectuelle ?
    Un code source est une création de l'esprit ... l'art est-il à ce point plus ?!

    alors là c'est exactement à cette réduction d'une oeuvre d'art à un code que je m'oppose de tout mon coeur dans mon machin sur la dissémination
    non pas dans le sens où je voudrais prouver la supériorité de l'une sur l'autre (on ne peut pas comparer un cheval et un réfrigérateur par exemple, enfin on peut, mais c'est pas très pertinent)
    je dis juste que c'est pas la même chose (et je suis dans les deux parties en plus, à la fois prorgammeur et artiste)
    et donc que le droit doit en tenir compte (or dans le CPI, tout se mélange allègrement, ce qui fait que le CPI ressemble à un grois truc enflé de partout au sein duquel tous les mecs qui font des trucs avec leurs cerveaux ont réussi à amadouer le législateur et à s'y faire une place, si bien qu'à la fin, ce qui devait être fait pour défendre des écrivains se retrouve mis à contribution pour défendre des programeurs, des producteurs de chansons, des interprètes, des créateurs de base de données, enfin, n'importe quoi : si diderot voyait ça, mon dieu !!!!)
    mais dans le sens où j'en appele de tout mon coeur au parricide en ce qui concerne la généalogie des licences libres appliquées à l'art
    je m'en explique ici :
    http://www.another-record.com/textes/dissemination/diss8.html

    )

    enfin content d'avoir fait ta connaissance du coup :)
  • dana écrit:
    (tu as lu mon machin sur la dissémination de la musique ?)
    non !

    Peut-être parce que le conscient d'artistes (imbus de soi, de leur dimension d'artiste ?) n'acceptent pas qu'on "compare" leur tant estimé art à un vulgaire code source !
    Si je ne m'abuse pas, que ce soit de l'art, ou du code source, ne sont-ce pas tous deux le fruit cérébral d'une propriété intellectuelle ?
    Un code source est une création de l'esprit ... l'art est-il à ce point plus ?!

    alors là c'est exactement à cette réduction d'une oeuvre d'art à un code que je m'oppose de tout mon coeur dans mon machin sur la dissémination
    non pas dans le sens où je voudrais prouver la supériorité de l'une sur l'autre (on ne peut pas comparer un cheval et un réfrigérateur par exemple, enfin on peut, mais c'est pas très pertinent)
    Je ne cherche pas à réduire l'un en rapport à l'utre, ou vice-versa, et ce n'est pas mon propos...
    Oui, ce sont deux choses différentes, mais une a-t-elle plus de valeur intrinséque que l'autre. Je ne le pense pas.
    je dis juste que c'est pas la même chose (et je suis dans les deux parties en plus, à la fois prorgammeur et artiste)
    Moi, aussi, différement ... puisqu'à la base technicien réseau, developeur web (PHP principalement...) et auteur "écrivain" - les trois autodidacte -
    Quand je "vois" les raisonnements que l'on peut prendre pour construire son code (jusqu'à rêver de celui-ci certains sommeils, l'appliquer et ca marche), ou quand je vois ce qui me motive en tant qu'auteur (certains écrits, ou dessins, rêvés puis réalisés), dans les deux cas, c'est un plaisir certain, à la fois intellectuel, et créatif... un magma volcanique dont les cendres nourricières le sont d'une manière ou de l'autre.
    Je le réduis à la base de ce que c'est : un fruit cérébral !
    A ce titre, il n'y a guère de différences ...
    De même pour l'égo dont on peut se flatter, quant à une oeuvre artistique ou à un code écrit, exécutif.
    et donc que le droit doit en tenir compte (or dans le CPI, tout se mélange allègrement, ce qui fait que le CPI ressemble à un grois truc enflé de partout au sein duquel tous les mecs qui font des trucs avec leurs cerveaux ont réussi à amadouer le législateur et à s'y faire une place, si bien qu'à la fin, ce qui devait être fait pour défendre des écrivains se retrouve mis à contribution pour défendre des programeurs, des producteurs de chansons, des interprètes, des créateurs de base de données, enfin, n'importe quoi : si diderot voyait ça, mon dieu !!!!)
    Oui, mais le droit ne tient pas compte des particules élèmentaires, il définit un ensemble de règles pour un ensemble humain donné ... aux juristes, d'en tirer les ficelles pour l'appliquer au cas par cas individuel !
    mais dans le sens où j'en appele de tout mon coeur au parricide en ce qui concerne la généalogie des licences libres appliquées à l'art
    je m'en explique ici :
    http://www.another-record.com/textes/dissemination/diss8.html)
    Je m'en vais de ce pas le lire ;-)
    enfin content d'avoir fait ta connaissance du coup :)
    ehehhh !
  • Oui, mais le droit ne tient pas compte des particules élèmentaires, il définit un ensemble de règles pour un ensemble humain donné ... aux juristes, d'en tirer les ficelles pour l'appliquer au cas par cas individuel !

    oui certes
    sauf que là
    si on s'intéresse à l'histoire du droit d'auteur, on se rend compte à quel point le projet initial des legislateurs a été dévoyé. Pensez donc : au départ, le droit d'auteur devait défendre l'auteur, c'est-à-dire l'écrivain, contre les éditeurs et les imprimeurs (qui n'en faisaient qu'à leur tête, et ammassaient des fortunes tandis que les diderot et rousseau avaient à peine de quoi diner)
    Aujourd'hui, ces mêmes éditeurs contre lesquels avait été édifié le droit d'auteur, ont droit à tout un livre les concernant -et dans la même foulée on a mis les interprètes. (et ce en france, depuis un vote du parlement en 1985.. contre lequel personne à l'époque ne trouvait à redire, vu que les majors n'existaient pas encore)
    puis on y a glissé subrepticement les auteurs de logiciel, de bases de données, les publicitaires, le cinéma etc..

    Alors oui certes, on est là soi-disant dans le champ des oeuvres de l'esprit..
    mais à ce tarif, tout individu qui fait fonctionner son cerveau une demi-minute pourrait prétendre à la protection de ses productions intellectuelles..

    c'est merveilleux cette autoglorification de l'esprit humain par lui-même
    mais c'est quand même le grand n'importe nawak
    alors faut pas s'étonner que ceux qui défendent le droit d'auteur à la lettre, ce soit justement les industriels, les majors, les grandes maisons d'édition etc..
    c'est quand même un sacré retournement de situation ne trouvez-vous pas ?

    On a fait une bergerie pour les moutons, et deux siècles plus tard on y installe un troupeau de loups !!

    C'est d'ailleurs pour cette raison , entre autres, qu'existent les licences dites libres :)

    donc si je devais militer pour quelque chose (mon dieur quelle horreur :) je militerai sand doute pour une révision complète du droit des auteurs - et pour une réécriture d'un droit des auteurs d'oeuvres d'art, qui soit distinct et séparé du CPI.

    m'enfin..
    je me sens seul là tout d'un coup :)

    (mais d'un autre côté, une autre voix me dit : mais au fond tu t'en fous mec, t'es même pas en mesure de payer ton loyer, alors pourquoi militer pour des trucs dont tout le monde se contrefout :)
  • tr-ès beau livre au sujet des débats intitiaux d'où est sorti le droit des auteurs et des décisions qui furent prises :
    Le sacre de l'auteur par Bernard Edelman (seuil essai 2004)
    passionant
  • dana écrit:
    Alors oui certes, on est là soi-disant dans le champ des oeuvres de l'esprit..
    mais à ce tarif, tout individu qui fait fonctionner son cerveau une demi-minute pourrait prétendre à la protection de ses productions intellectuelles..
    C'est pourtant ce à quoi prétend aujourd'hui le droit français au-travers du CPI...
    c'est merveilleux cette autoglorification de l'esprit humain par lui-même
    mais c'est quand même le grand n'importe nawak
    alors faut pas s'étonner que ceux qui défendent le droit d'auteur à la lettre, ce soit justement les industriels, les majors, les grandes maisons d'édition etc..
    c'est quand même un sacré retournement de situation ne trouvez-vous pas ?
    Le grand bazar ?
    On a fait une bergerie pour les moutons, et deux siècles plus tard on y installe un troupeau de loups !!
    Ca ne m'étonne guère ... tous les grands principes humains de bien fondé on tous été dévoyé un moment donné ou l'autre. Et, on pourrait en citer tant en quantité que ce forum ne pourrait les contenir :twisted:

    Quoiqu'il en soit, je ne comprends toujours pas en quoi l'art doit être "régulé" différement...
    et, je ne dis pas cela pour te provoquer !
  • EBNH écrit:

    Quoiqu'il en soit, je ne comprends toujours pas en quoi l'art doit être "régulé" différement...

    Sur la distinction code source/art : je crois qu'il faut commencer par se débarrasser de l'idée que seul l'ego des artistes serait la source de cette volonté de distinction. Ne serait-ce que parce que la revendication, déjà ancienne, des informaticiens d'être considérés comme des artistes (ou du moins comme des auteurs) prouve que l'ego surdimentionné des uns vaut bien celui des autres...

    Pour moi, un code source ne peut en aucun cas être considéré comme une oeuvre à moins de considérer, dans le même mouvement de relativisme généralisé, que le loyer que paye un artiste pour son local est lui même une oeuvre d'art, de même que le fait d'aller acheter des pinceaux à Monoprix pour un peintre serait une oeuvre de l'esprit digne d'être muséifiée. Certes, l'art contemporain a usé et abusé du cliché selon lequel ce serait le processus qui importerait, plus que le résultat. Mais si on applique à la lettre ce précepte, alors tout est art : du coup, le mot "art" ou "oeuvre" ne discrimine plus rien, et il faudra muséifier absolument tout l'environnement matériel et intellectuel de chaque être humain dans les siècles à venir. En effet, donner le même statut à un code source qu'à un Manet ou à un titre de Massive Attack imposerait de muséifier AUSSI le travail de mon boulanger et de mon garagiste. Car au nom de quoi devrions nous considérer qu'un code source serait une oeuvre alors qu'un changement de pot catalytique ne serait qu'une activité trivialement manuelle ? Au nom de l'ego surdimentionné des artistes et des informaticiens ?

    Il faut donc conserver des distinctions. Lesquelles et selon quel principe ?

    Au nom du fait que la culture est ce qui transmet du sens historiquement à travers des objets reconnus par la culture comme appartenant au domaine de l'esprit, de la création, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui (à juste titre), pour les processus strictement techniques induisant la réponse uniforme d'un dispositif parfaitement prévisible.

    En effet, un code source ne se prète à aucune interprétation de la part d'un ordinateur : nulle dérive sémantique n'en sortira jamais pour mon PC, pas plus qu'un macintosh ne fait de l'humour en métaphorisant un programme en C++ De même, une Renault 18 n'interprète pas comme une insulte le fait de recevoir un pneu Good Year au lieu d'un Michelin français, et une baguette de pain ne se met pas à pleurer quand le boulanger utilise une farine issu d'un blé OGM.

    Bref, assez de confusion ! Tout ne se vaut pas : une oeuvre se définit par la capacité qu'a un sujet HUMAIN à l'interpréter et à lui donner un sens éventuellement différent de celui de son créateur. Le jour où on me prouvera qu'un ordinateur a une intelligence autonome et ne relève pas de la sphère technique, alors on pourra accepter que les codes sources soient traités comme des oeuvres, mais pas avant.

    Il y a paraît-il des cas extrèmes où les informaticiens se livrent à l'activité qui consiste à traiter leurs codes source comme de la poésie, durant des concours, avec mise en place d'une sphère critique... Que faire de ces cas ? Un code a une fonction que n'a pas un poème ni une ligne mélodique : faire fonctionner un dispositif technique au comportement parfaitement prévisible, et non servir de base à une poiesis communautaire. Dans le cas des concours de "poésie" du code, ce qui relève de l'activité artistique ce n'est pas seulement le code, mais aussi le dispositif mis en place autour du code. Car ce n'est plus la même fonction qui est attribuée au code : on pourrait même dire que ce n'est plus le même code qui est constitué comme objet d'interprétation par les informaticiens. Alors que dans le cas d'un Manet ou d'un MP3, c'est le même "objet" qui sert de support à l'interprétation pour le musicien, le peintre et le public. Il y a là, il me semble, une différence conceptuelle importante.

    En revanche, ce qui peut légitimement être considéré comme une oeuvre, c'est le résultat de l'action d'un code source sur l'écran d'un ordinateur, une fois qu'un sujet humain se met à interpréter le programme, qu'il s'agisse d'un multimédia ou d'un mp3. Et la question se pose alors de savoir si un tableau de chiffres sous excel pourrait être considéré par certains comme une oeuvre : je n'y verrais aucun inconvénient. Mais pas la programmation d'Excel par les gens de microsoft. J'espère en tout cas que le droit ne produira jamais une telle monstruosité !

    +A+
  • C'est marrant hein finalement
    nous sommes en 2005
    On en a vu passer des discours depuis des siècles.
    là j'écris un truc en ce moment sur l'art, à mon tour. Et j'ai beau cherché à droite à gauche, en sociologie, philosophie, psychanalyse, histoire de l'art, je n'y trouve rien qui, conceptuellement, puisse permettre d'appréhender de manière efficace (excusez du mot), ce que pourrait bien signifier ce mot "art" aujourd'hu.

    Un des trucs qui me frappe : les intellectuels (dont je suis, c'est pas un gros mot) se réfèrent généralement à titre de paradigme à la peinture, à la musique dite "classique" (globalement jusqu'à la musique contemporaine), à la littérature, et quasiment jamais à l'art populaire. Ou alors, s'ils le font, c'est pour l'en exclure du champ de ce qui devrait être pris au sérieux dans la création.
    Je ne sais si en tant que musicien je pratique un art "populaire". DE fait, il n'est pas si populaire que ça si j'en crois la taille du cercle de mes afficionados :)
    mais, pour discuter beaucoup de processi de création en ce moment avec pas mal d'artistes (surtout dans le folk ou l'expé), je ne vois pas vraiment de différences dans les approches et le sérieux et l'engagement vital et intime qui s'y joue là, avec les processi décrits chez les artistes reconnus et acceptés à titre de modèles par les intellectuels.


    Un autre truc qui me frappe (dont j'ai déjà parlé) : J'ai le sentiment qu'on n'a pas vraiment pris en compte le devenir du signifiant "art" ou "artiste". Et notamment ce qu'il est devenu dans le langage courant. Il est symptomatique qu'aujourd'hui touit le monde s'entende pour "défendre les artistes", mais que personne ne sache très bien ce qu'il entend par là. L'artiste est devenu une figure aussi banale que l'homosexuel : la marque de l'altérité par laquelle à mon avis ces figures étaient jusqu'à récemment disctinctes, s'anule dans un flot de discours. Et pourtant, on aura beau dire et niveller les différences, il ne me semble pas que ce soit si simple d'être artiste ou homosexuel.
    Que tous nous puissions l'être "artiste", je ne peux que m'en réjouir. N'empêche, le processus de création, dans ce qu'il met en jeu d'intime, de grâce, de souffrances, de rapport à l'Autre, ne me parait pas si "commun" que ça. Qu'on puisse tous devenir artiste, certes. Qu'on le devienne, ça reste tout de même une expérience unique et irréductible à toute autre expérience à mon avis..

    Enfin;.

    voilà quelques traces de mes prochaines élucubrations..
    (j'espère terminer ça en janvier :)

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