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Les licences libres comme un antidote au rêve américain

[si vous avez manqué l'épisode précédent...]

Je poursuis un peu par ici la discussion entamée par là, où on s'est retrouvés à parler un peu de création, des façons d'aborder ça... et de ce que les licences libres nous avait inspirés, à ce sujet.

[...]

And so @Ladee, oui, pour le rêve américain, en résumé, je dirais... assumer la création ex-nihilo, c'est ce qui permet de justifier qu'une personne mérite. Et le rêve américain, d'une certaine manière, c'est la réussite donnée à ceux qui la méritent.

Le rêve américain dit que toute personne qui a suffisamment... quoi... la "gniaque" (ou un truc comme ça) peut réussir. Macron nous en a fait une traduction française y'a pas longtemps : c'est même facile, suffit de traverser la rue. C'est une question de volonté personnelle. Tout dépend de notre capacité, à chacun seul, de faire notre vie, comme on l'entend.

Dans le rêve américain, la réussite ne dépend surtout pas des relations, de la famille, du milieu dans lequel on grandi ni des choses, d'une manière générale, qui nous inspirent et nous meuvent... Dans le rêve américain chaque personne, prise séparément, est en quelques sortes elle-même à l'origine de son existence... Et il faut croire en ça si on veut pouvoir dire qu'une personne mérite, si on veut pouvoir justifier qu'untel a réussi et pas l'autre. L'un parce qu'il a réussi à créer "ex-nihilo" les conditions de sa réussite, l'autre parce qu'il a juste pas eu assez de volonté.

C'est une manière de nier l'influence des classes sociales. Ainsi l'enfant né dans une famille aisée et qui réussi, ne réussi que parce qu'il le mérite, lui. Rien à voir avec le soutient de la famille, avec l'aide des connaissances, avec un milieu serein qui permet d'être disponible, etc. C'est une vision des choses assez pratique, parce qu'elle marche aussi dans l'autre sens. Un enfant né dans une famille modeste qui échoue, n'échoue que parce qu'il n'a pas su, lui, faire un truc suffisamment méritant. Et cerise sur le pompon, ça donne aussi espoir. Tout le monde peut vivre son rêve américain (et donc devenir riche). Suffit de s'y coller. Après ça se déplie derrière aussi sous forme de sentiments plus ou moins hostiles vis à vis des "assistés", des "profiteurs"... tous ces gens qui s'y collent décidément pas, tous ces fainéants... Mais aussi dans l'autre sens, avec des envolées admiratives de personnes tellement exceptionnelles, ces vrais créateurs (de richesse), ces bienfaiteurs de l'humanité, ces héros... enfin vous connaissez la musique ;)

Appliquer l'idée des licences libres là-dedans, ça revient à remettre en avant le fait que ce qui émerge ne vient jamais de nulle part via l'opération courageuse d'un individu isolé. Ce qui émerge vient d'abord de l'extérieur, puis a été appris, vécu, intégré... avant de ressortir sous une forme ou une autre. Les licences libres ne remettent pas vraiment en cause le mérite lui-même, mais son origine. Le rêve américain tient du moment qu'il arrive à placer cette origine sur l'individu. On peut voir les licence libres comme une sorte de hack dans la philosophie du self-made man.
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Réponses

  • Yes @dj3c1t, je comprends ce que tu veux dire :) par la liberté de diffusion en premier lieu, puis de créer des œuvres dérivées, au final c'est se placer au cœur d'un système vivant, qui évolue, c'est accepter que les choses nous échappent à un certain point et que, qui sait, peut-être la personne qui fera le remix deviendra plus "riche", plus "connue" que nous ? ;) de cette façon, de se sortir d'une idée finie de "je" -> "œuvre" -> "succès".
    Sans parler de la clause NC, qui, elle, suivant comment elle est employée, peut viser explicitement à séparer création/culture et succès économique !
    dj3c1t a dit :

    [si vous avez manqué l'épisode précédent...]
    Appliquer l'idée des licences libres là-dedans, ça revient à remettre en avant le fait que ce qui émerge ne vient jamais de nulle part via l'opération courageuse d'un individu isolé. Ce qui émerge vient d'abord de l'extérieur, puis a été appris, vécu, intégré... avant de ressortir sous une forme ou une autre. Les licences libres ne remettent pas vraiment en cause le mérite lui-même, mais son origine. Le rêve américain tient du moment qu'il arrive à placer cette origine sur l'individu. On peut voir les licence libres comme une sorte de hack dans la philosophie du self-made man.

    J'ai envie de nuancer ce que tu dis :mrgreen: je pense que, même si certaines licences se placent à 100% dans cette optique, comme la C Réaction:
    "Nous affirmons qu'une œuvre, de même qu'un être humain, même si il a des géniteurs, des accoucheurs, des formateurs... s'appartient de fait.
    Nous affirmons que la propriété intellectuelle est une aberration, de même qu'on ne peut décemment planter un drapeau sur la vie, on ne peut le faire sur son essence."

    bien, je pense que ce n'est pas le cas pour toutes. Que le concept de "Licence Libre" n'est pas en soi complètement incompatible avec l'idée de création ex-nihilo ;) pour une CC BY-NC-SA par exemple (j'ose pas dire une CC BY-NC-ND lol), ça me semble moins couler de source.
    Je pense que c'est une réflexion qui est souvent mêlée aux licences libres, mais qui n'y est pas inhérente. Ou peut-être que si, peut-être que c'est effectivement une réflexion qui a été complètement intimement mêlée à la création des licences libres, mais qui ne l'est pas forcément restée ensuite.
    Je peux très bien imaginer, en fait, un artiste qui se dirait: "j'ai créé cette musique moi-même, elle vient de moi, et en plus, grâce à cette licence, je peux même me passer d'une structure tierce (dépôt sous copyright) pour la diffuser sous mon nom !".
    Voire:
    "Avec une BY-NC-SA, les gens vont pouvoir faire connaître/diffuser ma musique, mais sans se faire de la thune dessus sur mon dos !" (pas incompatible avec "ma musique" = "ma musique de moi-même")
    Donc en gros, je suis pas certaine que toutes les licences libres remettent en question cette idée de "création ex-nihilo" :)
    Tu vois l'idée, on se comprend ?...

    Par contre je suis d'accord avec toi qu'une licence libre peut devenir un moyen de le revendiquer ! Mais ça peut être plus ou moins évident pour les auditeurs, je pense. Je pense que si c'est pas dit clairement, alors ça coule pas forcément de source.
  • Yes @Ladee , et ça m'arrive des fois de le dire clairement, comme plus haut ^^ mais c'est pas non plus mon intention, de le faire savoir. Pour moi, oui, j'aborde ça comme ça... Après y'a effectivement moultes approches des licences libres, c'est clair !

    Comme tu le montre, avec les exemples que tu as donnés, les licences libres sont un outil de gestion pratique. Tu peux fixer un certain nombre de conditions...

    Après, ce que je me dit, c'est que c'est plutôt le droit d'auteur qui donne le pouvoir de définir des conditions dans une licence. Disons, sans droit d'auteur, on pourrait définir toutes les conditions qu'on veut, elles seraient juste inapplicables. Donc oui, les licences sont des outils qui permettent de préciser des clauses pour gérer sa diffusion... à condition que le droit d'auteur donne du pouvoir à ces clauses.

    Vu sous cet angle en tout cas, ce qu'apportent les licences libres, c'est plutôt de pouvoir de façon légale "annuler" (plus ou moins...) le droit d'auteur. Mais plus ou moins, effectivement ;)
  • septembre 2019 modifié
    Intéressante discussion :)
    Comme vous le dites, les licences sont des outils. Cela veut aussi dire que certains outils sont plus neutre que d'autres. Un peintre qui peint avec un pinceau n'utilise pas un outil qui va fortement influencer son travail, pourquoi ? Car le pinceau est l'outil "traditionnel" du peintre. Par contre s'il peint au couteau, ou au... tabouret ? Là oui, l'outil va influencer non seulement le résultat, mais la lecture que fera le spectateur de la toile.
    Pour les licences c'est pareil. Les licences NC et ND sont plus neutre que la LAL ou la C Reaction. Ça ne veut pas dire qu'elles ne disent rien par elles-même, mais qu'elles correspondent à un usage plus généraliste. Il est donc difficile de déduire avec certitude les intentions de l'auteur qui place sa musique sous licence NC et ND.

    Historiquement les licences libres sont bien un outil visant a valoriser le "déjà là" (il me semble que Stallman en parle), la création pré-existante. Il faut bien se rappeler que les licences dites ouvertes sont venu bien plus tard, essentiellement car on ne partage pas la musique comme un logiciel, ou comme une peinture, ou comme un film. En effet les différences entre les médias et les médiums ont engendrées des "besoins" plus spécifiques que l'ouverture "à tout vent".
  • septembre 2019 modifié
    @DECAY

    *Je crois que la NC est assez explicite, au contraire. Pas d'utilisation commerciale (pas de détournement pour un objet, une marque un produit, une réutilisation marketing). Elle a même une connotation anti-marché/ anti-société de consommation / anti-capitalisme, si on veut pousser plus loin (il y'a eu des débats houleux ici, il y'a quelques années), on sentait tout de même une grande partie des libristes bien ancrés à gauche ou à la gauche ++ ,ou totalement anarchistes, mais rebelles dans l'âme, et je crois même que c'est ce côté "anti-tout/je m'affirme" qui a fait que le libre a eu un succès inespéré un certain temps (sans vouloir pousser plus loin).
    *La ND, je ne vois rien d'autre que : " Ne touche pas à mes travaux, ok ?" "écoute si tu veux, mais ne change rien", donc oui, on peut voir quelles sont les motivations qui poussent les auteurs/artistes à protéger leurs oeuvres avec ces deux licences. Protéger un travail de manière plus stricte "tu ne feras pas ce que tu veux avec l'oeuvre que je te fournis, mon truc est trop bien, tu ne vas pas me le foutre en l'air", il y'avait une certaine dose de suffisance dans cette démarche (en y posant un regard de quelqu'un utilisant la LAL ou une "by 2.0", "by 3.0","by 4.0"). La ND, n'est rien d'autre que la meilleure adaptation de la licence Sacem dans le monde du libre. Après avec la "ND / NC" ça complique un peu plus... "tu ne modifies surtout pas le support que tu es en train d'écouter, et t'y colles pas de marques, bordel !". ça n'a plus rien à voir avec une licence libre dans le sens "ouverte"
    Les comprendre, c'est autre chose. Et le choix important de licences dispo, laissent réellement beaucoup de liberté aux mêmes auteurs/artistes. ça, on ne peut le nier.

    Je peux me planter grandement, après tout, c'est humain.
    Et oui pour "Ce que tu crées, provient d'autre chose d'existant", pour résumer ce que tu dis @dj3c1t.
    Autrement dit : Expulser une oeuvre (ou une bouse), c'est une sorte de Remix de toutes nos influences, digérées, puis recrachées.

    Et oui, aussi pour ce qui est de se protéger en dehors des conventions @Ladee , ou d'une manière alternative.
    Pour en revenir à ce que je disais au sujet de la NC, c'est vrai pour toutes les licences libres, elles, ont une connotation et proviennent d'une démarche, anti-système(s), rien qu'à lire Stallman ou Torvalds, emprunts d'une démarche quasi-mystique pour les deux . Une longue période, le libre pour les libriste, c'était bien, c'était "LE BIEN". La Sacem, L'ASCAP, c'était le mal. (pas à moi d'en juger)
    en tout cas, je peux m'acheter quelques paquets de tabacs supplémentaires, en m'épargnant les frais de dossiers (ce qui n'est pas si mal) ... après en terme de diffusion, ni l'un, ni l'autre n'est avantageux, c'est la bourse de ton label et de ton (tes) producteur(s) qui seront primordiale(s), mais c'est carrément un autre débat.

    (je sais pas pourquoi je suis rentré dans la discussion, je n'ai pas des masses de légitimité, d'aisance, et de connaissances sur le sujet, simple utilisateur depuis 2005, mais je voulais laisser quelques avis et faire des phrases)


    *Antidote au rêve Américain
    sans doute pas la meilleure des façon d'y arriver (au rêve américain)... Les NIN, Amanda Palmer et d'autres sont passés par là, mais leur immense notoriété, leur ont permis de peut-être, en se glissant dans le mouvement, un joli coup de com' (j'en suis pas certain, mais ils sont de redoutables hommes et femmes d'affaires, alors ce n'était sans doute pas innocent).

    Mais l'anti rêve américain (dans le sens anti-héro), je veux bien y croire.

    Belle soirée à vous,
    Débat passionnant @dj3c1t

    (excusez-moi si ma tambouille n'est pas compréhensible, je deviens brouillon lorsque je développe)
  • [Il faut aussi que je vous relise correctement, j'y suis allé en diagonale, et c'est pas top pour rester fidèle à la discussion] mea culpa terminé
  • septembre 2019 modifié
    Je crois que comme beaucoup ici, vous avez dû voir ceci, ça me semble tomber sous le sens :
    il y'a un clin d'oeil à ta réflexion sur le processus de création et ce qui l'a inspiré, @dj3c1t
  • septembre 2019 modifié
    Le hors-sujet du siècle ! (ou presque)
    Désolé.
  • @kidjazz
    La NC n'est pas explicite, elle est sujette a interprétations. Suis-je un anti-capitaliste qui sort son oeuvre du marché ? Suis-je un gars qui veut juste diffuser son oeuvre plus facilement et qui la refermera dés qu'il sera un peu connu ? Tu ne peux pas savoir...

    Même chose avec la ND, elle peut vouloir dire : ne modifiez pas l'oeuvre, je l'ai pensé comme ça et c'est pas pour rien (ce qui renvoie à une notion d'intégrité artistique). Ou elle peut vouloir dire que je ne veux pas qu'elle se diffuse hors de mon contrôle via du sampling, des reprises, etc.
  • Hé merci @kidjazz pour ces mots et cette vidéo !

    m'a rappelé plein de trucs... pas hors sujet du tout. Enfin c'est bien à des idées comme celles racontées par Richard Stallman ou Albert Jacquard auxquelles je pensais, en parlant d'"antidote au rêve américain" ;)

    Pour reprendre les mots de Stallman, en parlant de la propriété intellectuelle: "il n'y a pas de telle chose". Pour Stallman la propriété intellectuelle est un "concept" qui désigne une chose qui n'existe pas. Et pour compléter un peu le tableau, dans l'histoire des licences libres, coté musique, on pourrait évoquer aussi Ram Samudrala, avec sa "Free Music Philosophy" :

    http://www.ram.org/ramblings/philosophy/fmp.html

    Samudrala, comme Stallman, réfute cette idée de propriété intellectuelle.

    Mais il ne suffit pas de réfuter l'idée de propriété intellectuelle pour la faire disparaître de la loi. Il y a le code de la propriété intellectuelle. Et historiquement les licences libres, en tout cas telles qu'imaginées par Stallman ou Samudrala, sont une réponse à cette aberration.

    Alors après, beaucoup de choses qui ont été pensées comme "un outil de lutte contre" finissent par se trouver, d'une manière ou d'une autre, des propriétés de mise en valeur de ce contre quoi elles sont cencé lutter. Le bio comme outil de mise en valeur d'une industrie pas forcément moins destructrice. Les licences libres comme outil de mise en valeur de la propriété intellectuelle...

    Je pense qu'un point crucial dans l'affaire, c'est de se demander finalement ce qu'on entend par "libre" dans licence libre. Stallman et Samudrala parlent de liberté de l'utilisateur. La confusion, en tout cas telle je la vois dans la musique, c'est de parler de liberté du musicien. Le truc c'est qu'effectivement, les licences libres en musique permettent aux zicos de se "libérer" de la SACEM (enfin comme tu le dit kidjazz, fut un temps où c'était pas mal l'idée, avec la SACEM vue comme le MAL, etc), et d'une manière générale, de gagner une sorte d'indépendance. On parle de gestion individuelle de droit d'auteur. Mais ces libertés-là sont celle de l'ayant droit. Les licences libres de Stallman et de Samudrala s'attachent aux libertés des utilisateurs, ce qui n'a rien à voir.

    Et c'est cette liberté-là qui, remetant en cause la propriété intellectuelle, remet en cause dans la foulé l'un des pilier du rêve américain.
  • septembre 2019 modifié
    Sur la propriété intellectuelle, c'est un point sur lequel je suis en total désaccord avec Stallman, car comme tu le dis c'est pas parce qu'un concept n'existe pas qu'on n'a pas le droit de le nommer et d'en parler. Ou c'est pas parce qu'on réfute une idée qu'elle disparaît comme par magie.

    Après quand tu dis que la liberté de l'utilisateur remet en cause la propriété intellectuel des ayant-droits, je ne vois pas du tout de quoi tu parles.
    Si l'auteur ou les ayants-droits décident de placer une oeuvre sous licence libre ou ouverte, alors les liberté de l'utilisateurs ne contredisent pas l'application de la propriété intellectuel. Si l'oeuvre est copyrighté, même chose, sauf si l'utilisateur viol les volonté des auteurs/ayants-droits.
    Bref, je ne comprend pas ce point là...
  • DECAY a dit :

    @kidjazz
    La NC n'est pas explicite, elle est sujette a interprétations. Suis-je un anti-capitaliste qui sort son oeuvre du marché ? Suis-je un gars qui veut juste diffuser son oeuvre plus facilement et qui la refermera dés qu'il sera un peu connu ? Tu ne peux pas savoir...

    Même chose avec la ND, elle peut vouloir dire : ne modifiez pas l'oeuvre, je l'ai pensé comme ça et c'est pas pour rien (ce qui renvoie à une notion d'intégrité artistique). Ou elle peut vouloir dire que je ne veux pas qu'elle se diffuse hors de mon contrôle via du sampling, des reprises, etc.

    Ce que j'avance n'est évidemment pas objectif,
    mais je maintiens mon point de vue, pour avoir perçu des comportements en lien avec mes propos (communication et comportements d'artistes). Pour les licences libres en général, il y'a une volonté de se démarquer ( rapport à ce que disait @Ladee ), peut-être moins actuellement, mais entrer dans le libre partait d'une volonté de faire "sans et contre" tout ce qui avait été pensé et mis en place pour la protection de la musique dès ses débuts, et de la manière de promouvoir la musique, artisanalement. (on a tous mis ce point en avant, dès le début du fil de discussion).

    @dj3c1t , ce que démontre Jacquard, justement et facilement : "tenter de parler et d'expliquer quelque chose qui n'existe pas". Mais n'importe quel créateur en posant une licence sur ce qui a été une ou des idées, la verrouille ou la protège, en étant sûr qu'il est l'absolu propriétaire de ce qu'il a produit. Donc, aussi bien Stallman (peut-être pas dans cet extrait vidéo) que Jacquard ont raison. On ne peut pas dire qu'une idée nous appartienne totalement, pourtant tout le monde dépose des brevets et des licences, pour protéger "des idées" qui ont été nourries par autre chose (d'où les nombreux procès et litiges en rapport avec "des ressemblances" ou des "vols" d'idées).

    Et pourtant, des tonnes de morceaux de musique, utilisent les mêmes structures d'accords, parfois les même mélodies, sans qu'aucun des auteurs ne soit inquiété ou n'ait à faire à la justice. (une bonne dose de chance, là-dedans).


    Pour en revenir à l'antidote au "rêve Américain" (j'aurais quasiment tendance à considérer ce "rêve" comme une maladie, vu là où nous ont menés nos modes de vie à l'américaine).
    Par rapport à ce que j'ai avancé (anti-tout, contre-système, anticapitaliste)
    Il y' a une démarche très saine au départ, ce que Stallman appelle le partage, c'était
    l'idée de proposer gracieusement ou non, ses créations de sorte à ce qu'elles aient une issue virale, ce qu n'était pas imaginable pour les moyens de protection classiques au début d'internet, (les Majors ne proposaient que des previews d'albums ou des titres en ligne) ça a même très bien fonctionné. Mais aussi des ambitions , toutes autant saines : proposer à qui veut de transformer une oeuvre, de l'offrir, de la modifier encore et encore. La notion de gratuité, que percevait le grand public, a mis un sale coup à la philosophie du libre, si bien qu'on a eu à faire à ces fameux sites, qui non seulement ne rémunéraient pas les artistes, mais avec ça, de les débouter de leurs droits en proposant du "libre de droit" par camions pleins. Alors antidote, vraiment pas sûr. Il y'a 10 ans de cela, sans doute que oui.

    Aujourd'hui, il ne reste quasiment que des cendres de la totalité du mouvement et des utilisateurs du libre.
    Mais j'aime à penser que de protéger mes "oeuvres" sous LAL ou CC by 4.0, reste une démarche louable.
  • Oui @DECAY, faut pas chercher trop loin non plus :) Dans ma tête en tout cas c'est assez simple (probablement même un peu simpliste...), mais voilà : le mécanisme de la propriété intellectuelle consiste à interdire à priori toute utilisation, sans l'accord de celui considéré comme l'auteur. je dit bien à priori parce que le régime de la propriété intellectuel permet bien entendu des utilisations, mais qui sont régies par cette interdiction. La propriété intellectuelle place l'auteur comme point de passage obligé pour une autorisation d'utilisation (ce qui donne à l'auteur le pouvoir de fixer des conditions).

    A partir de là, toute démarche qui consiste à lever à priori ces interdictions (ou une partie d'entre elles) annule (ou affaibli) la propriété intellectuelle. C'est pour ça que je dis que les licences libres, vues comme des libertés données aux utilisateurs, sont une remise en cause de la propriété intellectuelle.

    Après c'est clair que les gens utilisent les licences libres pour moultes raisons ^^ mais par construction (une licence libre donne des autorisations, à tout le monde), publier une oeuvre avec une licence libre c'est, de fait, renoncer, au moins en partie, à la propriété intellectuelle.
  • septembre 2019 modifié
    Après @kidjazz, oui, pour ce qui est d'en faire ensuite un antidote à quoi que ce soit, c'est clair c'est une autre histoire. Mais disons je me pose la question... Le truc que je me dit, et que j'ai développé un peu plus haut, donc, c'est que dans l'idée en tout cas, y'a le potentiel.

    ... enfin en tout cas dans cette approche des licences libres qui est motivée par ce sentiment qu'il y a quelque chose d'aberrant dans l'idée même de propriété intellectuelle.

    Mais après, pour ce qui est de savoir si ce potentiel fera vibrer le cœur de suffisamment de personnes (si on peut dire ça comme ça)... là j'en ai aucune idée ^^
  • Oui alors c'est pas pasque aujourd'hui propriété intellectuelle = tous droits réservés, que ça doit être le cas jusqu'à la fin des temps...

    Le code de la propriété intellectuelle, ça parle de qui a le droit de faire quoi avec les productions artistiques et résumé en une phrase ça donne : l'auteur a tous les droits et ce de manière exclusif. Ce qui revient à dire que ce qui est fait avec la propriété intellectuelle (en usant de cette exclusivité) est 100% de la responsabilité de l'auteur.
    Perso, je ne vois pas ce qu'il y a d'aberrant à tenir les gens pour responsable de ce qu'ils font.
  • septembre 2019 modifié
    kidjazz a dit :

    tout le monde dépose des brevets et des licences, pour protéger "des idées"

    Je ne suis pas d'accord avec cela.

    Tu ne peux pas comparer les brevets et la propriété intellectuelle comme cela.
    Les brevets ne protègent pas une idée mais la façon de la réaliser. Tu ne peux pas déposer une idée. Et pour qu'un dispositif puisse être déposé il doit remplir certaines conditions, une nouvelle solution à un problème technique, impliquer une activité inventive ou être susceptible d’application industrielle...

    La propriété intellectuelle établit le lien entre un auteur, une œuvre et en détermine les possibilités d'exploitations exclusives.

    Et autre chose,
    Les anarchistes sont loin d'être tous de gauche, entre les anarchistes collectivistes et les individualistes, tu en trouveras toujours pour taper sur les partis/syndicats de gauche, de droite ou d'ailleurs. C'est un mouvement plus transversal qu'il n'y paraît.
  • septembre 2019 modifié
    dj3c1t a dit :


    Après c'est clair que les gens utilisent les licences libres pour moultes raisons ^^ mais par construction (une licence libre donne des autorisations, à tout le monde), publier une oeuvre avec une licence libre c'est, de fait, renoncer, au moins en partie, à la propriété intellectuelle.

    Non plus ! :)
    Publier sous licence libre c'est accorder des droits aux publics, pas renoncer à ses droits. D'ailleurs, un auteur ne peut pas renoncer à tous ses droits (droit moral, incessible, perpétuel, inaliénable...).
    Un auteur ne renonce pas à son droit d'exploiter son œuvre quand il publie sous licence libre, il ne renonce pas à modifier son œuvre quand il publie sous licence libre... etc...

    La seule chose à laquelle nous pouvons éventuellement penser est l'exclusivité de l'exploitation de son œuvre. Et encore, le placement de l'œuvre sur un autre support permet de définir d'autres licences attachées aux œuvres.

    Un auteur ne peut pas "renoncer à la propriété intellectuelle", et c'est pour cela que les licences sont légales, elles s'inscrivent dans la droite ligne du droit d'auteur et de la propriété intellectuelle qui donnent à l'auteur un pouvoir sur les exploitations possibles de son œuvre.
  • septembre 2019 modifié
    ... oui, oui @aisyk. encore une fois, du point de vue de l'auteur, oui, tu as raison. mais j'ai raison (aussi) si tu considère les choses du point de vue de l'utilisateur. Ou c'est peut-être que j'utilise pas les bons mots...

    Comment dire... "Normalement", si je veux pouvoir écouter de façon légale un morceau (un morceau dont je ne suis pas l'auteur), c'est parce que y'a quelqu'un à un moment qui a obtenu l'autorisation de l'auteur pour que ce soit possible. Juste pour que je puisse (légalement) l'écouter.

    Et c'est là qu'on peut effectivement mettre en avant le fait d'accorder des droits.

    Mais je me dis... ce qui rend possible le fait que l'auteur puisse accorder des droits, c'est le droit d'auteur qui dit que à priori toute utilisation est interdite... toute utilisation pour une autre personne que l'auteur, bien entendu. Et ces autres personnes que l'auteur, ce sont ces utilisateurs dont je cause.

    Et du point de vue de ces utilisateurs, le droit d'auteur (ou la propriété intellectuelle) est une interdiction à priori d'utilisation (pour tout le monde), qui oblige (ensuite) à passer par l'auteur pour obtenir son accord. Disons pour résumer : du point de vue de l'utilisateur, le droit d'auteur est une interdiction, interdiction qui donne le pouvoir, du point de vue de celui qui a été désigné comme l'auteur, d'accorder des droits...

    Quelles autorisations pourraient donner un "auteur" si le droit d'auteur ne décrétait pas cette interdiction ? ça n'aurait aucun sens. Autoriser une chose que rien à priori n'interdit. vous voyez ?

    And so. Mettons maintenant je tombe sur un morceau publié avec une licence libre. En tant qu'"utilisateur", je sais que cette partie-là de la propriété intellectuelle (pour ce morceau) qui "normalement" m'interdit à priori de juste pouvoir l'écouter, cette partie-là a été annulée, à priori et pour tout le monde avec cette licence libre.

    Enfin c'est dans cette idée en tout cas, que je me dis que, du point de vue de l'utilisateur, une licence libre constitue un affaiblissement de la propriété intellectuelle.

    Après, @DECAY, oui, il y a des choses à dire sur la responsabilité ! mais dans un autre post ^^ je repasse plus tard...
  • septembre 2019 modifié
    Alors je continu :p
    C'est pas écrit sous la forme d'une interdiction. L'auteur a la propriété exclusive. Par effet d'inversion ça veut dire que personne n'a rien le droit de faire avec l'oeuvre. Reste que le droit d'auteur (le code de la propriété intellectuelle) définie les choses de manière positive justement car il se place du point de vue de l'auteur.

    La licence n'affaiblie rien : c'est un contrat entre l'auteur et l'auditeur. À moins que tu ne trouves que ce/ces contrat(s) soient en défaveur de l'auteur bien sur...
  • septembre 2019 modifié
    Oui, c'est à ça que sert l'exclusivité ;) faire en sorte que personne d'autre n'ait le droit de faire quoi que ce soit avec.

    Après sur le terme de "contrat", je sais pas... mais y'a peut-être moyen de prendre le truc par ce bout là...

    le fait d'interdire, à priori et pour tout le monde, donne du pouvoir à l'auteur. Le pouvoir de faire des contrats d'utilisation. Sans ce pouvoir, appuyé sur cette interdiction, ça n'aurait aucun sens de faire des contrats sur des utilisations qui ne seraient à priori pas interdites (bon là je commence à me répéter, mais ce point-là est vraiment important pour moi).

    Après je dirais "en temps normal" les contrats sont établis entre l'auteur (ou son représentant) et une personne (ou une société) bien définie. Si on prend le droit d'écouter par exemple, ça veut dire que chaque contrat va stipuler que telle personne (ou société) a le droit de l'écouter (ou de le faire écouter). Mais ces personnes seulement. Ce qui en laisse beaucoup d'autres qui sont toujours soumises, elles, à cette interdiction. Alors on peut dire si tu veux qu'une licence libre est un contrat dans le sens où, comme dans un contrat, elle donne des autorisations. Mais pour l'autorisation d'écouter en tout cas, elle la donne à tout le monde. Et ça fait quand même une sacré différence. Parce que dans ce cas, pour le coup, y'a plus personne (au monde) qui ne soit encore soumis à cette interdiction, à priori, d'écouter.

    Accorder des droits à une personne, ça laisse le pouvoir d'accorder ces mêmes droits à d'autres.
    Accorder des droits à tout le monde, c'est renoncer à pouvoir accorder à nouveau ces droits-là.

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