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De la démocratisation de la production artistique
Bonjour à tous,
J'ai vu passer l'idée dans un des récents débats sur MLo : en l'espace d'une génération, le nombre d'auteurs d'œuvres (en particulier d'œuvres artistiques) aurait triplé. Il y avait une référence de donnée, sans grandes précisions, aussi ne l'ai-je pas retenue.
[aparté]
À côté de ça, je lis le numéro d'avril 2006 de Sciences Humaines (première fois que je lis ce magazine, c'est pas mal), avec un dossier intitulé « Qui a peur de la culture de masse ? »... dossier très intéressant, mais qui d'un bout à l'autre ne pose jamais la question de la production culturelle. On y parle beaucoup des médias (dont on fini par se demander QUI ils sont), et des diverses « médiacultures » qui résultent de l'appropriation (avec un certain nombre de ruses, de détournements) des messages culturels qu'ils véhiculent. On parle donc de réception (fort bien), mais pas de production.
[/apparté]
Si on pense maintenant aux évolutions de la société française au cours des trente ou quarante dernières années, avec :
– une généralisation de l'enseignement secondaire et supérieur,
– une exposition de tous à un nombre très important et relativement varié d'œuvres, via les médias et le marché des produits culturels,
– l'ascension récente des médias participatifs et/ou de l'auto-publication (le plus souvent de texte, messages, commentaires…), avec Internet ;
Si on prend en compte tout cela donc, et même sans mettre Internet dans la balance, on se dit que, forcément, le nombre de personnes voulant créer une œuvre culturelle ou se sentant capable de le faire a dû augmenter de manière significative par rapport, disons aux années 1950-1960.
Finalement, on peut poser la question : demain, tous artistes ?
Elle ne date pas d'hier, et je suppose (et d'autres sont plus renseignés que moi sur le sujet) qu'un certain nombre d'acteurs depuis un bon siècle ont du théoriser sur cette question.
Beaucoup de personnes ayant une situation institutionnelle (sociologues, journalistes, artistes établis, commentateurs divers mais néanmoins médiatiques) bottent régulièrement en touche, avec les arguments suivant :
– Tout le monde ne peut pas avoir du talent. Cf le mythe romantique de l'artiste divin/divinement inspiré. Il y a l'artiste, et les autres. On ne peut pas donner de définition du "talent" ? Qu'à cela ne tienne…
– Ça demande du travail / un investissement / une certaine compétence. Tiens, on croyait que c'était le talent qui comptait ? Ah mais oui, le talent c'est aussi le travail / l'investissement / la compétence. En tout cas, on oublie un peu facilement qu'à l'heure actuelle ils sont très nombreux ceux qui ont une compétence. Presque chaque personne que je connais à un "regard artistique" personnel, et une compétence "technique" qui pourrait lui servir de support.
– La société ne peut pas faire vivre une population entière d'artistes. Sans doute… on voit donc affleurer la question de la rémunération, et plus largement du statut social de l'artiste. Forcément, si tout un chacun devient artiste, c'est à dire producteur d'œuvre artistique (au sens large), il est peu probable que nous en fassions tous une activité rémunératrice.
Bon, mon argumentation ne va nulle part, mais c'est sans doute parce que je n'ai pas de raisonnement à démontrer. Je cherche surtout des éléments de réflexion, avis, références bibliographiques pourquoi pas (en ligne ou non), etc.
Ça m'intéresse profondément. Merci d'avance !
J'ai vu passer l'idée dans un des récents débats sur MLo : en l'espace d'une génération, le nombre d'auteurs d'œuvres (en particulier d'œuvres artistiques) aurait triplé. Il y avait une référence de donnée, sans grandes précisions, aussi ne l'ai-je pas retenue.
[aparté]
À côté de ça, je lis le numéro d'avril 2006 de Sciences Humaines (première fois que je lis ce magazine, c'est pas mal), avec un dossier intitulé « Qui a peur de la culture de masse ? »... dossier très intéressant, mais qui d'un bout à l'autre ne pose jamais la question de la production culturelle. On y parle beaucoup des médias (dont on fini par se demander QUI ils sont), et des diverses « médiacultures » qui résultent de l'appropriation (avec un certain nombre de ruses, de détournements) des messages culturels qu'ils véhiculent. On parle donc de réception (fort bien), mais pas de production.
[/apparté]
Si on pense maintenant aux évolutions de la société française au cours des trente ou quarante dernières années, avec :
– une généralisation de l'enseignement secondaire et supérieur,
– une exposition de tous à un nombre très important et relativement varié d'œuvres, via les médias et le marché des produits culturels,
– l'ascension récente des médias participatifs et/ou de l'auto-publication (le plus souvent de texte, messages, commentaires…), avec Internet ;
Si on prend en compte tout cela donc, et même sans mettre Internet dans la balance, on se dit que, forcément, le nombre de personnes voulant créer une œuvre culturelle ou se sentant capable de le faire a dû augmenter de manière significative par rapport, disons aux années 1950-1960.
Finalement, on peut poser la question : demain, tous artistes ?
Elle ne date pas d'hier, et je suppose (et d'autres sont plus renseignés que moi sur le sujet) qu'un certain nombre d'acteurs depuis un bon siècle ont du théoriser sur cette question.
Beaucoup de personnes ayant une situation institutionnelle (sociologues, journalistes, artistes établis, commentateurs divers mais néanmoins médiatiques) bottent régulièrement en touche, avec les arguments suivant :
– Tout le monde ne peut pas avoir du talent. Cf le mythe romantique de l'artiste divin/divinement inspiré. Il y a l'artiste, et les autres. On ne peut pas donner de définition du "talent" ? Qu'à cela ne tienne…
– Ça demande du travail / un investissement / une certaine compétence. Tiens, on croyait que c'était le talent qui comptait ? Ah mais oui, le talent c'est aussi le travail / l'investissement / la compétence. En tout cas, on oublie un peu facilement qu'à l'heure actuelle ils sont très nombreux ceux qui ont une compétence. Presque chaque personne que je connais à un "regard artistique" personnel, et une compétence "technique" qui pourrait lui servir de support.
– La société ne peut pas faire vivre une population entière d'artistes. Sans doute… on voit donc affleurer la question de la rémunération, et plus largement du statut social de l'artiste. Forcément, si tout un chacun devient artiste, c'est à dire producteur d'œuvre artistique (au sens large), il est peu probable que nous en fassions tous une activité rémunératrice.
Bon, mon argumentation ne va nulle part, mais c'est sans doute parce que je n'ai pas de raisonnement à démontrer. Je cherche surtout des éléments de réflexion, avis, références bibliographiques pourquoi pas (en ligne ou non), etc.
Ça m'intéresse profondément. Merci d'avance !
Réponses
Je te conseille aussi la lecture de l'ouvrage d'un autre sociologue : Menger P.-M., Portrait de l’artiste en travailleur. M´etamorphoses du
capitalisme, Seuil 2003
texte qui pâtit comme souvent de n'envisager la création artistique que du point de vue des artistes professionnels ou reconnus par le marché ou l'institution, et du coup laisse de côté tout un pan de la création.
On en revient d'ailleurs à ta question initiale :
comment évaluer la vitalité de la création artistique ?*
c'est quasi-impossible. On peut évaluer les résultats du marché, l'instituion peut rendre compte de ses préférences (des artistes qu'elle soutient)
pour le reste (une large majorité), on ne sait rien.
La plupart des études ne tiennent compte que des artistes visibles selon les critères de visibilité traditionnels (marché + institution). Nous y sommes donc évidemment ratés.
Le parti pris de ne reconnâitre comme artiste que ceux qui répondent aux critères de la profession ou de l'institution se comoprend aisément si on considère que reconnaître l'existence d'une pratique alternative (non mercantile, non subventionnée) serait mettre en danger le système traditionnel. (beaucup de professionnels risqueraient de perdr leur emploi à plus ou moins long terme, pusique leur emploi dépend justement de la création d'une rareté articificielle, d'une prétendue expertise : moi Pascal Nègre, je sais dénicher les talent smieux que quiconque etc..)
bref
il faudrait voir chez nathalie heinlich d'abord à mon avis
http://www.amazon.fr/exec/obidos/search-handle-url/index=books-fr&field-author=Heinich, Nathalie/403-8590340-9206809
notamment sur l'opposition usages/pratiques ; que l'hyperindustrie culturelle tend à uniformiser les consciences, sensibilités et symboliques, pour imposer des usages de consommation, rentables pour elle, mais addictifs, frustrant, et épuisant en fin de compte le moteur qu'est le désir. moteur de consommation mais pas seulement. attitude donc suicidaire et beaucoup plus largement destructrice. à opposer donc aux pratiques par lesquelles chacun peut s'approprier, s'élever, et aussi créer, participer à la création.
je résume à beaucoup trop gros traits, et quelques accents probablement mal posés.
par rapport à ton axe de recherche, il y a surtout :
B. Stiegler : De la misère symbolique - 2. La catastrophè du sensible
Paris, Galilée, 2005. dans toute bonne librairie ;^P
abordant plus le versant qui tire mon commentaire ci-dessus hors du coeur de ton sujet, il y a :Mécréance et discrédit - 1. La décadence des démocraties industrielles
Paris, Galilée, 2004. mêmes bons dealers ;^D
cf. le site http://arsindustrialis.org aussi.
Philippe Aigrain aborde aussi tout cela dans son Cause commune, l'information entre bien commun et propriété : http://causecommune.org/
EDIT : le message ci-dessus veut dire merci, mais en route j'avais oublié d'être plus précis.
eh oui, c'est très précisément ça :
les études, c'est chiant. l'étude, c'est passionnant
je confirme
Ainsi, le nombre d'auteur aurait triple en l'espace d'une generation.
C'est possible mais ...
Est ce aujourd'hui qu'il y en a 3 fois plus ou hier qu'il y en avais 3 fois moins ?
Je veux dire par la que les chiffres fournis par "hier" ne tiennent certainement pas compte des auteurs qui sont restes dans l'ombre, et dont on n'a jamais entendu parler.
Par exemple, on pourrait tout autant affirmer qu'en un siecle, le nombre d'automobilistes et de gens qui se deplacent a ete multiplie, tout simplement parce qu'il y a un siecle, personne n'avait de voiture.
Alors forcement ...
Bien sur, aujourd'hui, comme on peut plus facilement produire un disque avec des couts beaucoup moins important qu'hier, il est evident que le nombre d'auteurs "officiels" augmente.
Mais si ca se trouve, la multiplication par 3 n'est peut etre que le reflet d'un appauvrissement de la creation, allez savoir. Si ca se trouve, le chiffre multiplicateur
devrait etre de 10, de 100 ou de 1000.
Bon, faut voir ce qui est entendu par "une generation", je n'en ai pas vu passer des masses à vrai dire mais, il y a 10 ou 20 ans, ils etaient beaucoup moins a autoproduire tout simplement parce que la plupart n'en avaient pas les moyens.
Un petit retour dans le temps avec les capacites techniques d'aujourdhui et on s'apercevra peut etre que le nombre d'auteur etait le meme.
En ce qui me concerne, je ne pense pas qu'il y ait de grandes differences, mais cela n'engage que moi.
pour le chiffre donné par Nathalie Heinlich lors d'une conférence, c'était probablement pour la génération des années 90 (comparée à la précédente)
je n'ai pas ses livres sous la main( ils sont chez ma chérie à brussels) et donc je ne peux pas vérifier les sources auxquelles elle se réfère
faudrait que je lui maile
mais il faut préciser une chose : N. Heinlich a travaillé principalement sur les artistes de "l'art contemporain." ET là quels sont les signes de visibilité d'un artiste contemporain ? mon dieu ça nous emmèrait très loin de répondre à cette question. Disons simplement que les voies de l'art contemporain sont autrement plus escarpées que celles de la musique, et aussi beaucoup plus institutionnalisées. Cela dit la comparaison entre les mondes de l'art contemporain et ceux de la musique est très intéressante à faire (et c'est un des aspects que j'essaierai de traiter dans un texte prochain)
sinon
il y a des tas de facteurs qui peuvent expliquer l'explosion des pratiques musicales créatrices ces dernières années : comme tu le rappeles, la diminution extraordinaire du coût des équipements nécessaires à un enregistrement de qualité. Quand je jouais dans un groupe dans les années 80 (A Very Sad Experiment), on enregistrait sur K7 1 piste avec un magnéto posé sur le bord de la scène. Terrrible. On a quand même "publié" 3 K7 tirées à une dizaine d'exemplaires
on n'avait pas les moyens de faire mieux.
La seule solution à cete époque pour dépasser le stade de la démo pourrave, c'était :
1° trouver des tunes à droite ou à gauche (en travaillant par exemple)
2° faire des concerts
3° se mettre bien avec les milieux branchés, les assos qui s'occupaient des musiques actuelles (c'éatit en plein dans les années Jack Lang, donc y'avait pas mal de subventions à récupérer, et on était dans un ville assez favorable à ces expressions là)
Bref, c'était la croix et la bannière pour sortir un vinyl, mais certains y arrivaient.
La vérité c'est qu'il fallait surtout avoir des bons amis, ou toucher un héritage ou traficoter du shit.
ça facilitait les choses.
Aujourd'hui, les données sont radicalement différentes. Même en galère de tunes on peut se démmerder pour trouver un pote avec un home studio, ou si on bosse un peu, faire son propre home studio.
Bref.. Il y a une accessibilité des moyens de production incomparable avec les années antérieures.
Mais ce n'est pas le seul facteur expliquant cette explosion créatrice :
je ne suis pas sociologue, mais je crois que de nombreuses modifications sociales ont permis paradoxalement ce phénomène. je me demande parfois si la crise de l'emploi survenue au début des années 90 (dans les années 80 globalement, on ne connaissait pas encoire le chomage de masse) n'a pas permis de libérer un temps libre mis à profit par des personnes qui étaient à l'état latent des créateurs. C'est une hypothèse...
Autre hypothèse : la crise de l'autorité a joué en faveur à mon avis de la libération des potentiels créatifs : c'est-à-dire qu'on s'autorise plus facilement à créer, dès lors qu'on attend plus l'autorisation du grand Autre (pour parler comme Lacan), ou des institutions, ou de je ne sais qui. dans une perspective esthétique, l'émergence de courants musicaux qui ne supposent la maitrise d'un instrument, voire la virtuosité, a aussi favorisé l'éclosion de nouveaux artistes :
les musiques electroniques remplacent la maitrise de l'instrument par des compétences technologiques, on n'est plus obligé de jouer d'un instrument. ça facilite les choses
dans le courant dans lequel je m'inscris, le courant disons lo-fi, des gens comme Pavment, Cat power, Smog, etc.. ont prouvé qu'avec des moyens extrêmement limité, techniquement, musicalement, on pouvait faire des choses remarquables. Je me souveins toujours de la réflexion qu'avait faite un guitariste qui jouait avec moi à la fin des années 90 en écoutant un des premiers disques de Smog : "mais on a le droit de sortir un disque comme ça ?'" il voualit dire : avec un son aussi pourri, plein de fausses notes etc..
je crois que des gens comme ça, ou pour le rock, des groupes comme Sonic YOuth, etc;. ont permis de décomplexer en quelques sorte les musiciens et les auteurs. En tous cas c'est grâce à des gens comme ça que je me suis dit : ben tiens, pourquoi pas moi ?
(le phénomène joue aussi dans l'art contemporain à mon avis)
Il y a enfin et surtout, et cela va avec le reste, une modification profonde du statut de l'artiste dans nos sociétés occidentales et notamment en Rance : l'artiste n'est plus cet autre, cet être étrange, subversif, etc.. il est notre voisin de pailier, on peut soi-même être artiste, et aujourd'hui l'artiste est vénéré par les institutions, par le marché, et tout et n'importe qui devient artiste : exemple : les discours des Majors qui n'hésitent pas à présenter les tâcherons de la satr ac comme des artistes. Du coup, ça permet de rendre familier ce qui autrefois pouvait paraître étranger : mais aussi, paradoxalement, ça permet aussi de désamorcer toute subversion. Je pense par exemple au gars Costes qui devient cette année une pêtite star avec son bouquin, tout à fait happé bouffé par le système, comme nous tous d'ailleurs. C'est le pouvoir dévorant de la culture, mais c'est une autre histoire.
Bon.. la liste n'est évidemment pas exhaustive.. je n'ai pas parlé d'internet , de la mondialisation etc..
Ce qui me parait évident aussi dans ce contexte, c'est qu'on assiste actuellement à un retour de bâton très fort contre la démocratisation des pratiques artistiques, de la part des professionnels, des personnes qui bénéficient de privilèges, d'exception. C'est un réflexe de castes du point de vue institutionnel, un réflexe économique du point de vue du marché, mais ça se rejoint très bien au final. Je pressens les ébauches d'une guerre sans merci contre les dits amateurs.. On aura peut-être malheureusement l'occasion d'en reparler...
Je ne sais pas si on est plus facilement artiste quand on est instruit et cultivé, et je sais bien que l'on peut être instruit et cultivé sans faire d'études supérieures, et qu'on peut être artiste sans être particulièrement instruit et cultivé, et… ouais enfin bref je pense quand même que la démocratisation de l'enseignement secondaire et supérieur joue un rôle loins d'être négligeable.
Je parle là de la production d'œuvres culturelles et général, pas forcément de musique.
Pour cette fameuse "démocratisation", je n'ai pas les chiffres sous la main, mais il me semble qu'entre les années 60 et les années 90 c'est assez flagrant.
D'ailleurs, j'ai bien l'impression que cette etude montre surtout qu'il y a eu multiplication de "facteurs" plus que multiplication d'autres choses finalement.
Alors, tu dois sans doute avoir raison (sur le dernier point soulevé en bas de ton message), ou alors je ne sais pas, car je commence à voir par ci par la des reflexions du style "trop de creations tue la creation".
Allons bon, voila maintenant cette fameuse creation qui se retrouve à nouveau en danger de mort. ...
Ah la la, la Creation !!!
Censee etre occise suite a la vague Internet, la voila qui bouge encore et qu'il faut encore recommencer à l'assassiner à coups de triplement d'auteurs ...
Hmm, voilà qui est intéressant.
Cette petite phrase est construite sur le modèle du « trop d'information tue l'information », qui part du constat que pour un individu donné, la capacité d'attention et le temps disponible pour assimiler des informations sont limités. Et que donc, le meilleur moyen de cacher une information importante est de la dissimuler au milieu d'autres informations triviales, dans un environnement saturé d'informations.
Ou encore, que pour un individu ayant porté son attention sur une information donnée, une avalanche d'informations relatives met en danger cette attention portée.
Maintenant, est-ce transposable à la création artistique ?
Personnellement, j'en doute.
Si le but poursuivi est de garantir à chaque œuvre une diffusion importante (plusieurs centaines voire plusieurs milliers ou millions de récepteurs), effectivement cela pose problème : il y a trop de créateurs pour le public disponible. La demande, en quelque sorte, n'est pas assez forte pour contenir une offre torentielle.
Parce que, dans la société de l'information dématérialisée et ADSLisée, la seule contrainte qui tienne encore la route est la contrainte de temps : le temps de la production, mais aussi le temps d'attention disponible. Le public ne s'est pas multiplié par trois en une génération.
Maitenant, si le but poursuivi est que chaque œuvre puisse atteindre un public, même réduit à quelques personnes, alors le problème se pose déjà beaucoup moins fortement.
J'aurais tendance à dire que trop de création tue la création à partir du moment où :
– tout le monde est créateur ;
– chaque personne crée sans s'intéresser aux créations des autres et sans prendre le temps de les découvrir.
La conjonction de ces deux phénomènes serait effectivement problématique. Mais pour ce qui est du premier, je n'y vois pas d'inconvénient majeur.
On a aujourd'hui un discours qui, sans oser affirmer trop fort qu'il devrait y avoir d'un côté les créateurs et de l'autre le public qui se contente de recevoir (ce qui serait perçu comme une forme d'élitisme peu acceptable), n'accepte pas que la production et la diffusion des œuvres de l'esprit (sans parler spécifiquement d'art) se démocratise, c'est à dire qu'elle devienne accessible à "tous".
On veut bien que les amateurs obtiennent un statut de créateurs à part entière, mais pas trop quand même. Ainsi, la fête de la musique ne dure qu'un seul soir, et le lendemain seul les "vrais" artistes sont encore des musiciens.
« Trop de création tue la création », ça veut dire qu'il faut garder une ligne de démarcation entre l'artiste et le public.
Comme on ne veut pas être rétrograde et élitiste, on accepte que cette ligne soit floue, et qu'on puisse la franchir.
Mais si elle est potentiellement franchissable, pourquoi seulement quelques uns devraient-ils la franchir ?
Je me demande ce qu'en pensent les créateurs(*) sur ce site…
---
* Note: je ne suis pas musicien, mais je suis également un créateur, un auteur : j'écris et publie sur le web, par exemple. Mais j'aimerais bien avoir l'avis de ceux qui ont une pratique moins répandue que l'écrit, en l'occurence la musique. S'il y a des artistes ayant d'autres activités, ou des écrivains professionnels, je suis également preneur.
or, je reviens et bien sur mpop l'avait déjà noté
l'accession aux études supérieures aujourd'hui n'a évidemment rien à voir avec la situation des anées 60. C'est un de mes granbds chevaux de batailles ça : une de mes provocs (faut lire dans mon journal de l'année dernière) : il y a toujours des pauvres, mais il y a de plus en plus de pauvres cultivés. Et ça.. c'est une données que les experts ont vraiment du mal à rpendre en compte, etc..
est-ce que ça favorise la création ? ben évidemment.. Le niveau d'études n'a rien à voir avec ça, mais l'accès et le temps pour la cutlure si !
autrefois les pauvres (à quelques exceptions près) allaient au taf à l'age de 16 ans, se mariaient faisaient des gosses et basta. Maintenant.. ils font des études ou sont au chomdu etc..
en tant que créateur (mouarff) : je dirais que c'est dingue à quel point les gens manquent d'imagination. Que les élites installées de l'art craignent le phénomène d'explosion de la création, ben ça on peut le comprendre les pauvres.. ils risquent de perdre leurs privilèges, leurs fameuses rémunérations sans laquelle "L'art est impossible" (hummpff, ils sont drôles quand même)
mais que les autres, les alternatifs comme nous le craignent , c'est idiot. Qu'est-ce que ça peut vous foutre qu'il y ait 10 ou 100 ou 1000 personnes qui écoutent votre musique ? qu'est-ce que ça va changer pour vous ? que dalle
à la limite au début il y a une satisfaction narcissique, mais très vite,, les dès sont jetés : ou bien tu crées pour obtenir quelque chose qui n'a rien à voir avec la musique (la notoriété, la satisfaction narcissique, l'argent, se faire des gonzesses) et là globalement, ça risque de pas durer très longtemps, ou bien tu crées parce que c'est nécessaire, que tu en as besoin et que ta vie serait insupportable sans cette activité - et là au fond que tu ais 10 auditeur ou 1000, je vois pas ce que ça change. parce que la jouissance tu l'as déjà au moment de la création.. le reste. pffff
bon évidemment, je sais pas si manjoye sera d'accord avec moi
hummppff
bon allez je plaisante
c'était de la provoc
mais quand même sérieux :
et pourquoi le monde de demain ne serait-il pas très différent de ce lui que nous connaissons ? pourquoi manquons-nous à ce point d'imagination ?
un monde où il y autant de créateurs que de mélomanes ? mais n'est-ce pas déjà le cas pour les musiques les plus rares, les plus difficiles d'accès ?
(dansle milieu dans lequel je navigue j'ai l'habitude de dire que tous les mecs qui viennent au concert sont ou bien des musicos, ou bien des webzineuxw ou bien s'occupe d'un label, bref, que des activites..)
Un monde où il y a autant de créateurs que de mélomanes… on signe où ?
Moi ce que je constate avec la pratique des blogs (la seule que je connais en tant que créateur de contenus culturels), c'est loin d'être le nivellement par le bas dénoncé par certains. Chaque blogueur, même ceux sur Skyblog (puissent-ils grandir un peu et passer à autre chose), est à la fois récepteur et producteur de contenus. Et je n'ai pas l'impression pour autant que le tout soit sur le point d'imploser. Alors quand je lis dans un journal : « Trois millions de blogs ? Mais qui va les lire ? »… j'ai une réponse toute simple : les trois millions de blogueurs. CQFD.
Il faut sortir de l'idée que la production culturelle devrait fonctionner sur le même mode que la démocratie représentative, idée selon laquelle une œuvre n'aurait de valeur que si elle obtient un suffrage représentatif.
Idée corrolaire : il ne devrait y avoir qu'une œuvre pour chaque saveur particulière, qu'un article pour chaque idée. Ensuite, les médias sont chargés de relayer l'œuvre ou l'article en question. Et toute œuvre ou article se rapprochant trop de l'œuvre universelle et représentative serait une forme de plagiat.
Il va falloir que je finisse par écire cet article : « Le Plagiat n'existe pas ».
Mais bon, je m'éloigne…
Une sorte de dynamitage d'idées reçues et d'idéologies rances sur la nature de la culture, des artistes et du public ?
ça le ferait je pense
étudier et présenter les différents aspects de la réflexion autour des licences li libre diffusion
humm
suis sérieux là
Je suis intrigué pour le coup.
Libre diffusion de la musique pour le titre :roll:
Musique Libre et libre diffusion des œuvres culturelles
Musique Libre et libre diffusion (pour faire plus court)
Martine fait de la musique libre (après Martine à la ferme et Martine à l'école…)