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un peu de lecture (alexis de tocqueville)
remplacez journaux par sites webs, ou par blogs, et vous verrez pourquoi je cite ce passage du grand Alexis DE Tocqueville :
Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique II (1840), deuxième partie chapitre VI, "du rapport des asociations et des journaux"
Pour ceux que ça intéresse vraiment, mettez ces textes en relation avec lepassage où je parle dans mon essai professionnels versus amateurs sur le fonctionnement de la culture aux Etats Unis.
Le texte est lisible online ici sur l'indipensable site des classiques des sciences sociales :
http://classiques.uqac.ca/classiques/De_tocqueville_alexis/democratie_2/democratie_tome2.html
(il coûte quelques euros en livre de poche, un paquet de clope au plus)
Il arrive souvent, au contraire, dans les pays démocratiques, qu'un grand nombre d'hommes qui ont le désir ou le besoin de s'associer ne peuvent le faire, parce qu'étant tous fort petits et perdus dans la foule, ils ne se voient point et ne savent où se trouver. Survient un journal qui expose aux regards le sentiment ou l'idée qui s'était présentée simultanément, mais séparément, à chacun d'entre eux. Tous se dirigent aussitôt vers cette lumière, et ces esprits errants, qui se cherchaient depuis longtemps dans les ténèbres, se rencontrent enfin et s'unissent.
Le journal les a rapprochés, et il continue à leur être nécessaire pour les tenir ensemble.
Pour que chez un peuple démocratique une association ait quelque puissance, il faut qu'elle soit nombreuse. Ceux qui la composent sont donc disséminés sur un grand espace, et chacun d'entre eux est retenu dans le lieu qu'il habite par la médiocrité de sa fortune et par la multitude des petits soins qu'elle exige. Il leur faut trouver un moyen de se parler tous les jours sans se voir, et de marcher d'accord sans s'être réunis. Ainsi il n'y a guère d'association démocratique qui puisse se passer d'un journal.
Il existe donc un rapport nécessaire entre les associations et les journaux: les journaux font les associations, et les associations font les journaux; et, s'il a été vrai de dire que les associations doivent se multiplier à mesure que les conditions s'égalisent, il n'est pas moins certain que le nombre des journaux s’accroît à mesure que les associations se multiplient.
(...)
C'est le fractionnement extraordinaire du pouvoir administratif, bien plus encore que la grande liberté politique et l'indépendance absolue de la presse, qui multiplie si singulièrement le nombre des journaux en Amérique. Si tous les habitants de l'Union étaient électeurs, sous l'empire d'un système qui bornerait leur droit électoral au choix des législateurs de l'État, ils n'auraient besoin que d'un petit nombre de journaux, parce qu'ils n'auraient que quelques occasions très importantes, mais très rares, d'agir ensemble; mais, au-dedans de la grande association nationale, la loi a établi dans chaque province, dans chaque cité, et pour ainsi dire dans chaque village, de petites associations ayant pour objet l'administration locale. Le législateur a forcé de cette manière chaque Américain de concourir journellement avec quelques-uns de ses concitoyens à une oeuvre commune, et il faut à chacun d'eux un journal pour lui apprendre ce que font les autres.
Je pense qu'un peuple démocratique * qui n'aurait point de représentation nationale, mais un grand nombre de petits pouvoirs locaux, finirait par posséder plus de journaux qu'un autre chez lequel une administration centralisée existerait à côté d'une législature élective. Ce qui m'explique le mieux le développement prodigieux qu'a pris aux États-Unis la presse quotidienne, c'est que je vois chez les Américains la plus grande liberté nationale s'y combiner avec des libertés locales de toute espèce.
On croit généralement en France et en Angleterre qu'il suffit d'abolir les impôts qui pèsent sur la presse, pour augmenter indéfiniment les journaux. C'est exagérer beaucoup les effets d'une semblable réforme. Les journaux ne se multiplient pas seulement suivant le bon marché, mais suivant le besoin plus ou moins répété qu'un grand nombre d'hommes ont de communiquer ensemble et d'agir en commun.
Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique II (1840), deuxième partie chapitre VI, "du rapport des asociations et des journaux"
Pour ceux que ça intéresse vraiment, mettez ces textes en relation avec lepassage où je parle dans mon essai professionnels versus amateurs sur le fonctionnement de la culture aux Etats Unis.
Le texte est lisible online ici sur l'indipensable site des classiques des sciences sociales :
http://classiques.uqac.ca/classiques/De_tocqueville_alexis/democratie_2/democratie_tome2.html
(il coûte quelques euros en livre de poche, un paquet de clope au plus)
Réponses
Je relève cette phrase par exemple :
Rien que ceci suffit à expliquer pourquoi la formalisation des règles qui régissent le monde du logiciel libre a pris naissance aux Etats-Unis.