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Les cultures par tous
Je vous reproduit ici un des derniers articles sur mon blog :
http://aisyk.blogspot.com/2007/03/les-cultures-par-tous.html
Les cultures par tous
On se pose toujours la question si nos décisions en matière d'élections sont importantes, si elles vont changer notre quotidien... Pour certains, qui sont en interface directe avec les pouvoirs publics (je pense notamment aux intermittents, mais aussi à toutes ces professions touristiques, culturelles, ou dans les associations qui reçoivent des subventions ou des fenêtres pour s'exprimer...) les différences sont palpables. Pour ceux qui n'ont pas forcément la culture de la chose publique (en gros ils élisent et après, ils s'en foutent, une sorte de chèque en blanc), c'est beaucoup plus diffcile. Et pour ceux qui ne sont plus en interface avec les pouvoirs publics, pour qui la culture c'est TF1, M6, les séries américaines, les mangas... les pouvoirs publics ne sont en rien les garants de la Culture, mais plutôt deviennent les protecteurs d'une Culture, celle de leur corps social.
Et c'est peut-être là que le noeud du problème se situe, la "Culture pour tous" n'est qu'un leurre, car les difficultés, les inégalités existent, et existeront toujours. Etre spectateur d'une culture, comme on le serait devant un écran de cinéma est infiniment réducteur. En théâtre par exemple, les acteurs et metteurs en scène veulent que le public réagisse, ils donnent au public le rôle de troisième acteur. La notion même de cultures (j'ai dit dans un précédent article que je mettrai des "s") est plurielle et elle se défini aussi parce que les personnes en sont des acteurs permanents. Ce sont les personnes qui sont acteurs de la culture, de leur culture. Aussi je proposerai à destination de tous les futurs dirigeants élus, cette formulation, plus fidèle à l'esprit même de culture : "les cultures par tous".
Cela suppose une refonte des moyens de création, une refonte de la politique culturelle dans un seul et unique but, permettre à chacun d'être un acteur de la culture, au sens large, ou de ses cultures. Cela suppose aussi une ouverture nécessaire à l'altérité, à la coopération entre les personnes, la co-création comme dirait certains, mais ici la seule valeur que l'on retirerai en serait la valeur humaine de la culture. Recentrer la politique culturelle sur son principe fondateur, permettre à chacun de s'élever en allant vers l'autre.
http://aisyk.blogspot.com/2007/03/les-cultures-par-tous.html
Les cultures par tous
On se pose toujours la question si nos décisions en matière d'élections sont importantes, si elles vont changer notre quotidien... Pour certains, qui sont en interface directe avec les pouvoirs publics (je pense notamment aux intermittents, mais aussi à toutes ces professions touristiques, culturelles, ou dans les associations qui reçoivent des subventions ou des fenêtres pour s'exprimer...) les différences sont palpables. Pour ceux qui n'ont pas forcément la culture de la chose publique (en gros ils élisent et après, ils s'en foutent, une sorte de chèque en blanc), c'est beaucoup plus diffcile. Et pour ceux qui ne sont plus en interface avec les pouvoirs publics, pour qui la culture c'est TF1, M6, les séries américaines, les mangas... les pouvoirs publics ne sont en rien les garants de la Culture, mais plutôt deviennent les protecteurs d'une Culture, celle de leur corps social.
Et c'est peut-être là que le noeud du problème se situe, la "Culture pour tous" n'est qu'un leurre, car les difficultés, les inégalités existent, et existeront toujours. Etre spectateur d'une culture, comme on le serait devant un écran de cinéma est infiniment réducteur. En théâtre par exemple, les acteurs et metteurs en scène veulent que le public réagisse, ils donnent au public le rôle de troisième acteur. La notion même de cultures (j'ai dit dans un précédent article que je mettrai des "s") est plurielle et elle se défini aussi parce que les personnes en sont des acteurs permanents. Ce sont les personnes qui sont acteurs de la culture, de leur culture. Aussi je proposerai à destination de tous les futurs dirigeants élus, cette formulation, plus fidèle à l'esprit même de culture : "les cultures par tous".
Cela suppose une refonte des moyens de création, une refonte de la politique culturelle dans un seul et unique but, permettre à chacun d'être un acteur de la culture, au sens large, ou de ses cultures. Cela suppose aussi une ouverture nécessaire à l'altérité, à la coopération entre les personnes, la co-création comme dirait certains, mais ici la seule valeur que l'on retirerai en serait la valeur humaine de la culture. Recentrer la politique culturelle sur son principe fondateur, permettre à chacun de s'élever en allant vers l'autre.
Réponses
Preuce ? A droite la culture actuellement c'est plutôt celle du résultat
Quand on lit la plupart des discours politiques sur la "culture", il y a une référence implicite à cette vieille idée de la culture comme ensemble des oeuvres digne de représenter (au sens fort du terme) une nation, la créativité ou le génie d'une nation (c'est là que se noue la relation à l'idée de la Kultur comme "esprit du peuple", très hégelienne).
ce qui peut faire éventuellement sourire quand on entend cela de la part de l'agité de Neuilly, par exemple, pour qui "la culture" sont principalement ses potos (johnny, clavier, doc gyneco etc.). Bon..
Et puis il y a la traditon si l'on veut anthropologique de la culture (qui est fort bien représenté dans les travaux notamment de certains américains - style howard S beker), où là il n'est pas question d'indiquer la quintescence géniale d'une nation, mais, de manière plus neutre, tout ce qu'une communauté donnée produit en terme de choses, d'objets, d'institutions, d'organisations, de langages, et au fond de "valeurs", en vue de parvenir à vivre ensemble sans se mettre sur la gueule à tout bout de champ si je puis dire.
Dans cette optique là, la culture dépasse largement le champ des oeuvres. Par exemple, dans le cantal où je vis, je considère comme signes culturels des choses comme les murets de pierailles que les paysans bâtissent pour délimiter leurs champs, la manière dont les habitants sorganisent en cas de grandes chutes de neige (tout un ensemble de pratiques, de comportements, etc.), les rituels saisonniers comme le ramassage des gentianes, des champignons, du lichen, des myrtilles, des framboises des bois (miam !). Bref.. vous voyez un peu où je veux en venir.
Or, j'ai le sentiment qu'on navigue aujourd'hui de manière assez confuse entre ces deux champs sémantiques attachés au mot culture. Notamment à gauche. A droite à la limite, on se réfère assez nettement à la culture qu'on pourrait dire "culturelle", laquelle suppose une hiérarchisation des oeuvres selon leur "noblesse" - lisez les trucs de ce ringard de finkielkraut là dessus, une paire de chaussures ne vaut pas mozart quand même écrivait notre has been préféré dans les années 80 (me souviens plus du bouquin). Ce à quoi j'ai envie de répondre : finkielkraut vaut pas kant quand même !
dans le même genre , toujours à droite, les choses sont assez claires quand on lit l'agité de neuilly :
« Mais la culture est tout ce que nous avons pour tenter de donner aux forces de l’esprit les moyens de dominer les pulsions et de canaliser la violence qui est dans l’homme. C’est par la culture partagée, par l’émotion partagée devant la beauté que nous lutterons le plus efficacement devant la tentation communautariste qui enferme chacun dans ses origines et contre la loi des bandes qui est celle de l’instinct et de la brutalité. »
je sais ça en bouche un coin, et pas qu'à moi :
http://www.betapolitique.fr/spip.php?article0598
(s'il vous plaît, essayez de ne pas vomir sur le forum de dogmazic, il y a déjà tout plein de saletés, et après c'est rico qui doit faire le ménage le pauvre)
A gauche du coup, forcément, on est au contraire dans la confusion entre les deux conceptions de la culture évoquées plus haut : ha que ce serait chouette de faire partager à tous ces iganres incultes les grandes oeuvres de l'esprit (comme si la concomittance avec les dites grandes oeuvres produisaient forcément des gens bien ! heu.. moi je connais un paquet de gros connards qui vont à l'opéra hein !)
mais en même temps : les banlieues c'est génial, la culture des banlieues c'est ultra chouette, la culture des paysans c'est trop cool, dogmazic c'est la hype, etc.
bon.. on navigue bizarre entre la culture "culturelle" et la culture disons au sens anthropologique.
Le piège là dedans, et c'est là que je me permets d'apporter mon grain de sel, c'est que laseule voie de reconnaissance possible des choses de la culture "anthropologiques", c'est d'entrer d'une manière ou d'une autre dans le champ de la cutlure culturelle.
Par exemple, on va monter un festival hip hop entre deux manifestations de musique classique, ou bien on va ouvrir un musée du terroir, à côté d'un musée d'art contemporain.
Bref, on muséifie, on festivalise, on ministredelacultureise, on institutionnalise
parce qu'au fond, la pire angoisse, ce serait que ces choses là échappent au contrôle de la culture culturelle (passer à côté serait ringard.
Hors la culture culturelle, c'est la sauvagerie
or il faut institutionnaliser la sauvagerie
et donc étendre infiniment le champ de la culture culturelle
ce contre quoi je m'oppose
au nom de ce qu'une rose est une rose, un muret de pierailles un muret de pierrailles, mes aventures créatives dans la montagne une aventure créative dans la montagne
http://www.flickr.com/photos/danahilliot/448478487/
pas besoin d'en faire une exposition ou un musée pour que cela soit
ça ne rajoute rien à l'être
au contraire, ça muséalise, ça mortifie, ça meurt au bout du compte
et on se retrouve nické à la fin.
en fait, j'ai déjà dit tout cela mais autrement dans mon truc amateurs versus professionnels
L'idée de la culture par tous me paraît inspiré par la même ambiguité aysik
voire même ambivallence
c'est parce que les choses ne se satisfont pas d'exister comme elles existent, qu'les voudraient aussi exister ailleurs, dans les mondes de l'art : mais à la fin, les choses se font niquer, parce qu'elles ont se détachent de là où elles étaient d'abord.
Qui'en pesnes-tu l'ami ?
J'aime beaucoup ta réflexion sur les deux "cultures". Une culture faite d'image, de communication en somme. La Culture comme la vitrine du savoir-faire français, ce sont les grandes installations de JMJ (il est à la mode en ce moment cet "has-been" des cultures électroniques) qui sont autant d'opération de propagandes que les grandes fêtes des villes (Paris-plage, le 8 décembre à Lyon...).
Maintenant je ne peux m'empêcher de dire, de manière un peu utopiste, que ces formes de "Culture" ne devraient être présentes sous formes budgétaires que sous le mention "Communication Extérieure". Que la véritable idée de culture, c'est un peu celle qui fait sens pour tout un chacun, et que si financement de la culture il doit y avoir, il doit prendre la forme que je suggère, en priorité.
Dans les métiers de l'action socio-culturelle on dit souvent que l'on ne doit pas prendre la culture comme un seul moyen d'expression (très réducteur), mais comme une façon de construire les personnes, comme un part de chacun de nous. On ne doit pas considérer, par exemple, le "hip-hop" comme, d'emblée, une forme d'expression mais l'accepter à part entière, ce seront les acteurs de cette forme qui en feront une forme d'expression, ou non. Surtout, ne pas enfermer les pratiques par un jugement a priori.
C'est un peu cet état d'esprit qui m'anime, considérer les pratiques culturelles, les faits culturels comme multiples et dans un contexte de "budget de la culture", comment amener à financer plutôt ces formes que de la Culture d'appareils.
Néanmoins, ce que nous définissons comme "Culture" (d'appareils, de propagande...) est parfois perçu comme cultures. Parce que justement elle sera perçue de manière multiple, elle tiendra une place importante (comme rite de passage dirait Arnold van Gennep (Les Rites de Passage, 1909) par exemple), cette symbolique me semble importante à déceler et à identifier.
Pour donner sens aux faits culturels il faut se les approprier. Mais cette forme d'appropriation ne peut me semble-t-il et tu l'as rappelé, prendre les formes d'institutionnalisations telles que tu les évoques (je rajouterai les éco-musées à ta liste non exhaustive). L'institutionnalisation arrive quand à un moment où un autre il devient nécessaire d'attirer des touristes (et la France est un, si ce n'est le pays touristique par essence). Cette forme culturelle là se voit dépossédée de sa fonction première. On peut aussi parler des habitations rupestres à la campagne qui deviennent des attractions culturelles ... et par sur-exposition sont mises en danger, tout comme les environnements naturels qui deviennent des "symboles culturels locaux".
C'est pour cela que les politiques culturelles urbaines évoluent. Elles vont de plus en plus dans le sens "Ville du patrimoine" sans forcément élever un bâtiment "du patrimoine". Parce qu'il leur faut garder cet équilibre entre communication extérieure (touristique, de prestige, d'avant-garde...) et vies quotidiennes de milliers de personnes qui vivent et font bouger ces espaces. Que les "centres-touristiques" des grandes villes amènent bien souvent une désertification des "autochtones" (parce que l'immobilier augmente, mais là le problème de l'immobilier est un autre sujet de société), que des "centres-bureaux" ou des "périphéries-dortoirs" poussent parce que la conception même de zones de prestige écrase les vies quotidiennes.
C'est repenser à tout cela qu'il m'importe, remettre les politiques culturelles à leur place parce que la réappropriation des cultures par les personnes est essentielle, qu'elle les place dans une position "positive" (valorisation des points de vue, valorisation de l'altérité...) du "vivre ensemble". Je te recommanderait le livre d'Attali, "Bruits", qui est vraiment intéressant sur cette idée de "réappropriation par le public", pour un livre écrit en 1977, il voit très bien les tendances actuelles.
Je suis en train de faire des recherches sur ces thèmes qui demandent une étude multi-disciplinaire pour mieux appréhender les phénomènes et donner des pistes (anthropologie, histoires, sociologie, histoire du patrimoine, mentalités, urbanistique...). Un gros travail en perspective.
pour parler de manière plus "philosophiques" je suis fasciné de la manière dont les choses accèdent à l'existence "publique". Je revois toujours la tête un peu effaré du paysan qui voit se pointer des experts du terroir examinant ses murets de pierre ou les fameux burons du pays.
Ou l'interrogation de l'artiste outsider (c'est-à-dire qui fait des trucs sans savoir que c'est de l'art), le jour où un collectioneur d'art brut se propose de lui acheter ses machins. "ben non je vous les donne si ça vous plaît, mais pas celui là, celui là c'est pour ma cousine Gertrude." t après on en causera dans la revue Raw arts par exemple.
Il y avait un gars de lozère interné à St Alban, august forestier, qui s'était mis à faire des sculptures et des costumes avec du matériel de récup dans les couloirs de l'hopital.Grâce aux psychiatres du coin, son travail était devenu en quelque sorte un outil thérapeutique, et puis il a commencé à vendre ses bibelots sur la place devant l'hopital et els gens du village, les enfants venaient acheter ça contre une cigarette ou un paquet de cigarettes. À la fin, c'était devenu assez "industriel" comme production, c'est Jean Oury qui raconte ça dans une de ses monographies. Maintenant, il est dans les collections et les musées spécialisés.Je prends l'art dit brut comme exemple, parce que ça me semble assez caractéristique.
Récemment, j'ai commencé à abandonner des poèmes dans la montagne. Je construis de petites niches en pierre, j'y glisse les poèmes sous enveloppe dedans. Et, hier, des amis les ont trouvé, et ont pensé que c'était moi parce qu'ils avaient vu ma voiture garée pas loin. J'ai trouvé ça adorable. excitant.
Un autre ferait un happenning d'art contemporain avec ça. Et pourquoi pas d'ailleurs. Mais moi je m'en fous, parce que je trouve mon pied à le faire comme ça. Je fais mon truc dans la montagne, je fais des sculptures avec des écorces, je les accroche aux arbres, et je me barre. J'en laisse un peu partout y comrpis dans des endroits que j'aurais bien de la peine à retrouver. leur devenir futur m'importe peu finalement. ça me fait du bien c'est tout. Un peu comme les bergers qui sculptent leur baton de marche quand ils s'emmerdent tout l'hiver dans leurs cabanes.
Une rose est une rose, point barre.
Donc : ce n'est pas de la culture culturelle (c'est plutôtune thérapie me concernant, une façon de passer le temps pour d'autres). Et je n'ai aucune envie que ça le devienne. Pas envie de monter un mouvement de poèmes abandonnés (rien à voir au passage avec le coup des bouquins abandonnés, parce que les poèmes c'est moi qui les écrit pas un autre).
peut-être au fond ce qui caractérise la modernité, la culture moderne, c'est la peur de laisser les choses être ce qu'elles sont. L'angoisse de l'objet perdu. Avec l'age j'ai appris à me libérer de cet angoisse, et je vous jure que ça fait du bien. Le projet meuh! (je ne sais pas si le mot projet convient) est très intéressant à ce niveau.
Lozère... ça me rappelle un film ça, "Le Graphique de Boscop" de romain Bouteille, film de 74 totalement déjanté mais qui fait du bien, en plein dans notre sujet d'ailleurs.
Tiens en parlant de meuh faudrait que je me penche sur mon animal fétiche aussi, mais j'ai encore du mal à reproduire le côté débonnaire de la vache...