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Quelle est la liberté du libéralisme ?

novembre -1 modifié dans De tout et de rien...
pour nous aider à communiquer quand nous employons le mot libéralisme :)
avec trois invités particulièrement intelligents
(suis un fervent lecteur des livres de Pierre Manent et Zaoui est un des rédacteurs de Vacarme
http://www.vacarme.eu.org/auteur27.html
)

Quelle est la liberté du libéralisme ?
http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/vendredis/
Par François Noudelmann
Réalisation: Clotilde Pivin

En France le libéralisme a mauvaise réputation car il est associé au règne des intérêts marchands. L'antilibéralisme a remplacé l'anticapitalisme et il dénonce l'abus du mot de liberté restreint au choix des consommateurs. Pour autant le libéralisme ne se limite pas à une doctrine économique et il relève d'une longue tradition de pensée philosophique et politique fondée sur des idées de tolérance et de justice. Faut-il alors distinguer entre les libéralismes, l'économique ou le politique, le moral ou le libertaire?
La diversité des penseurs libéraux montre qu'il n'y a pas une théorie unique du libéralisme. Cependant leur souci commun de la liberté rayonne sur toute une série de questions actuelles : qu'est-ce que l'autonomie, celle du marché, de l'individu ou des universités? Existe-t-il aujourd'hui une troisième voie politique au-delà de l'étatisme et de la dérégulation économique?

Invités

Catherine Audard. professeure à la London School of Economics, directrice du Forum for European philosophy.

Pierre Manent. directeur d'études à l'EHESS

Pierre Zaoui. directeur de programme au Collège international de philosophie

Réponses

  • Salut,

    Je ne suis pas expert en philosophie et je connais peu les références citées dans le post précédent. Mais au sujet du libéralisme, il y a un bouquin sorti récemment intitulé « L’empire du moindre mal » de Jean-Claude Michéa. Cet auteur, prof de philo à Montpellier, est un spécialiste d’Orwell - chez qui il ne faudrait pas s’arrêter à l’unique lecture de son chef d’œuvre « 1984 » - ainsi que le promoteur français de Christopher Lasch, essayiste américain qui a notamment écrit « La culture du narcissisme ».

    Ce bouquin de Michéa développe une théorie très intéressante sur le libéralisme. Celui-ci se serait constitué par peur d’un retour aux guerres de religions puis aux guerres civiles sur une conception pessimiste de la nature humaine - l’homme est égoïste par nature - ainsi que sur une approche sceptique et neutre du droit. Ce dernier ne se fondant pas sur une conception morale ou idéologique mais simplement sur l’appréciation et sur la gestion par les élites d’un rapport de force en présence.

    Surtout Michéa renvoie dos à dos la gauche et la droite comme si ce clivage n’était que les deux faces de la même pièce libérale - après tout dans le monde anglo-saxon, le terme de libéral s’applique plutôt à une pensée de gauche. Pour lui, la droite est le libéralisme du marché tandis que la gauche - par ce qu’elle a renoncée à l’anti-capitalisme et à la lutte des classes - est celui du droit et de la culture. Mais ces deux libéralismes loin de s’opposer ne font que se compléter.

    Certes une telle théorie a ses faiblesses et le bouquin de Michéa est loin d’être exempt de critiques. Mais en y réfléchissant un peu, on peut étendre les exemples à l’infini afin d’illustrer sa thèse. Voici quelques illustrations concrètes qui ne sont pas de Michéa mais qui vont à mon point de vue dans son sens.

    Le combat pour les radios libres et la fin du monopole d’État sur les média avant 1981, était un combat de gauche. De nombreuses personnes à gauche ont milité pour la libération des ondes, au nom de la libre expression et ce combat était, il me semble, juste. En 1981, la FM se libère et plein de radios libres fleurissent. Quelques années plus tard, qu’en est-il resté ? Certes quelques radios associatives les plus emblématiques ont résisté mais l’immense majorité de la bande FM est devenu le royaume des stations privées, financées par la pub et régies par la loi marchande et capitaliste. C’est-à-dire que d’un côté le droit libéral de gauche a gagné ; on peut créer librement sa radio. Mais en même temps cela a servi le marché puisque la grande majorité des radios sont détenus par des groupes capitalistes.

    De même, plus récemment pour ce qui concerne l’énergie. Le combat contre l’énergie nucléaire est l’apanage d’une partie de la gauche. Bientôt avec la libéralisation du marché de l’énergie, le consommateur pourra paraît-il choisir son fournisseur d’électricité. Parmi ceux-ci figureront peut-être des producteurs ne fournissant que de l’électricité fournies par des énergies renouvelables. Mais la contrepartie de tout ça est la privatisation du marché de l’énergie et donc l’extension du capitalisme privé. Donc plus de droits pour le consommateur mais aussi plus de marché.

    Dernier exemple : les 35 h. C’était une vieille revendication de la gauche syndicale. Mais imposée de façon technocratique, elle a avant tout favorisée les salariés les plus aisés en pénalisant les hausses de salaires pour les plus défavorisés. Le rapport de force a conduit à un compromis idéologiquement neutre. Aujourd’hui alors que le gouvernement s’apprête à achever ce qui reste de cette loi, la gauche politique ne défend même plus ce qu’elle avait promu dix ans auparavant. Les 35 h. n’ont été en définitive qu’une étape vers une plus grande flexibilité avant une déréglementation totale de la durée légale du travail au gré de la demande et des souhaits du patronat. Le droit - ô combien juste - à travailler moins va finalement conduire à une avancée des forces capitalistes sur le terrain de la durée de travail.

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