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Notre Documentation
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les managers et le gouvernement prennent soin de vous
le dernier coup de génie des managers :
ces dernières années, on voit s'imposer dans les discours et les médias le thème de la souffrance au travail
soit
les travailleurs savent eux que c'est pas nouveau mais bon
les études commandées par nos édiles (européens et français) ne manquent pas de noter à la fois l'augmentation des signes manifestant une telle "souffrance" (absentéisme, suicides, dépressions, etc) et ajoutent évidemment : ça coûte aux entreprises des centaines de millions d'euros - bon, nous on n'est pas abruti, on sait bien que si les patrons commencent à se pencher sur l'état psychique de leurs employés, c'est pas par pure charité chrétienne hein
heureusement les DRH et autres managers réfléchissent à la question et se "forment" par exemple ici :
http://www.lesechos-formation.fr/fo/catalogue/formations/rh_formation/souffrance_travail/editorial.html
le truc hyper vicelard, et je dirais même que c'est beaucoup plus grave que vicelard, est le suivant :
pour le dire vite, on individualise la souffrance, on cherche à en identifier les causes au niveau de chaque individu qui se plaint ou qui "manifeste" les signes d'un malaise au travail (et je vous jure que quand on lit les listes des dits "signes", qui évidemment impliquent des signalements opérés par des "signalants" - collègues, DRH, médecin etc.., c'est édifiant)
résultat numéro 1 : ce n'est plus l'entreprise, ou l'organisation du travail qui est cause de souffrance, c'est un problème lié à des individus qui ne parviennent pas ou plus à remplir le cahier des charges qualité et les prescriptions attachés à leur fonction. Autrement dit : on exclut totalement du champ des explications possibles la sociologie critique voire même plus globalement, le politique ! ce qui est bien le but : dépolitiser la question du travail et de l'entreprise, l'assimiler à un problème existentiel personnel
sur tout ça je vous conseille de lire les bouquins d'Yves Clot ou bien ce texte par exemple :
http://lodel.irevues.inist.fr/cahierspsychologiepolitique/index.php?id=329
donc
on va faire quoi hein ?
ben on va les gérer ! on va gérer la souffrance individuelle comme on gère tout un tas de choses : dans l'espoir de remettre ces brebis galeuses mal adaptées et qui coûtent si cher dans le droit chemin
on a déjà inventé le ticket psy
http://aix.elan.over-blog.com/article-27530325.html
je vous laisse imaginer en tant que psychanalyste ce que je peux en penser : que le patron ou le directeur des ressources humaines prescrive et prenne en charge une séance de psy ! comment voulez vous que le dit salarié puisse parler librement dans cette situation ?
même quand un parent me confie un gamin en vue d'une psychanalyse, je commence par expliquer qu'ensuite c'est le gamin qui décide s'il vient ou pas à la séance prochaine, que c'est lui qui paiera sa séance (en donnant quelque chose au psy, un dessin par exemple ou ce qu'il voudra)..
bref
mise en ruine du politique, désamorçage à l'avance de toute réflexion mettant en jeu un système une collectivité etc.
on franchit un palier là avec la prise en charge de la souffrance psychique par les entreprises elles-mêmes
ces dernières années, on voit s'imposer dans les discours et les médias le thème de la souffrance au travail
soit
les travailleurs savent eux que c'est pas nouveau mais bon
les études commandées par nos édiles (européens et français) ne manquent pas de noter à la fois l'augmentation des signes manifestant une telle "souffrance" (absentéisme, suicides, dépressions, etc) et ajoutent évidemment : ça coûte aux entreprises des centaines de millions d'euros - bon, nous on n'est pas abruti, on sait bien que si les patrons commencent à se pencher sur l'état psychique de leurs employés, c'est pas par pure charité chrétienne hein
heureusement les DRH et autres managers réfléchissent à la question et se "forment" par exemple ici :
http://www.lesechos-formation.fr/fo/catalogue/formations/rh_formation/souffrance_travail/editorial.html
le truc hyper vicelard, et je dirais même que c'est beaucoup plus grave que vicelard, est le suivant :
pour le dire vite, on individualise la souffrance, on cherche à en identifier les causes au niveau de chaque individu qui se plaint ou qui "manifeste" les signes d'un malaise au travail (et je vous jure que quand on lit les listes des dits "signes", qui évidemment impliquent des signalements opérés par des "signalants" - collègues, DRH, médecin etc.., c'est édifiant)
résultat numéro 1 : ce n'est plus l'entreprise, ou l'organisation du travail qui est cause de souffrance, c'est un problème lié à des individus qui ne parviennent pas ou plus à remplir le cahier des charges qualité et les prescriptions attachés à leur fonction. Autrement dit : on exclut totalement du champ des explications possibles la sociologie critique voire même plus globalement, le politique ! ce qui est bien le but : dépolitiser la question du travail et de l'entreprise, l'assimiler à un problème existentiel personnel
sur tout ça je vous conseille de lire les bouquins d'Yves Clot ou bien ce texte par exemple :
http://lodel.irevues.inist.fr/cahierspsychologiepolitique/index.php?id=329
donc
on va faire quoi hein ?
ben on va les gérer ! on va gérer la souffrance individuelle comme on gère tout un tas de choses : dans l'espoir de remettre ces brebis galeuses mal adaptées et qui coûtent si cher dans le droit chemin
on a déjà inventé le ticket psy
http://aix.elan.over-blog.com/article-27530325.html
je vous laisse imaginer en tant que psychanalyste ce que je peux en penser : que le patron ou le directeur des ressources humaines prescrive et prenne en charge une séance de psy ! comment voulez vous que le dit salarié puisse parler librement dans cette situation ?
même quand un parent me confie un gamin en vue d'une psychanalyse, je commence par expliquer qu'ensuite c'est le gamin qui décide s'il vient ou pas à la séance prochaine, que c'est lui qui paiera sa séance (en donnant quelque chose au psy, un dessin par exemple ou ce qu'il voudra)..
bref
mise en ruine du politique, désamorçage à l'avance de toute réflexion mettant en jeu un système une collectivité etc.
on franchit un palier là avec la prise en charge de la souffrance psychique par les entreprises elles-mêmes