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L'insurréction pacifique espagnole

novembre -1 modifié dans De tout et de rien...
Pour causer un peu d'autre chose que musique, voici un article écrit par ma femme sur notre blog personnel d'expatriés. Il s'agit d'un appel à l'insurréction pacifique prôné par Stephane Hessel qui fait suite aux événements peu médiatisés qui se déroulent actuellement en Espagne. Pour faire court, depuis ces deux dernières semaines, pas moins de 40.000 à 50.000 personnes, tout horizons confindus, se retrouvent sur les grandes places des principales villes. Au départ, c'était pour s'indigner, mais maintenant, c'est pour s'organiser, débattre, et mettre ne oeuvre une révolution pacifique afin de recentrer l'humanité enlisé dans un capitalisme totalement décomplexé.





Il est possible que vous soyez passés à côté de l’info.

Parce que Di Rupo formateur, waouw, le scoop inédit qui remplit le journal.

Parce que DSK gros vilain ou pauvre Caliméro, j’avoue que ça peut tenir une bonne semaine de conversation.

Ou un volcan qui n’a rien demandé à personne, ou la pluie qui n’veut pas tomber (y’a pu de saison, ma pauv’ Lucette), Roland Garros qui, ô surprise recommence, cette année encore, fn mai.

Mais pendant ce temps, à Veracruz en Espagne (quelque part entre l’Europe et l’Afrique si vous suivez un peu), la révolution couve. La faute à un français qui s’est mis dans la poche une génération entière de jeunes Espagnols (non, je ne parle pas de Guillaume Canet, j’ai dit Espagnols, pas Espagnoles). Stéphane Hessel (c’est bien lui ce « Indignez-vous! »), ce jeunot fringant de pas encore 95 ans, a vraisemblablement mis le doigt là où ça fait mal: sur notre passivité et notre résignation. A tous, nous Européens endoloris par le confort de nos vies trop bien réglées. Les Français ont fait « Waouw » et ont salué l’initiative éditoriale, les Belges ont dit « Tetcheu » et se sont demandés si Hessel voudrait bien former un gouvernement. Les Espagnols, eux, sont descendus dans la rue. Pas seulement pour une manif: bâches, sacs de couchages, sandwiches et blocs-notes de revendications sous le bras, ils ont posé le camp sur les places des plus grandes villes du pays pour refaire le monde, puisque celui-ci… euh, bof, quoi.

De l’extérieur, il se peut que ça ressemble à un botellón (comprendre « grande beuverie festive en plein air, un peu comme dans les parcs bruxellois quand on dépasse un dimanche 25ºC et 2 heures d’ensolleillement »). Ou à une manif à la belge (comprendre « je sors dimanche après-midi manifester pour montrer que je suis pas content, entre 14h – après le journal de 13h – et 18h – pour être de retour au bercail pour le journal de 19h – uniquement s’il fait entre 15 et 25º et temps couvert – sinon je suis au parc ou à l’abris chez moi. Demain ma vie reprend de toutes façons son cours normal. » Fin de la parenthèse sur la manif à la belge). Ça se pourrait que ça y ressemble, mais on en est très loin.

Ok, maintenant que j’ai froissé les susceptibilités, vous allez me demander des comptes. « Parce que, hein, qu’est-ce qu’ils revendiquent tes Espagnols? »

Soit. Passons en revue les plus beaux slogans de cette révolution, appelée « Democracia real: YA » (par « les plus beaux », comprendre « ceux que je préfère ». C’est moi le chef ici)

No somos mercancía en manos de políticos y banqueros – Nous ne sommes pas de la marchandise entre les mains des politiques et des banques

L’espagne, c’est un peu comme la Grèce: canicule l’été, corruption (semble-t-il) chez nos chers élus, et on s’est bien pris les pieds dans le tapis de la crise bancaire. Comme l’airco est suffisamment répandu, il reste à se plaindre du politique et des banques. Marre d’être des jouets, un peu d’humanité dans le Grand Show Capitaliss’ siouplait (j’aurais même tendance à demander moins de capitalisme dans l’humanité, ça n’engage que moi).

Lo llaman democratia y no lo es – Il l’appellent « démocratie », ce n’en est pas une

Bon, dire que ce n’est pas une démocratie, pour un pays qui a connu il n’y a pas si longtemps la dictature de Franco, ça me semble étrange, voire osé… mais j’imagine que c’est un slogan qui se veut d’une portée plus large. Clairement, même si des majorités apparaissent suite aux élections, monsieur Tout-le-monde (c’est marrant, ici on les appelle « la gente de la calle » – le peuple espagnol serait-il prédestiné à prendre possession de la rue?) ne se retrouve pas du tout représenté par le résultat des urnes.

Arriba las manos, esto es un contrato – Haut les mains, c’est un contrat (de travail)

Je l’aime beaucoup celui-là. Inspiré de son cousin « c’est un hold-up », il est tellement vrai. L’emploi, c’est la cata. CDD sur CDD, puis dehors, heures sup (ni payées ni récupérées bien sûr), stress et pression, salaire parfois digne de l’argent de poche d’un ado. Et puis… pas de boulot en vue pour les diplômés. Merci papa-maman de m’avoir toujours dit « avec un diplôme, tu réussiras ta vie » ou mieux: « plus tu auras de diplômes, plus facilement tu trouveras un boulot super, qui rapporte ». Euh, c’était dans une autre vie, ça, au siècle passé, en tous cas, je ne suis pas persuadée qu’un étalage de diplômes fasse briller des étoiles dans les yeux des employeurs par ici.

Dans toutes les grandes villes (Madrid, Séville, Barcelone, Valence, Bilbao, Grenade,…), les rassemblements « Democracia real: YA » se font sur des places qui se sont depuis plus d’une semaine organisées en campements revendicatifs et lieux de vie: centre d’info, ravitaillement, murs d’affichage libre, organisation de débats, assemblées, votes sur l’organisation du mouvement et la suite des opérations, construire des initiatives sur du long terme. etc.

Ce n’est pas UNIQUEMENT un mouvement de sales gauchiss’ (il n’y a qu’à voir comme le PP, parti conservateur de droite est sorti grand gagnant des éléctions du WE passé), mais un mouvement animé par des personnes de tous horizons dont le grand point commun est l’envie de ré-humaniser le monde qui nous entoure, redevenir acteurs de nos vies.

Amigos belges, – français s’il en est – tendez l’oreille au vent du sud, chopez au passage ce qu’il vous plait dans ce mouvement, indignez-vous de ce qui ne vous plait pas, prenez le temps de construire des ponts, des fenêtres et des échelles pour aller plus hauuuuut (non, là je m’emballe). N’attendez pas demain, n’attendez pas que quelqu’un le fasse pour vous. Les petites initiatives font les grands projets. Ne mettez pas d’eau dans votre démocratie. Tomad la calle y juntaos.

Réponses

  • circusmarcus écrit:
    Ce n’est pas UNIQUEMENT un mouvement de sales gauchiss’ (il n’y a qu’à voir comme le PP, parti conservateur de droite est sorti grand gagnant des éléctions du WE passé), mais un mouvement animé par des personnes de tous horizons dont le grand point commun est l’envie de ré-humaniser le monde qui nous entoure, redevenir acteurs de nos vies.

    C'est ça qui est inquiétant, malgré tout. Si le mouvement reste cantonné à 50000 personnes sans relais syndicaux et politiciens, ça n'ira pas bien loin. Que les Espagnols soient dégoûtés du PSOE, c'est la moindre des choses, mais laisser les post-Franquistes reprendre le pouvoir ne va pas améliorer les choses et avec seulement quelques milliers de personnes, la rue ne va pas autogérer beaucoup plus que les assiettes en carton et les fûts de cerveza.
    Mais bon, faut espérer que ce ne soit qu'un début.

    Je ne savais pas que les Espagnols se réclamaient de Hessel. C'est avéré ?
  • Que les Espagnols soient dégoûtés du PSOE
    Attention, ce n'est pas contre le PSOE qu'on sort sur les places, c'est contre un système qui ne fonctionne plus. Dans ce cas-ci, c'est pas de bol pour le PSOE, c'est lui qui était au pouvoir, il a donc pris dans la gueule. Maintenant, je dois bien t'avouer que je suis le premier à, de un, m'attrister des résultats des élections, et de deux, à ne pas trop comprendre ce paradoxe du "je veux que ça change mais je vote pour des conservateurs". Il ya quand même eu une augmentations d'abstentions et de votes blancs. Ce qui, pour moi, n'est pas la meilleur solution quand on veut du changement.

    La force de ce mouvement, c'est justement qu'il est apolitique. Il est citoyen, il regroupe la majeure partie des classes sociales. Que ce mouvement, bien qu'il ait commencé une semaine avant les élections, est bien décidé à continuer. C'est un mouvement qui s'organise, qui débat, qui s'échange des idées et qui proposera certainement des voies de réflexions vers l'élaboration d'un nouveau système plus égalitaire et plus respectueux. Enfin bref...
    Mais bon, faut espérer que ce ne soit qu'un début.

    Je suis persuadé que ce l'est.

    En tout cas, notre rôle, à nous expatrié, c'est d'informer en dehors des forntières, ce qu'aurait dû faire la presse, mais il paraît qu'elle n'est plus si libre que ça, et de répandre ce mouvement en dehors des frontières espagnoles. Car c'est l'ensemble du fonctionnement occidental qui est visé. Ça commence en Espagne, j'ai entendu dire qu'en Grèce, un mouvement similaire à également commencé. C'est l'occasion de tous se soulever contre un systéme qui ne fonctionne plus.

    Je ne savais pas que les Espagnols se réclamaient de Hessel. C'est avéré ?

    Oui,plus que jamais :wink:
  • C'est vrai que s'en est dément comme la presse par-ici nie ces événements! tout comme avec les suites à Fukushima. Petit-à-petit cette presse niaise à la botte des plus véreux se révèlera jusqu'aux moins perspicaces !

    Les Espagnols ont certaines prédispositions à faire vivre la révolution que les Belges n'ont pas: historiquement et côté sensibilité. Non pas que "les Belges" n'en aient pas envie dans l'absolu, mais c'est que les réunions en chaleureuses beuveries festives virent pour la plupart en "objet de grande méfiance" dès qu'un engagement citoyen ou militant semble poindre. Une fois ponctuellement de temps-en-temps mais pas à durée indéterminée.

    Les Belges n'ont voyez-vous jamais renversés le pouvoir et sont peu politisés. L'idéal militant des individus s'il en est, trouve difficilement écho, je l'avance ici: le militantisme à la Belge à depuis bien longtemps un caractère élitiste bien plus que populaire. Ce n'est pas la voix du peuple qui a trouvé son incarnation mais l'égo de l'un ou l'autre qui a développé, argumenté et osé au point de déplacer du monde et de faire parler de lui, si possible en toute modestie au travers de son combat (c'est plutôt calme ces temps si, même pas une tentative de coup d'état malgré l'absence de gouvernement!). Restent à part ça des initiatives isolées qui réagissent dans toutes directions aux moments où l'actualité le suggère ou en toute spontanéité: quelques poignées d'individus qui vivent leur micro-révolution festive et dont la majorité n'est pas forcément Belge, quelques gouttes dissoutes dans un océan de nonchalance, de bonhommie et d'hypocrisie.

    Bref, à part suivre des personnages ou des événements charismatiques il y a très peu d'engagement individuel.
    Jamais des mouvements de foule et l'engouement via un gros match de foot ou un concert daubissime avec feu d'artifice de fête nationale ne me semblerait envisageable pour contester le lobbyisme, les médias nationaux, le système pourris et sa crise, ou pour faire simplement valoir son investissement citoyen en toute convivialité.

    Une chose est plus que certaine: Sans bière, pas de révolution !!!
    Tout est donc entre les mains des brasseurs: Sans révolution, pas de bière !!!

    Hola
  • Yep !

    Et bien évidemment, quand la liberté prend de la hauteur, la répression pointe le bout de son nez.

    [Espagne]Vidéos - Le campement de Barcelone évacué par la police en ce moment
    le 27 mai 2011


    Transmis depuis Bellaciao
    http://bellaciao.org/fr/

    Traduction électronique...

    "Le camp des "indignes" de Barcelone dans la Plaza de Cataluña, a commencé à être démantelé, vendredi, pour laisser la place libre pour les célébrations de la Champions League, le samedi dans la même place, a indiqué la police catalane.

    «Compensation de la place, la police est là pour soutenir le service de nettoyage. Il supprime tous les types d'objet contondant qui pourrait être dangereux, comme des pots, des couteaux", a déclaré un porte-parole de la police.

    Le vendredi matin, plusieurs policiers ont été déployés dans le carré, tandis qu'une centaine de jeunes ont manifesté pacifiquement aux cris de "No Pasaran!".

    "Lorsque vous avez terminé le nettoyage peut revenir, mais sans les tentes, couteaux, et les objets qui peuvent être dangereux», a déclaré la porte-parole de la police.

    Il a dit que cette opération a été déterminée pour assurer la sécurité en vue des célébrations, le samedi après la finale de la Ligue des champions entre les équipes du FC Barcelone et Manchester United."

    Voir les vidéos :
    http://www.myspace.com/orchestrepoetique/blog/543074335

    A voir - Des portofolio sur El Païs :

    http://www.elpais.com/fotogaleria/Desalojo/campamento/elpgal/20110527elpepunac_1/Zes/3

    http://www.elpais.com/fotogaleria/Desalojo/campamento/elpgal/20110527elpepunac_1/Zes/2

    http://www.elpais.com/fotogaleria/Desalojo/campamento/elpgal/20110527elpepunac_1/Zes/4

    http://www.elpais.com/fotogaleria/Desalojo/campamento/elpgal/20110527elpepunac_1/Zes/5

    http://www.elpais.com/fotogaleria/Desalojo/campamento/elpgal/20110527elpepunac_1/Zes/6

    Et puis un peu partout en France, il se passe ça :
    http://reelledemocratie.com/

    A Bordeaux, il y a des assemblées populaires tous les soirs à 19h, place de la Victoire.

    ça frémit, j'espère que bientôt, ça va bouillir !

    :+) !

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