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c'est quoi, le libre, en fait ?

A force de discuter des licences et de pourquoi on les utilise, on fini par voir apparaître un certain nombre d'idées qui tantôt justifient l'usage de telle ou telle licence, tantôt servent d’appuis au démontage de telle autre licence. D'une certaine manière, c'est bien, parce que ça veut dire que ça cogite, que les idées se confrontent et tout ça contribue à développer une certaine "conscience du libre". ça aide à sortir des idées reçues et des conclusions hâtives. Et on pourrait envisager, vu comme ça, que progressivement, à force de débats, les utilisateurs des licences libres deviennent en quelques sortes moins cons et surtout plus crédibles, enfin du moins (et ce qui me semble plus important), plus cohérents dans leur démarche.

Certaines idées ont par contre la vie dure et persistent à s'affronter, un peu comme des clans millénaires qui se fightent de générations en générations. Aux derniers échanges on a pu voir par exemple :

Les licences les plus restrictives sont en vérité un point d'entré dans le monde du libre et seul ceux qui finissent par comprendre ce qu'est le libre finissent par les lâcher au profit de licences plus ouvertes.

ou encore :

Les licences libres les plus permissives ne sont qu'une traduction foirée des licences logicielles qui n'ont en fait aucune raison d'être, si ce n'est de vénérer un gourou nommé Stallman.

je pense que chacune de ces caricatures d'argumentations comportent leur part de vérité. je dis "caricature" car c'est comme ça que je les présente ici. Les "vrais" argumentations auxquelles ces caricatures font référence sont bien entendu beaucoup plus subtiles que ça et s'appuient chacune sur des considérations pas connes du tout.

Quoi qu'il en soit, et à défaut de savoir qui a tord et qui a raison, y'a un truc qui me saute aux yeux dans cette histoire : le "mouvement du libre", c'est vaste. Tellement vaste en fait que la SACEM a récemment rejoint l'histoire. C'est pour dire.

Ce qui m'ammène donc à cette question : mais en fait le libre, c'est quoi ?

Pour ma part, si je devais donner une définition simpliste et pas trop risquée, je dirais : le partage. le libre, ça pourrait être cette volonté qu'on a de vouloir rendre notre musique (par c'est bien de musique que je parle ici) explicitement accessible.

Mais est-ce suffisant comme définition ?
je ne crois pas
J'aurais tendance à penser que le libre n'a de sens que parce que des lois sont par ailleurs contraignantes. Et à partir de là, je crois qu'on peut plus ou moins distinguer deux approches. D'un coté, certains considèrent que ces lois sont mauvaises ou inappropriées et que le libre est donc une sorte d'antidote. Une façon finalement de leur faire perdre leur pouvoir, d'avoir la possibilité de s'en libérer. Une sorte de pied de nez législatif. Et d'un autre coté, on trouve une autre façon d'aborder le libre qui consiste au contraire à voir dans ces lois une nécessité, légitime, que le libre permet de moduler et d'adapter à différentes situations... avec tout le panel des considérations intermédiaires (voire transversales...)

Et il me semble que les débats interminables et qui s'avèrent souvent sans solution reposent en fait sur cette différence de conception de ce qu'est le libre et du rôle qu'il aurait à jouer vis à vis des lois sur la propriété intellectuelle. bon là, je m'avance sans doute un peu, mais je pense pas me tromper de beaucoup là-dessus. enfin sinon détrompez-moi.

et... sinon
pour vous en fait, le libre, c'est quoi ?
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Réponses

  • Pour moi... J'en sais rien...

    Tout ce que je peux dire c'est que j'ai adopté (très progressivement) les LLDs plutôt dans un but utilitaire.

    Au début, c'était pour mon (soi-disant) "art contemporain", pour permettre la création d'œuvres dérivées facilement.

    Ensuite, ça a été pour pouvoir publier de la musique sur le pair-à-pair.
  • Il faut déjà s'entendre sur les termes.

    Certaines personnes disent que LIBRE = respect des 4 libertés de l'utilisateur...

    Donc CC BY NC ND n'est pas une licence libre, BSD n'est pas une licence libre, CC BY n'est pas une licence libre, WTFPL n'est pas une licence libre... (alors qu'est-ce ??)

    D'ailleurs, pour ne pas froisser ces personnes, d'autres ont dit : faisons profil bas, ne froissons pas les libristes purs et durs, nous, nous appellerons nos licences "licences de libre diffusion"...

    Puis l'Administration, faisant un pied de nez au terme anglais "open" (puisque ça n'a rien à voir avec les licences open source) a commencé à parler de "licences ouvertes", donc la communauté (sic) a gobé tout cru la parole venue d'en haut et s'est mise à parler de "licences ouvertes"...

    Bon...

    why not.

    En ce qui me concerne, je parle toujours de "licence libre", que ce soit GPL, WTFPL ou CC BY NC ND...

    Et pour ce qui est de définir le libre... par exemple parler de "partage", ça me satisfait pas vraiment... Vu qu'on peut facilement dire par exemple que partager — donner Libre Accès© (sic ☺) à ses oeuvres etc. avec des licences qui protègent les utilisateurs — ben c'est juste contribuer à satisfaire la boulimie de consommation des consommateurs de notre jolie société de consommation où il faut toujours consommer plus, consommer beaucoup, consommer énormément... ah ! un mouvement alternatif soit-disant à contre-courant de la société de consommation qui en fait ne fait aller que dans le sens de la consommation... cool !... Bon. bref.

    en tout cas, pour répondre à la question posée, ma définition du libre, je l'ai donnée dans l'éditorial du minizine des Cultures Libres. :)
  • De mon coté, j'utilise tout un tas de licences : by-sa, by-nc-nd, by-nc-sa, by, LAL (un tout petit peu), BSD, GPL, euh, je crois que j'ai fait le tour.

    Je sais pas trop en fait, pourquoi. Oui, vraiment, je sais pas trop. J'étais bien aussi en © standard, mais simplement les licences libres me permettent de permettre d'emblée certains trucs au public, c'est cool.

    Sinon, au delà des by-nc-nd, by-sa et autres by-nc-sa pour la musique, j'autorise de manière temporaire (et sans solde) les radios et webradios à diffuser ma musique y compris dans un cadre commercial, et les DJ à la DJter, y compris, à nouveau, dans un cadre commercial... On sait jamais, je peux changer d'avis. C'est une autorisation totalement éphémère, mais bon ça fait quelques temps que ça dure... Inutile de dire que personne, à ma connaissance, n'en a profité.
  • taro écrit:
    CC BY n'est pas une licence libre
    ?

    Sinon, concernant toutes ces désignations (licence de libre diffusion, licences ouvertes...) ça montrent bien, finalement, à quel point le libre est loin d'être... on va dire une science exacte ^^

    bon je suis allé bouquiner du coup l'édito du minizine des Cultures Libres. Je sais pas si c'est de cette page dont tu parles :
    http://minizine.descultureslibres.info/edito

    Mais j'ai trouvé le texte intéressant. On y retrouve bien sûr cette idée de partage :
    Les licences libres ne sont que de simples outils juridiques. Mais ils légalisent face à l’humanité toute entière ce vœu : je veux contribuer au bien commun par la circulation sans entrave de mes œuvres.
    Mais aussi (et surtout, du moins c'est ce qui m'interesse ici), au sujet de ce bien commun :
    Et le démocratisent. Car c’est à la portée de tous. C’est dérisoire, mais c’est énorme.
    Voilà, le libre, outre son aspect purement juridique et ses ambitions de partage, participe à la démocratisation du bien commun.

    bon, c'est une approche qui a été moulte fois exposée et discutée sur ce forum donc je vais pas non plus refaire le débat une n-ième fois, mais je te remercie (même si je me suis planté de lien, ce qui reste probable ^^) pour ces quelques mots qui replacent à mon avis le libre là où il a de l'intérêt.
    shangril écrit:
    Tout ce que je peux dire c'est que j'ai adopté (très progressivement) les LLDs plutôt dans un but utilitaire.
    Oui ben tu sais, c'est pas mal la même chose pour moi. Et j'imagine que c'est le cas en fait pour la quasi totalité des utilisateurs. C'est comme la Matrice, tu vois pour la connaître, il te faudra l'arpenter :)

    Disons, j'ai l'impression que y'a ce truc des "licences libres" qui a émergé un jour et qu'on en est encore tous plus ou moins à réaliser, au fur et à mesure des utilisations, ce que ça implique (et qu'on est en fait encore assez loin d'en avoir fait le tour, même si des fois les débats semblent furieusement tourner en rond).
  • dj3c1t écrit:
    taro écrit:
    CC BY n'est pas une licence libre
    ?
    la CC BY ne respecte pas les 4 libertés fondamentales de l'utilisateur.

    sinon oui c'est le bon lien :)
  • la CC BY ne respecte pas les 4 libertés fondamentales de l'utilisateur.
    arff... je vois pas, là.

    edit : disons, la CC BY n'oblige pas de pouvoir accéder "au code source"... puisque "l'accès au code source", dans le domaine artistique, est une préoccupation qui ne se traduit pas de façon évidente (pistes ? partitions ?). Mais alors dans ce cas aucune licence pensée pour les œuvres n'est une licence libre (enfin du moins si on se base sur ces 4 libertés) !
  • Le libre ?
    Bonne question.
    Revenoons aux fondamentaux !
    Tu n'auras jamais une seule vision car on parle de gestion individuelle, alors, c'est justement un choix " individuel ".
    Pour moi, paradoxalement, ce mouvvement individuel a justement été une ouverture au collectif.
    Disons que cette vision de gestion individuelle, par le côté libéral au sens économique du terme me plait moyen.
    Après, il y a justement l'opposition au monolithe sacem.
    Une manière de réagir, faire réagir
    s'affranchir des obligations tout en ayant un statut juridique sur lequel s'appuyer.
    Ne pas se faire récupérer, tant que ça ne nous dépasse pas.
    Paradoxe, méfiance/partage...
    Le libre, c'est un choix...
  • Pour moi, la culture libre, c'est la possibilité de créer un champ d'activité qui s'affranchisse de la dictature du commerce. D'où mon attachement à la clause NC, qui annonce clairement la couleur (du moins pour les gens qui comprennent le sens du mot "non").

    C'est par ce biais que je suis venu aux licences libres. La "liberté de choix", si souvent érigée en principe sacro-saint ici-même, ça ne me parle pas du tout (le choix de quoi, pour quoi faire, et avec qui ?). Dès que je lis cette expression, j'imagine un petit enfant devant un rayon de jouets inutiles, extasié devant l'illusion du choix. Le côté modulaire des logiciels libres me laisse d'ailleurs de marbre. S'il y a bien un truc dont je me bats les nouilles, c'est de pouvoir personnaliser mon système d'exploitation ou mon navigateur internet. Oui, c'est un peu provoc de dire ça sur un site fréquenté par pas mal de libristes.

    Quant à la "gestion individuelle", c'est une vaste blague sur laquelle je ne vais pas revenir.

    Je ne suis pas client non plus du pseudo-refus des contraintes. Très bancal et très ado, pour tout dire. La liberté n'est pas l'absence de contraintes. Avec le discours anti-monopole aussi, j'ai du mal. S'il y a bien un truc qui ne me dérange pas, dans la SACEM, c'est son côté monopolistique. Je ne crois pas aux vertus de la concurrence.

    Et les 4 libertés de Stallman brandies comme les tables de la loi, ça me broute grave. L'accès au code source, pour de la musique ou pour un texte littéraire, ça ne veut strictement rien dire. Aussi, quand quelques geeks à qui je n'ai rien imposé, moi, viennent me seriner inlassablement que si c'est non-commercial, c'est pas du libre, et gnagnagna Stallman, et gnagnagna les 4 Libertés, j'ai envie de sortir le bazooka. C'est libre que si c'est non commercial, au contraire, Dugenou ! Sinon, c'est soumis à la dictature de la marchandise, voyons !
    La liberté n'est pas un absolu reposant sur un énoncé de 4 paragraphes gravés dans le marbre. C'est une dynamique qui se construit dans le cadre de rapports de force. La clause NC, par exemple, par son sens immédiat d'une pure clarté lumineuse, est en soi un défi au Dieu Commerce, un "pied de nez législatif", oui.

    Notez bien cependant que je n'ai jamais dénié à ceux pour qui le libre, c'est tout autre chose que ce que je viens d'énoncer, le droit de s'affirmer "libre". Dommage que la réciproque ne soit pas vraie. Mais bon, si ça peut éviter les malentendus à l'avenir, je veux bien ne plus me revendiquer du libre, et me ranger sous une autre bannière. Si quelqu'un a une idée d'adjectif qui conviendrait mieux à la musique et aux cultures libérées de l'emprise mortifère du Commerce, je suis preneur.
  • dj3c1t écrit:
    la CC BY ne respecte pas les 4 libertés fondamentales de l'utilisateur.
    arff... je vois pas, là.
    la cc by n'impose nullement qu'on redistribue les oeuvres dérivées sous la même licence.
    edit : disons, la CC BY n'oblige pas de pouvoir accéder "au code source"... puisque "l'accès au code source", dans le domaine artistique, est une préoccupation qui ne se traduit pas de façon évidente (pistes ? partitions ?).
    effectivement, mais par contre si au contraire, c'est évident. l'accès aux sources, pour une oeuvres artistique, c'est tout simplement avoir accès à tous les éléments qui ont permis à l'oeuvre d'advenir.
    Mais alors dans ce cas aucune licence pensée pour les œuvres n'est une licence libre (enfin du moins si on se base sur ces 4 libertés) !
    ce qui va de soi, puisque les 4 libertés, c'est uniquement pour les oevures utilitaires.

    je ne comprends pas pourquoi incauda a envie de sortir le bazooka... ceux qui soutiennent que le libre, ce sont les 4 libertés et rien d'autres se trompent, c'est tout. ceci étant, les perspectives sont terrifiantes en fait, car ils ont une vision purement utilitaire du monde... le "libre des 4 libertés des utilisateurs" appliqué à tout, et on a très vite un monde totalitaire...

    comme je le dis dans mon texte (l'édito), pour moi, le libre sert à casser les verticalités...

    le corollaire, c'est bien qu'on peut se retrouver confronté à des monuments de verticalité dans le "libre" (donc on est à des années-lumière de l'esprit du libre)... de même qu'on peut trouver l'esprit du libre dans plein de choses qui n'ont rien à voir avec les licences libres.
  • Chose curieuse, Dj3c1t écrit quasi mot pour mot la question que j'avais soulevé auprès du bureau... Il était prévu qu'on poste un fil sur le sujet... mais vous êtes trop rapide.

    Reste que la question soulevée par Dj3c1t est fondamentale et je la reformulerais également autrement :
    Quel est notre plus grand dénominateur commun?

    Si on devait se définir en quelques lignes, qu'est-ce qu'on pourrait dire sur nous avant qu'il y ai toute une part d'entre nous qui ne se reconnaisse plus du tout dans la définition?

    Même si je pense qu'il faut qu'on s'émancipe de notre filiation avec le logiciel libre (j'en serait même à dire que le terme "culture libre" est pourris), il faut reconnaitre que cette affaire des quatre libertés fondamentales est redoutablement efficace!

    Comment peut-on se définir en dehors d'anti-SACEM, anti-ACTA, anti-TRUC (les ennemis commun, c'est le plus rassembleur en même temps) ? En disant la musique libre c'est CA?

    A la louche j'étendrais un peu la définition de Dj3c1t :

    La culture libre c'est mettre en avant la création le partage et l'accès à la culture sans condition de ressource, de situation géographique, de position sociale...
    Par extension, les licences, les logiciels libres, les archives type dogma, sont des outils qui ont pour objectifs de tendre vers un partage le plus juste et plus équitable pour le plus grand nombre de personne possible...
  • février 2012 modifié
    Il y a quelques années j'ai essayé de répondre de mon humble point de vu à la question
    "Qu'est-ce que le Monde Libre ?"
    http://morne.free.fr/celluledessites/OeilZinE/lemondelibre.htm

    C'est relativement exhaustif car la question n'est pas limitée à la musique et fait plus sens en reliant avec les autres domaines de création (donc je ne recopie pasdans ce post mais si ça peut aider et qu'il y a des passages intéressants hésitez pas à copie/coller).

    Par contre ce n'est pas actualisé exemple il y a encore trace de megaupload... ou de ralamx au lieu de cassandre :lol:
    Ou encore pour wikipedia pour moi avec leur neutralisation des articles ils sont désormais tout sauf libre, si ils voulaient ne pas être tyranniques il serait souhaitable qu'ils ne fassent pas de censure, mais soi, indiquent l'orientation de l'article quand il est n'est pas neutre et ainsi laisser le choix au public, ou si c'est trop complexe juste mentionner en marge que telle partie est orientée. C'est a mourir de rire le mythe de la neutralité, ça doit sans doute vouloir dire la normalité définie par les medias mainstream ?

    """""Edit Je venais de lire le 23 eme message et je voulais éditer mon post parcequ'après reflexion même si ça m'horripile que toutes les personnes a qui j'ai eu à faire sur wikipedia* se servait du pouvoir que donne la règle relativement arbitraire de neutralisation (car des qu'il y a deux mots proches pour dire une chose il n'y a plus de neutralité que de la subjectivité) sans aucune ouverture d'esprit, j'ai horreur de centrer sur mon expérience pour généraliser ou "globaliser" et je suis sur qu'il y a foultitude de personnes qui ne se comportent pas comme ça et font de leur mieux pour les autres. Donc mes excuses pour mon erreur. C'est pas parcequ'on aime ses amis qu'il y a besoin d’être plus sévère avec eux.. Et la je suis tombé sur ce http://taenia-solium.net/doc/a_quoi_sert.pdf et en faite même si je trouve la joute réthorique poilante sometime, je rejoins a 200% desfois ça fais du bien de ce demander quels sont nos objectifs. Et là on part en sifflotant refaire de la musique ou aller faire plaisir au domaine public.

    http://www.archive.org/details/TheIdeaByBertholdBartosch1932

    *D'ailleurs sans cela il y aurait un article pour la brosse a dent électrique l'instrument DIY par excellence...
  • BSD et CC-By sont des licences libres au sens des 4 libertés, mais elles ne sont pas Copyleft.
    Bon, ça, c'est pour la sémantique.

    Après, Stallman, et l'art libre, on peut en parler longuement, mais en tant que LAListe (s'il faut m'identifier), c'est certainement pas en lui que je vais m'identifier pour ça. Je vous rappelle qu'en 2009 à Nantes (et il l'a répété depuis), il disait que l'art n'avait pas à être libre, que 10 ans de copyright, était bien le moins, etc., etc. et un monceau de trucs que je n'ai toujours pas avalé (le théâtre n'est pas un art qui peut devenir libre, car pas numérisable, etc.).


    Bon, donc tout ça pour dire, il ne s'agit pas d'être un geek, et il ne s'agit pas d'être un disciple de Stallman pour défendre le principe du Copyleft. Le pourquoi est simple, tu l'as toi-même dit incauda : la liberté n'est pas l'asbence de contraintes. A mon sens, le copyleft est la contrainte la moins contraignante et la plus efficace pour assurer la liberté pour tous. Après, ça n'est pas fondamentalement le débat, mais comme ça traîne sur deux ou trois topics depuis un certain temps, ça me semblait important de préciser que les lalistes et autres libristes pur jus ne sont pas tous des geeks barbus qui tripent de pouvoir appliquer à l'art ce qu'ils font aux logiciels.
    Et je crois à la notion de source en musique, et je peux vous le démontrer quand vous voulez.
    Pour autant, je n'impose rien à personne, et je voudrais préciser que Dogmazic non plus, et que, malgré que le bureau est hanté et majoritairement habité par d'horribles extrêmistes copyleftiens, il ne nous est pas venu une seule fois à l'idée de faire disparaître les autres licences (à l'exception de CC3.0 qui pose quand même de sérieux problème, notamment pour une archive musicale comme Dogmazic).


    Bon, ma vision du libre, maintenant, c'est très simple, c'est du partage, c'est une libération des publics (et des utilisateurs, dans le cas du logiciels, car il y a matière à rapprocher les deux, pas dans leurs essences, mais dans ce qu'il représente comme potentiel de libération/embrigadement des peuples) et c'est, ça devrait être, ça deviendra, clairement, et autant que possible de l'échange non-monétarisé (ce qui n'est pas tout à fait l'absence de commerce, même si je pense que fondamentalement, on est d'accord).

    Le libre, c'est le fait que je puisse apprendre un morceau à un de mes élèves de basse, sans me dire que j'ai pas le droit, et sans devoir lui dire "tu iras le télécharger, ahem, enfin bon...".
    Le libre, c'est descendre l'artiste du piédestal sur lequel on l'érige (dans très peu de cas, mais il est bien connu que les autres ne sont pas des artistes), et enfin le ré-intégrer dans la société à une place usuelle, où il rencontre les gens, discute avec eux, partage, et donc potentiellement transmet. Pour transmettre, je vois mal de choses plus probantes que le libre.
    Enfin, le libre, c'est la possibilité que tout le monde puisse créer, puisqu'il n'y a plus de piedestal, c'est la possibilité de créer à plusieurs, que ça soit initié par un auteur originel, ou par des auditeurs qui ont eu envie (perso, j'aurais des envies avec des titres de Queen of the Stone Age, depuis longtemps, ou avec des Zappa, ou des trucs du style, et je fais quoi.... je ronge mon puitain de frein...)... Sur ce point, le ND ne me paraît pas tout à fait favoriser le partage. il favorise l'échange, mais le partage, je ne sais pas....
    Bref...
  • Salut,

    Dis moi ORL, tu peux expliciter un peu le point suivant ? Je ne suis pas sûr de bien saisir, quoique j'ai ma petite idée, mais bon je suis pas certain...
    ORL_AMMD écrit:
    (dans très peu de cas, mais il est bien connu que les autres ne sont pas des artistes)

    Merci d'avance et bonne journée
  • "etc les autres ne sont pas des artistes" est une caricature de l'artiste tel qu'il est présenté dans les médias de masse : ceux qui passent à la télé sontdes artistes, les autres sont trop nuls pour être considérés comme artistes, c'est pour ça qu'ils ne passent pas à la télé. Ce qui fait l'artiste, dans les médias actuels, c'est le label de qualité "vu à la télé", omme pour la camelote en cochonium massif pour laquelle le marketing n'a pas d'autre argumentaire pour tenter de convaincre de l'acheter.
  • février 2012 modifié
    taro écrit:
    je ne comprends pas pourquoi incauda a envie de sortir le bazooka... ceux qui soutiennent que le libre, ce sont les 4 libertés et rien d'autres se trompent, c'est tout. ceci étant, les perspectives sont terrifiantes en fait, car ils ont une vision purement utilitaire du monde... le "libre des 4 libertés des utilisateurs" appliqué à tout, et on a très vite un monde totalitaire...

    S'ils ne faisaient que se tromper paisiblement dans leur coin. Mais on ne peut plus discuter de rien sans qu'un gusse vienne baver sur la clause NC, ou dire que s'il y a des restrictions, c'est pas libre. C'est gonflant à la longue. On dirait un syndrome de la Tourette.
    Pas plus tard que récemment, sur la liste cc-fr, à propos de l'accord SACEM-CC, un gars par ailleurs assez affûté (ce qui est d'autant plus triste), n'a pas pu s'empêcher de répéter à chacune de ses interventions que de toutes façons, les CC BY-NC ne sont pas des licences libres. Et ta soeur ? Elle est libre ?
    Ici aussi, ça n'arrête pas : et que la clause NC elle est floue, et que la non-commercialité ceci, et que la contrainte celà, et que le pauvre coiffeur il est opprimé par le méchant auteur tyran...

    Donc, y a un moment, si vraiment ces gens veulent le monopole du mot "libre", ben peut-être qu'il faut leur laisser, mais surtout ne plus rien avoir à faire avec eux.
    ORL_AMMD écrit:
    Le pourquoi est simple, tu l'as toi-même dit incauda : la liberté n'est pas l'asbence de contraintes. A mon sens, le copyleft est la contrainte la moins contraignante et la plus efficace pour assurer la liberté pour tous.

    Et à mon sens, c'est le NC qui est la contrainte la plus efficace pour assurer la liberté pour tous. Nous avons donc une divergence tactique, ce qui, à mon sens, ne doit pas nous empêcher de nous retrouver dans le cadre d'une stratégie globale. Il y a donc une synthèse ou une alliance possible, et je pense que MLO/Dogmazic devrait être le terrain idéal pour cette synthèse... à condition de pas stigmatiser en permanence le choix tactique de la NC.
  • à condition de pas stigmatiser en permanence le choix tactique de la NC.

    Tactique... Ou peut-être, bien, stratégique.
  • février 2012 modifié
    shangril écrit:
    Tactique... Ou peut-être, bien, stratégique.

    Si l'on est tous d'accord pour que l'objectif stratégique à (très) long terme soit "à chacun selon ses besoins", "justice partout police nulle part", "touche pas à l'intimité de mon disque dur", "salaire de base universel sans contrepartie", "mise en commun des ressources propres à la vie et à la création" et autres joyeusetés, alors le copyleft et la libre diffusion sous NC sont deux options tactiques différentes (l'une n'excluant pas forcément l'autre) dans le cadre d'une même stratégie d'ensemble.

    La licence que j'utilise le plus cumule la contrainte NC et la contrainte SA qui sont chacune des outils tactiques de libération face à la domination du capital. Je peux m'entendre avec des lalistes ayant en gros les mêmes objectifs à long terme... pourvu qu'ils respectent ma démarche et ne me bavent pas sur les rouleaux à tout propos sous prétexte que la tactique que j'adopte diffère un peu de la leur.

    Edit : et pour en revenir à la question initiale (c'est quoi le libre ?), si le libre, c'est juste défendre la gestion individuelle des droits d'auteurs contre la méchante gestion collective monopolistique, alors c'est sans moi, car si j'ai deux ou trois trucs à reprocher à la SACEM, ce n'est ni les contraintes de la gestion collective ni le côté monopolistique.
  • Très bien dit.
  • J'aimerais qu'on arrive à "extraire" une idée de ce que représente le libre, de pourquoi il est important sans retomber dans des oppositions de licences. Effectivement chacun sa tactique, sa stratégie. Mais pour faire quoi ? Si la question me semble importante aujourd'hui, c'est parce qu'on peut assez facilement constater deux choses :

    1) certaines pratiques soi-disant "libres" ne le sont en fait pas du tout. et je précise de suite, pour éviter de nouveaux malentendus, que je ne suis pas en train de fustiger la ND ou la NC, mais des initiatives comme Jamendo, ou comme l'accord SACEM / CC par exemple.

    2) d'autres pratiques existent, qui sans pour autant se revendiquer "du mouvement du libre", contribuent pourtant à cette "liberté". Je pense par exemple à certaines assos qui font du bénévolat pour favoriser l'éducation dans des pays où les écoles sont rares.

    Donc de quelle liberté on parle en fait ?

    Au risque de faire un nouveau parallèle avec le monde de l'informatique... j'ai poursuivi un peu ma lecture du site du minizine des cultures libres (où on trouve, au passage, des témoignages vraiment très interessants) et je suis tombé sur une conférence de Benjamin Bayart. J'avais déjà vu celle sur le minitel 2.0, mais pas celle-là où il raconte sa vision de ce qu'est Internet. Pour ceux qui ont déjà vu sa conférence "minitel 2.0", on y retrouve ses idées phares sur la neutralité du net, etc. Mais sa conclusion, vers la fin de la conférence est, je trouve, assez bien vue.

    Grosso-modo : l'imprimerie a eu cette conséquence révolutionnaire de permettre à tout le monde de devenir lecteur, et Internet donne pour sa part la possibilité à tout le monde de devenir rédacteur. On trouve certes beaucoup de rédactions complètement débiles sur le net, mais ça reste quand même un changement énorme. Non pas parce que, tiens c'est cool, je vais pouvoir aussi écrire et diffuser, mais surtout parce que ça change complètement la façon, finalement, de faire de la politique. Je ne parle pas de parti politique, hein, mais du fait que ça donne la possibilité aux gens de s'impliquer dans les débats, d'échanger leurs idées, de les mettre à l'épreuve. Internet donne la possibilité aux gens d'apprendre à argumenter, de pratiquer l'échange, l'écoute... Mais pour que ça marche, pour que le dialogue soit intéressant et constructif, ça implique deux choses :

    1) Les interventions doivent être accessibles. Rester entre 3 clampins dans une salle de réunion à se rabâcher les mêmes idées, c'est beaucoup moins profitable à ces idées, beaucoup moins propice aux remarques judicieusement inattendues, qu'un forum ouvert ou un blog avec la possibilité de réagir aux articles.

    2) Les personnes qui interviennent doivent s'impliquer. Je suis responsable de ce que je raconte et ce sont des idées qui me semblent importantes donc j'en discute avec vous. D'une certaine manière, je m'approprie le débat. Ce débat n'est plus le privilège d'une élite qui va décider pour nous. Et si je veux que ma parole soit entendue, il faut que je m'implique. Il faut que je devienne un citoyen. Il faut que je prenne mes responsabilités.

    Et c'est à mon avis ce que permet le libre, d'une manière générale : le libre donne la possibilité à tout un chacun de devenir acteur de ses idées (et par extension, de ses compositions). Et le libre permet ça parce qu'il rend ces idées accessibles, mais aussi parce qu'il donne la possibilité à leurs défenseurs d'en être responsable.

    And so, pour résumer, ma vision du libre tiendrait dans ces deux notions : accessibilité et responsabilité.

    La NC par exemple, du moins cette approche qui consiste à dire :
    NC-NO-FUCKING-NO-MEANS-NON-COMMERCIAL :)

    Ben c'est une façon comme une autre finalement de pouvoir garder la responsabilité de ses morceaux, et de refuser que leur diffusion ne soit soumise à des contraintes d'un certain type (en l'occurrence ici, c'est donc refuser que la logique de diffusion ne soit soumises à des contraintes commerciales).

    Et sans vouloir démonter la NC, une autre approche qui consiste y voir "le moyen de promo en attendant sony", c'est viser, au final, la prise en main du truc par sony pour pouvoir se défaire complètement de son implication (au profit de sony). Et à ce moment-là, ce n'est donc plus une pratique libre.

    Les licences, en elle-même, permettent donc de "faire du libre", mais n'impliquent pas forcément une démarche "libre".
  • ORL_AMMD écrit:
    Le libre, c'est descendre l'artiste du piédestal sur lequel on l'érige (dans très peu de cas, mais il est bien connu que les autres ne sont pas des artistes), et enfin le ré-intégrer dans la société à une place usuelle, où il rencontre les gens, discute avec eux, partage, et donc potentiellement transmet.
    +1

    @shangril : sans prétendre savoir ce qu'ORL a voulu dire, ce que ça m'inspire, cette phrase, c'est qu'on a plus ou moins pris l'habitude ces dernières décennies d'avoir une sorte de parole divine. Plus concrètement parlant, on a un certain nombre de commerciaux qui décident de mettre le paquet sur un produit. Un artiste, donc, parmis plein d'autres artistes, ces derniers n'étant donc pas présentés comme de "véritables" artistes parce que sinon, le produit phare, il manque de rareté et donc de valeur. C'est une stratégie commerciale vielle comme le monde. Achetez mon produit, parce que tout ce vous trouverez ailleurs, c'est de la camelote. En mode musical, ça donne : achetez tel artiste, parce lui c'est un VRAI artiste (comparé à tous ces amateurs sans valeur).

    Ce genre de discours peut tenir la route et rester "valable" longtemps s'il n'y a aucune "remonté". Et donc tout le monde va se dire : ah ben ouais, c'est quand-même un expert qui le dit donc ça doit être vrai. Le libre replace en quelques sortes l'artiste aux commandes et instaure un autre rapport avec son public, plus direct. donc plus proche de la réalité, mais aussi plus propice aux échanges.

    Plutôt que de passer par des monuments d'institutions inaccessibles, dont la parole n'a que pour but d'être simplement acceptée, on se retrouve, avec le libre, avec une personne parmis d'autres, qui se trouve être artiste et qui échange avec les gens qui s'intéressent à son truc.

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