Je suis assé d'accord kokonotsu sur la capacité qu'ont ces licences (qui sont polymorphes) tout comme les technologies (au moins sur le net), de se transformer et ainsi transformer les usages (ou l'inverse) et donc de proposer de champs de développement alternatifs à l'infini.
C'est d'ailleurs une très grande force de ces licences ( l'exemple parallèle des forks sur le logiciel libre le montre bien).
Et j'ose faire un parallèle avec notre système économique actuel qui devrait s'en inspirer pour muter vers une infinité de possibilité (le durable en faisant partie) plutot que de s'arc-bouter sur des structures d'un autre siècle alors que l'environnement change en permanence.
Donc, sur le "papier" oui, les cultures libres peuvent évoluer d'une façon ou d'une autre, avec ou sans éthique (avec celle qu'on veut bien projeter dedans), avec ou sans les fondateurs ou précurseurs, c'est structurellement la vocation de ce système (dérivation , dissémination, cycle de création multiple avec maintien de la licence).
Mais, parce que j'ai toujours un "mais" à objecter, c'est ne pas tenir compte des réalités environnementales spécifiques aux choses de l'esprit (culture, brevets, ingenierie) qui restent un enjeux économique très important (peut être le plus important pour les 20 prochaines années en europe) et donc qui ne souffre que très peu de voir se développer des alternatives (même si ces alternatives portent en elles des solutions innovantes pouvant justement sauver in finé ces systèmes à la dérive).
La stratégie de récupération (assimilation) volontaire ou involontaire, par l'industrie ou tout simplement consécutive à des comportements et des usages irresponsables (de mon point de vue évidemment), fait que les possibilités d'alternatives structurelles des LL/LO s'en trouvent finalement très réduites et la "marge de manoeuvre" est ténue.
Mais il faut effectivement garder espoir qu'au moins une partie des acteurs (ou bien d'autres nouveaux, à venir) continuent de défendre une certaine éthique contre vent et marées mais l'ampleur du travail qui reste à faire est énorme..
(truc qu'on nous renvoie d'aillleurs à la gueule : nous ne serions qu'une bande d'anarchistes aigris)
Perso je prendrais ça plutôt pour un compliment et une marque de flagornerie enfin sauf peut-être pour le coté aigri. Si les LO sont pratiquées de façon neutre moralement ou idéologiquement, elles auront fatalement pour destin d’intégrer le paysage de l’industrie et des services de masse. C’est ce qu’elles feront sans doute d’ailleurs. Si au contraire, on leur donne une dimension idéologique ou disons morale, elles peuvent être une pratique susceptible par l’exemple de construire une alternative. C’est un moyen pour éviter les dérives type Jamendo ou pire. Je ne vois dans le libre qu’une multitude de pratiques porteuses d’une idéologie et non pas une simple idéologie sans pratique. Entendons nous bien, cela ne veut pas dire que toute œuvre ou tout artiste sous LO doit adhérer à telle idéologie mais la pratique du libre véhicule tout de même un ensemble d’idées particulières. Le fait que l’auteur définisse à priori les droits du public sur son œuvre dessine un conception libertaire du juridique, où la règle est choisie par l’artiste lui-même, le public possédant quant à lui une très grande liberté - dont le champs est toutefois restreint à la carte par l’auteur - quant à l’utilisation de l’œuvre. Pour revenir aux anarchistes aigris : l’anarchisme n’est pas le refus des règles et de la loi mais la possibilité de définir, d’appliquer et modifier (collectivement ou non c’est selon les approches collectivistes ou individualistes) soi-même la loi. Les licences ouvertes prônent une culture qui serait un bien commun à partager dans un soucis disons égalitaire. Ce n’est pas non plus neutre idéologiquement. Enfin bon, je sais bien aussi qu’aujourd’hui idéologie est un gros mot, on lui préfère l’éthique. Je n’accorde pas non plus à ces licences libres plus d’importance qu’elles n’en ont. Il y a tout un contexte de civilisation contre lesquelles elles viennent se frotter et dont elles sont issues elles-mêmes. Malgré l’idéalisme dont elles sont porteuses, elles ne changeront rien à ce contexte, c’est plutôt le système qui les modifiera, par réversibilité. Après tout, Baudrillard écrivait que la seule chose qui est donnée gratuitement, dans un sens du don, dans nos sociétés, est la publicité elle-même…
Pour ce qui est d’une histoire de la musique libre en France, je suis pas un ancien du mouvement. Je fait de la musique depuis presque 20 ans. Je n’ai pas fait d’école ni pris de cours pour ça. Comme beaucoup, j’ai commencé par faire du punk - logique quand on sait pas jouer, une très bonne académie. On ne se souciait guère de la diffusion et de tout le problème légal dans la mesure où les concerts se déroulaient dans des squats ou lieux plus ou moins alternatifs. Les morceaux étaient enregistrés sur du matos pourri puis copiés aux potes. Ce n’est que depuis un nombre très restreint d’années et surtout depuis la massification d’Internet que le problème de la forme et de la légalité de la diffusion se pose. Alors est-il trop tôt ou trop tard pour écrire l’histoire des licences de musique libre ? Ben j’en sais foutre rien. À titre perso, ça m’intéresserait de savoir - de manière anecdotique ou plus analytique - comment sont nées des initiatives comme Dogmazic ou leurs ancêtres. La relation Paris-Province est-elle une dimension à explorer dans cette histoire ? Plus largement, ce serait aussi intéressant de replacer tout ça dans un contexte réellement historique et de trouver à la culture libre une filiation à travers des mouvements passés, au-delà de l’innovation technologique : conceptions de la propriété intellectuelle sous les Révolutions française et américaine, controverses du XIXe s., projet de J. Zay, loi de 1957, contre-culture des années 60-70, mouvement punk et alternatif etc.
Réponses
C'est d'ailleurs une très grande force de ces licences ( l'exemple parallèle des forks sur le logiciel libre le montre bien).
Et j'ose faire un parallèle avec notre système économique actuel qui devrait s'en inspirer pour muter vers une infinité de possibilité (le durable en faisant partie) plutot que de s'arc-bouter sur des structures d'un autre siècle alors que l'environnement change en permanence.
Donc, sur le "papier" oui, les cultures libres peuvent évoluer d'une façon ou d'une autre, avec ou sans éthique (avec celle qu'on veut bien projeter dedans), avec ou sans les fondateurs ou précurseurs, c'est structurellement la vocation de ce système (dérivation , dissémination, cycle de création multiple avec maintien de la licence).
Mais, parce que j'ai toujours un "mais" à objecter, c'est ne pas tenir compte des réalités environnementales spécifiques aux choses de l'esprit (culture, brevets, ingenierie) qui restent un enjeux économique très important (peut être le plus important pour les 20 prochaines années en europe) et donc qui ne souffre que très peu de voir se développer des alternatives (même si ces alternatives portent en elles des solutions innovantes pouvant justement sauver in finé ces systèmes à la dérive).
La stratégie de récupération (assimilation) volontaire ou involontaire, par l'industrie ou tout simplement consécutive à des comportements et des usages irresponsables (de mon point de vue évidemment), fait que les possibilités d'alternatives structurelles des LL/LO s'en trouvent finalement très réduites et la "marge de manoeuvre" est ténue.
Mais il faut effectivement garder espoir qu'au moins une partie des acteurs (ou bien d'autres nouveaux, à venir) continuent de défendre une certaine éthique contre vent et marées mais l'ampleur du travail qui reste à faire est énorme..
Pour ce qui est d’une histoire de la musique libre en France, je suis pas un ancien du mouvement. Je fait de la musique depuis presque 20 ans. Je n’ai pas fait d’école ni pris de cours pour ça. Comme beaucoup, j’ai commencé par faire du punk - logique quand on sait pas jouer, une très bonne académie. On ne se souciait guère de la diffusion et de tout le problème légal dans la mesure où les concerts se déroulaient dans des squats ou lieux plus ou moins alternatifs. Les morceaux étaient enregistrés sur du matos pourri puis copiés aux potes. Ce n’est que depuis un nombre très restreint d’années et surtout depuis la massification d’Internet que le problème de la forme et de la légalité de la diffusion se pose. Alors est-il trop tôt ou trop tard pour écrire l’histoire des licences de musique libre ? Ben j’en sais foutre rien. À titre perso, ça m’intéresserait de savoir - de manière anecdotique ou plus analytique - comment sont nées des initiatives comme Dogmazic ou leurs ancêtres. La relation Paris-Province est-elle une dimension à explorer dans cette histoire ? Plus largement, ce serait aussi intéressant de replacer tout ça dans un contexte réellement historique et de trouver à la culture libre une filiation à travers des mouvements passés, au-delà de l’innovation technologique : conceptions de la propriété intellectuelle sous les Révolutions française et américaine, controverses du XIXe s., projet de J. Zay, loi de 1957, contre-culture des années 60-70, mouvement punk et alternatif etc.