genre c'est pas la peine de chercher puisque tout a été fait (c'est pas bien)
Dans le domaine de l'art pictural, la grande question pendant un temps (et encore dans une certaine mesure aujourd'hui) a été celle de la représentativité et du réalisme. Les peintres ont longtemps cherché le mimétisme, avant que l'invention de la photographie ne leur fasse dire (à partir du milieu de 19e siècle) que ça ne servait à rien. À quoi bon faire imparfaitement ce que la photographie fait automatiquement ? Ils se sont donc tournés vers l'impressionisme, l'art abstrait, etc.
En 2000, Joann Sfar reprochait à Jean Giraud/Moebius de produire un dessin figé car sans cesse tenté par la représentation minutieuse du réel. Giraud répondait que ce qui était important, c'est qu'il n'y arrivait pas : tendre vers, mais ne jamais atteindre.
Il faudra que je retrouve les termes exactes de la réponse de Giraud.
Bon, je sais même plus ce que je voulais dire au départ, mais ça m'a fait penser à ça.
Ah oui, tendre vers l'originalité, mais ne jamais l'atteindre…
En littérature, ça fait un siècle que l'on estime que tout à déjà été écrit, et dans une certaine mesure l'innovation littéraire au 20e siècle a consisté à défaire ce qui avait été fait jusqu'ici (pourtant sans jamais l'effacer ou s'en abstraire tout à fait). Postmodernisme, quand tu nous tiens…
The_Archdude, tu as l'air de dire que sans recherche de l'originalité (qu'il soit encore possible d'innover ou pas), l'art n'a pas d'intérêt ou de justification. C'est d'ailleurs, en gros, la posture économique d'analyse de la propriété intellectuelle : l'innovation artistique profite à la société, et il faut donc la protéger (droit d'auteur) pour produire des incitations à innover. Mais si jamais la création n'est pas innovante, la protection se justifie-t-elle encore ? Ne faut-il pas envisager la création artistique comme une activité pas nécessairement novatrice ?
Bon, on peut dire qu'il y a toujours quelques innovations. L'esthétique des années 2000 n'est pas celle des années 80, qui n'était pas celle des années 60. Fort bien. Peut-être est-ce le manque de recul qui nous empêche de voir l'originalité des formes en cours. Sauf que voilà, il s'agit plus d'évolutions esthétiques globales que d'innovations personnelles. Au niveau de l'individu artiste, où et comment définir l'originalité ?
Pour ma part, je ne dis pas que l'originalité n'existe pas (même si je ne sais pas vraiment ce que c'est…), mais que l'originalité comme alpha et omega de la valeur esthétique m'emmerde profondément. Il y a des artistes originaux et chiants comme la pluie, avec une œuvre pas personnelle pour deux sous, etc.
Au niveau de l'individu artiste, où et comment définir l'originalité ?
Je pense que le noeud du problème se situe la justement. Déja comment savoir si un artiste est original.
Il existe encore beaucoup de groupes de musique qui ont fait changer la musique dans leur époque
s'ils existent encore mais que de nos jours ils ne sont forcement plus autant innovateur que lors de leurs grands jours sont ils originaux ou pas ?
un bon exemple est Sonic Youth je pense
De toute facon l'originalité pour moi ne correcpond pas à la révolution du Rock ou de la musique electronique. C'est pas spécialement le changement radical des sonorité mais plus la manière de traiter un sujet.
Pour prendre un groupe plsu recent : And You Will Know Us By The Trail Of Dead
A part le nom le groupe a d'interressant qu'il mixe la musique classique avec le punk
Je ne dis pas que ca n'a jamais été fait dans le principe mais le mix est tellement different ...
Maintenant y'a des truc super classique qui sont très bien mais une fois qu'on a compris les règles du genre ...
Un autre exemple tien , je suis en forme ce soir : le blues
J'adore jouer du blues , c'est terrible, pourtant y'a pas plus redondant que le blues.
Le vrai 12 old bar blues c'est toujours les même accords et les mesures sont fixés.
Alors oui j'aime bien en jouer et m'amuser a comprendre mais j'écoute pas de blues , je trouve ca un tantinet chiant
tout ca pour ne rien dire , mes posts sont un peu décousu , je me rend compte
en tout cas je ne dis pas que l'art n'a pas d'interet sans innovation, je dis juste que lorsque je découvre quelque chose dîinnovant, et ne serait-ce qu'une bonne idée , ca me fais sourir, et j'aime ce sentiment
on essai de toucher les autre quand on fait de musique , personne ne me contredira la dessus, seulement on a tous des facons différentes de la faire.
pour en revenir au sujet , j'adore Manu Larcenet mais je trouve qu'il accorde trop d'importance aux gens qui le critiques et aux critiques qui sont payés pour ca.
Ca se voit sur son blog (déja qu'il a coupé les coms et son adresse email)
Je veux dire que la encore c'est une question de plaisir , et que si ca lui fais plaisir de faire des Bd comme ca he ben qu'il continue, et si critixman ca lui fais plaisir de le descendre il a qu'a continuer
Personne n'en sera plus triste pour autant dans la théorie en tout cas.
Il faut imaginer que critixman a eu une enfance malheureuse et qu'il voulais vivre de la Bd mais qu'il n'a pas eu les idées alors il fait critique et on verra tout sous une autre perspective.
Surtout que je n'ai jamais vu une mauvaise critique de Larcenet a part sur son propre blog.
Y'a un truc qui m'a marqué c'est justement dans le combat ordinaire , le perso principale apprend a dissocier l'artiste de son oeuvre (avec le photographe). Et en voyant tout le bordel qu'il y a eu sur son blog je me disais que ca pouvais trop s'appliquer sur lui. Je dis ca sans aucune méchanceté bien sur , dans le bouquin le gars c'est un con , mais je ne connais pas Larcenet je ne juge pas. C'est juste que je vois vraiment un décalage entre ses travaux et son blog, un décalage de ton surtout.
toutes musiques ou art est situé dans une epoque , un style....quelque chose... originale ....en etant "décalé" , certain le font avec leurs emotions, d'autres avec des objets (un urinoir au plafond), d'autres em melangeant....
il faut trouver une idée pour sortir du bocal.....
beaucoup de choses ont été faites c'est vrai, mais l'infini c'est grand...et des solutions y en a surement...
souvent l'originalité dérange..... peut etre pour comprendre l'originalité il faut trouver ce qui nous derange!
reprenons donc à zéro
n'est-ce pas justement ce que signifie l'original ?
qui fait signe vers l'origine ?
A l'origine forcément, se situe quelque chose dont on ne peut pas dire grand chose sinon qu'il est le premier
Ainsi, dans une cosmothéologie créationiste, il faut bien qu'il y ait un premier, dont on ne pourra rien dire ou presque, sinon qu'il est le premier.
A ce titre, dans toute la pensée cosmothéologique occidentale, la seule authentique originalité, c'est dieu (ou l'Un ou ce que vous voudrez)
(je note au passage que dans une pensée de type non créationiste - l'éternel retour pâr exemple, il n'est aucune origine à proprement parler, l'origine n'est que la dégradation de la fin, laquelle n'est que l'entropie de l'origine)
Evidemment, nous n'entendons pas l'original toujours en ce sens (quoique...)
Nous confondons l'original avec l'excentrique (manière de stygmatiser l'excentrique qui se croit original, mais ne saurait stricto sensu l'être)
L'excentrique lui, s'éloigne à ce point du centre du cercle - lequel indique la norme (toujours mouvante à vrai dire), qu'on tend à le situer carrément au-dehors.
mais il n'est original que relativement à ce centre, c'est-à-dire à un système ordonné à des normes. Sa primauté, sa fraicheur, ne vaut pas mieux que celle des légumes qu'on fait pousser dès la fin de l'hiver dans les campagnes bretonnes au nord de Morlaix et qu'on désigne justement sous le nom de primeurs)
Bref
A l'Original j'aimerais accoler cette jolie définition, qui a au moins le mérite de la précision de la zoologie :
L'orignal (Alces alces) est le nom familier donné à l'élan d'Amérique.
L'origine du nom orignal vient de orignac, qui est la forme plurielle d'un mot basque désignant les cervidés. Aux premières années des colonies, les premiers colons français l'ont appris des Basques qui venaient régulièrement pêcher la morue sur les côtes de l'Atlantique, notamment dans le fleuve Saint-Laurent.
On méditera longuement sur les accointances étranges que les originaux semblent entretenir avec les morues et le fleuve Saint-Laurent, mais on prendra garde de ne pas considérer avec trop de condescendance ces contributions basques aux mystères des origines.
Il y a peu d'hommes vraiment originaux ; presque tous se gouvernent, pensent et sentent par l'influence de la coutume et de l'éducation, VOLTAIRE. Remarques sur les Pensées de Pascal.45.
Waou merci dana pour la contribution, je me sens plus intelligent tout d'un coup (parce que j'ai compris le raisonnement, et je vais pouvoir le ressortir au cours des mes prochaines soirées mondaines).
L'originalité serait donc une norme linguistique basque, tandis que coller aux basques de la norme serait un signe de non-originalité. Je prends note.
Plus sérieusement, il me semble qu'entre les notions d'originalité et d'excentricité (en prenant les sens premiers plutôt que les connotations courrantes), on s'y retrouve déjà mieux. Ce qui me fait plaisir, car en bon intellectuel compulsif j'aime à cartographier le champ des idées (malgré la vanité de la chose ?).
Mon background (comme on dit) philosophique est bien maigre, et l'idée selon laquelle l'originalité vraie serait le propre du divin (le pré-existant de l'univers, l'origine de toute chose) ne m'évoque pas de grand auteur grec, allemand, néerlandais ou danois. Par contre, ça me rappelle l'œuvre de l'ami Tolkien, qui transpire de cette idée d'originalité parfaite impossible. À vrai dire, il me semble que la tentation de créer à partir de rien (une création originale, donc), d'être seul créateur de l'œuvre plutôt que créateur associé, est le signe des grands vilains de l'histoire… ou des simples égarés.
Bien sûr, Tolkien était un catholique convaincu, qui a d'ailleurs converti son ami CS Lewis avant de se friter avec lui pour des divergences esthétiques (Lewis a écrit des allégories religieuses, et Tolkien méprisait l'allégorie)… enfin, aussi un peu parce que Tolkien et la femme de Lewis ne se supportaient pas, ce qui aide à transformer une dispute esthétique en rupture durable.
Bon, je m'écarte du sujet.
Bref. L'Homme, pour faire preuve de véritable originalité, devrait se substituer soit au divin, soit à l'univers (ce qui revient un peu au même). Et si on réfute l'existence du divin, y a-t-il encore une origine ? Et s'il y a une origine (le big bang, par exemple) sans divin, si l'origne n'est pas le résultat d'une volonté, il est donc impossible d'être original par la volonté : il faudrait à la fois être l'univers, et être dénué de volonté (sinon, on est Dieu…).
Où comment la controverse sur une conception esthétique ramène à la question de l'origine de l'univers…
Maintenant, si on décide de ne pas trop jouer avec les mots (dommage…) et que l'on pose « original = différent de la norme », on se retrouve sur les problèmes de définition de la norme, qui non seulement est mouvante, mais de plus est multiple ! À la rigueur, il suffit de deux personnes pour faire une norme.
Prenons une œuvre artistique. Disons qu'elle a au moins UN trait « original ». Si ce trait est a-normal, c'est à dire non conventionnel, ne correspondan à aucune norme, ce trait de l'œuvre peut-il être compris, ou même perçu ?
S'il est compris/perçu par certains, c'est sans doute que ce groupe de personnes y reconnaîtra une norme plus confidentielle mais que les membres du groupe partagent.
Pour ma part, je constate que bien souvent l'innovation artistique provient :
– du contrepoint d'une norme (on nie la norme en la supprimant, ou on crée une norme inverse) ;
– de la collusion de deux ou plusieurs normes jusqu'ici rarement associées.
Le tout pourra former une nouvelle norme esthétique. Si un musicien prend une norme A dans la musique occidentale et une norme B dans la musique orientale pour donner un ensemble AB, et que pour un groupe conséquent de personnes cet ensemble AB devient familier et difficilement dissociable (un peu comme l'acronyme sonar dont on connaît rarement la signification de départ), alors on assiste à la naissance de la norme AB.
Un peu comme ce qui se passe en linguistique, avec le processus de lexicalisation (sonar est un acronyme très fortement lexicalisé, car le processus qui a servi à le produire n'est plus perçu par le locuteur).
Alors quoi, l'originalité ne serait que l'utilisation d'une norme plus confidentielle, comprise par certains mais pas directement compréhensibles par le plus grand nombre ?
Si c'est le cas, on peut y voir un comportement élitiste, ou au contraire un certain dynamisme culturel : en mettant en avant des normes confidentielles, on popularise ces normes, qui deviendront des référents pour un plus grand nombre d'artistes, qui à leur tour chercheront des normes plus confidentielles pour fuire la norme trop répandue.
Bref, on n'invente rien, on ne crée rien (selon le sens premier de « création »), mais on compose et on modèle. On participe à un renouvellement constant, qui n'a pas de sens autre que sa propre dynamique de renouvellement des normes.
Fort heureusement, le nombre de normes disponibles est suffisamment vaste, et les combinaisons multiples suffisamment nombreuses, pour que ce processus de renouvellement n'implique pas un retour au point de départ.
Pour finir, j'ai un peu évacué la question de l'innovation fondamentale. On a déjà dit qu'elle relevait du divin, mais à un niveau moindre on peut imaginer qu'une personne (ou souvent un groupe de quelques personnes) ait une idée novatrice qui ne tienne pas à la combinaison ou à la perversion de normes existantes. Disons que c'est possible. Dans ce cas, on sera d'autant plus enclin à parler d'originalité.
MAIS : il faut que la nouvelle norme créée puisse être explicitée, pour ne pas rester complètement confidentielle. D'où l'activité importante des différents courants esthétiques qui se créent pour expliquer une nouvelle norme. Cf l'exemple classique des surréalistes.
Je voulais juste signaler à The Archdude que Sonic Youth a été original dans les années 80.
Et encore certains dirons qu'ils n'ont fait que repomper Glenn Branca...
Mais en grand fan du groupe je dirais qu'ils ont amené de l'originalité en effet.
Toutefois ça fait 20 ans environ...
oui justement ca fait 20 ans , mais le groupe est encore vivant , est -ce un groupe original ?
sinon oui bien sur ils ont pompé glenn branca ,mais y'avais quand même pas de paroles chez branca et pas d'improvisation (bien que je ne soit pas sur pour ce dernier point)
Donc on en vient a la norma AB : A=punk B=branca
ce qui pour moi est clairement de l'originalité
en repassant tous ces posts en revue je note ceci :
L'originalité réside aujourd'hui à mon avis uniquement dans la personnalité de l'artiste, son histoire, ses émotions...
dit eOle
ça me plaît bien ça
dans mon langage je traduirais en :
"l'oeuvre originale c'est celle où s'y trouve la trace d'un sujet" . Sujet au sens de la psychanalyse (qui est le sens décrit par eOle en fait : l'histoire de la personne, affective, émotionnelle, intellectuelle etc..)
En effet quoi de plus original qu'un Sujet ?
là on peut rapporcher le mot "original" du mot "singulier" ou "singularité"
Il n'est pas deux sujets en tous points pareils
Toute oeuvre porte plus ou moins la marque d'un sujet
(après il y a du plus et du moins.. Si on compare Laurie et Dana Hilliot, on sent bien qu'il y a du plus et du moins. Quoique je sois disposé à croire que Laurie se pose dans on oeuvre en tant que sujet, qu'elle y mette un peu du sien quoi.. suffirait qu'elle me l'explique.. faut que je lui demande tiens)
pour la question de la norme dont parle mpop..
tout cela est fort juste
mais l'occident contemporain a vis-à-vis de la norme un rapport très différent des sociétés antérieures
Il me semble qu'une distinction doit être faite ici
(et il y a des tas de bouquins à ce sujet depuis l'école de franckfort)
dans la société pré-contemporaine, la norme est relativement incarnée, elle se confond à la fois avec un ensemble de valeurs (inscrites, enseignées) et de personnages (l'instituteur, le curé, le patron, le maire, le maître en général).. je simplifie bien sûr.
dans les sociétés dites post-modernes, la norme est détachée, désarrimée. le système des valeurs se disloque, ce qui ne signifie pas du tout qu'il n'y ait plus de pouvoir normatif, au con,trairre, mais que ce pouvoir, pour s'effectuer, emprunte des voies bien moins visibles qu'autrefois. On le voit très bien par exemple, quand on s'intéresse au statut de la folie dans la France d'aujourd'hui, où se situe la frontière entre le normal et le pathologique, etc... Et en règle général, où commence l'altérité, jusqu'à quel point pouvons nous supporter la singularité, etc..
Ce qui me frappe concernant l'art et les artistes, c'est l'impossibilité désormais de subvertir quoi que ce soit, non pas tellement pârce que tout aurait été fait (qui donc pourrait en jurer ?), mais parce que justement la culture est elle-même NORMATIVE. le monde contemporain, le capitalisme radical, est une vaste entreprise de normalisation, de nivellement, de neutralisation de l'altérité, du singulier, des émotions, de l'histoire personnelle etc.. qui aboutit au DENI du Sujet. L'artiste dans cette histoire est happé comme les autres dans ce grand trou noir qui avale toute altérité.
Donc : la Norme est de mon point de vue un effet, et j'ai envie de dire, un effet de pouvoir. Elle n'existe nulle part, mais elle s'effectue et agit partout. Elle détruit les sujets un par un, à commencer par les plus vulnérables (les psychotiques, les pauvres, les délinquants, les enfants sauvages). Elle est portée par la nation elle même, par une force inconsciente collective, à travers les discours et les actes, elle se nourrit de la peur et de la précarité. Lisez le discours de Sarko à Agen d'il y a 3 jours. Le problème n'est pas Sarko, le problème ce sont les gens qui applaudissent, ou plutôt, cette partie de nous qui applaudit en silence.
Ton dernier post The Archdude pose surtout la question de la durabilité de l'originalité.
D'une part on peut dire que Sonic Youth est original parce qu'ils font une musique qu'eux seuls savent faire et qu'ils ont plus ou moins inventée.
Mais d'autre part on peut considérer qu'ils ne sont plus originaux car ils continuent de faire toujours la même musique (sans rentrer dans le détail des variations et de leur évolution musicale progressive), et n'apportent donc plus rien de fondamental.
Donc faut-il considérer que leur oeuvre est toujours originale parce qu'elle l'a été à un instant donné ou faut-il considérer qu'elle ne l'est plus car elle n'a par la suite pas évoluée suffisamment pour se démarquer d'elle-même (du moins de sa version antérieure) ?
En bref il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte.
Ce qui montre une nouvelle fois (et j'en suis aussi le preuve) que l'homme peut se prendre la tête sur des choses qui ne font pas vraiment avancer le schmilblick, car ce qui compte c'est plus l'oeuvre en elle-même que son rapport aux autres oeuvres.
car ce qui compte c'est plus l'oeuvre en elle-même que son rapport aux autres oeuvres.
Ça, cher ami – tu permets que je t'appelle « cher ami » ? –, ça se discute. Ou du moins ça ne va pas de soi.
Pour revenir sur un peu tout ce qui a été dit, on voit que dans l'usage courant du mot « originalité » se trouvent des notions que l'on ne peut pas vraiment confondre ou assimiler entre elles :
– l'Origine et le divin (certes, on n'y pense pas systématiquement, mais il suffit que l'on évoque une originalité « complète », « absolue » ou « parfaite » pour que l'on se rende compte de cet aspect métaphysique) ;
– l'excentricité et le rapport à la Norme ;
– la singularité et la trace du Sujet dans l'œuvre.
Mine de rien, je pense qu'on n'a pas réfléchi pour rien dans ce sujet. En tout cas, moi je trouve que ça m'est profitable
original n'a pas toujours eu, LOIN DE Là !!, une conotation positive !
c'est vraiment quelque chose de contemporain cette valorisation, cette recherche de l'originalité.. Dans la plupart des sociétés et dans l'histoire, il ne fait pas bon s'afficher ou être reconnu comme original, singulier, excentrique etc..
Selon les contextes ça peut valoir la prison, voire le lynchage et pire
(et d'ailleurs... je m'attends à un retour de bâton de ce point de vue)
L'originalité en musique.. humm.. je pense que c'est un problème de sociétés relativement tolérantes et qui peuvent se permettre de jouer à qui sera le plus original..
tant mieux après tout
mais de mon point de vue c'est un problème assez peu crucial... peu intéressant..
Quand les libertins au XVIIè-XVIIIè par exemple, s'affichaient comme des "originaux" (voire les citations du Littré), ça pouvait s'avérer un jeu dangereux.. mais évidemment, nos prétentions à l'originalité aujourd'hui font un peu sourire.. 'pusique désormais l'originalité, comme l'éternelle jeunesse, est la règle. A titre personnel, je me sens vieux moche con et absolument sans aucune originalité
bah moi je te trouve , tel ton sujet , très original
en fait
je sais pas pour vous
mais je pense que le mot excentrique me conviendrait mieux
excentré
un peu comme tous ceux de mlo
dans nos pratiques musicales nous sommes excentrés, si on considère que le centre est situé quelque part au "coeur du marché" comme ils disent, ou dans les arcanes des reconnaissances institutionnelles
je repense au grand livre d'Howard Becker sur les mondes de l'art
avec ce paradigme IN / OUT
insider / outsider
évidemment on peut devenir insider dans une certaine mesure
et demeurer outsider dans une autre
tout cela est très relatif, mais s'inscrit tout de même dans un rapport de force et de pouvoir
le modèle français, marqué par le pouvoir important des institutions, fait qu'il existe un paradigme vertical très prononcé, avec du coup des mondes de l'art sous-exposés (par exemple : les musiques sous licence de libre diffusion, l'indie-folk , peu ou pas reconnus par les instances légitimantes (le ministère de la culture, les experts, les médias etc..)
Dans les pays plus libéraux, où l'Etat ne prend pas en charge directement les affaires culturelles, où on laisse le marché librement opérer ses choix (plutôt que de les "soutenir", comme on fait en France en ce moment, alors qu'on aurait pu s'attendre à ce que l'état "corrige" le marché), les mondes de l'arts outsiders s'organisent de manière plus autonomes sans référence explicite aux mondes de l'art dominants (l'industrie du disque par exemple).
Plutôt d'accord pour ce qui est du rôle de l'État en France, qui en intervenant directement dans le processus de création culturelle (ou en n'intervenant pas pour beaucoup de créateurs) légitimise certaines formes et en délégitimise d'autres.
On aura beau dire « Oui mais l'Opéra est un héritage culturelle qu'il faut perpétuer », le fait de soutenir l'opéra et pas l'indie-folk signifie qu'en France l'opéra c'est bien, et l'indie-folk c'est de la merde. Au niveau des représentations symboliques, bien sûr. D'une volonté de ré-équilibrage (soutenir les genres qui ne pourraient pas vivre sans, et laisser le marché soutenir ceux qui marchent sans l'état), on crée un déséquilibre inverse, qui est d'ailleurs flagrant. Critique récurrente : pourquoi l'État finance-t-il l'opéra alors que tout le monde s'en fout ?
Je dis pas que le rôle de l'état est néfaste, que c'est pas bien, qu'il faut laisser mourrir l'opéra (parce que franchement, si on arrête la transfusion, l'opéra meurt…) ; je constate juste que ça se passe comme ça.
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Concernant mister Dana Hilliot : je ne pense pas que l'on puisse dire d'un artiste qu'il est original, excentrique ou singulier. Parce qu'il y a souvent deux choses assez différentes : l'œuvre (la production artistique) et le discours. Même si parfois ça se confond (Warhol ?).
Dana Hilliot, l'œuvre : un genre déjà bien balisé, et plutôt reconnu, donc pas vraiment excentrique. Certes, l'indie-folk intimiste et chantée en anglais, c'est un positionnement excentrique pour un artiste en France. Mais pour quiconque a une culture musicale – si pauvre soit-elle – dépassant les frontières de l'héxagonie, c'est loin d'être excentrique. Par contre, c'est clairement singulier. On sent le Sujet, ya pas photo. Quand Dana chante « I'm a little girl », on le croirait presque, bien qu'il se foute un peu de notre gueule quand même (ou alors c'est pas lui le barbu sur les photos).
Dana Hilliot, le discours et la démarche : c'est un discours qui n'est pas vraiment singulier, vu qu'il s'inspire beaucoup des réflexions des autres – et ne s'en cache pas. Je parle bien sûr du discours sur le droit d'auteur, la libre diffusion. C'est un discours qui ne parle pas de l'œuvre elle-même, mais de la manière dont l'œuvre s'inscrit dans la société. Doit-elle être sacralisée, ou bien diffusée sans prise de tête « artistique » ? Etc. Un discours donc pas singulier (on y sent parfois la trace du Sujet, mais plutôt dans certaines nuances de ce discours, surtout pour les plus extrêmes), mais par contre un discours clairement excentrique. Je pense que l'on peut dire que la libre diffusion, surtout si elle est clairement revendiquée, est une position excentrique.
ce qu'on espère c'est que la libre diffusion ça ne sera plus une démarche excentrique
mais une manière "normale", parmi d'autres, de diffuser sa musique
je crois que c'est ce qu'on peut raisonnablement souhaiter
(ça fait bizarre de causer de dana hilliot comme ça.. enfin bon.. d'un autre côté on va dire qu'on se contente de réfléchir sur un exemple.. et pourquoi pas après tout.. mais c'est vrai que dans ce que je fais, il n'y a rien de spécialement "original", mais la démarche est je crois singulière - tout comme les parcours de beaucoup de gens qui sont ici.. C'est dommage d'ailleurs que la plupart des artistes soient si prudes concernant leurs propres parcours.. moi j'aime bien entendre quelqu'un raconter comment il en arrive là, ce qu'il fait en dehors de la musique, etc.. c'est mon côté psy on va dire
la référence à warhol me plait bien
Toi aussi deviens artiste !
par exemple il est extremement facile pour qui manie un peu les symboles, les apparitions disparitions, les méandres du désir, etc.. de se constituer un mythe
par exemple, il est bien possible que dana hilliot n'ait jamais existé
tu vois ce que je veux dire
tout comme mpop ou kasimir bisou (excellent ce K. Bisou)
Maintenant je dois avouer que dans une certaine mesure je me fais piéger par ce truc là : d'où mon désir récurrent de changer de pseudo de disparaître de la circulation
c'est tout aussi facile grâce à internet, ça l'est déjà dans la vie IRL
du coup : nous voilà dérivant vers les problématiques contemporaines de l'identité
ce qui n'est pas sans rapport avec le sujet de l'originalité n'est-ce pas ?
Réponses
En 2000, Joann Sfar reprochait à Jean Giraud/Moebius de produire un dessin figé car sans cesse tenté par la représentation minutieuse du réel. Giraud répondait que ce qui était important, c'est qu'il n'y arrivait pas : tendre vers, mais ne jamais atteindre.
Il faudra que je retrouve les termes exactes de la réponse de Giraud.
Bon, je sais même plus ce que je voulais dire au départ, mais ça m'a fait penser à ça.
Ah oui, tendre vers l'originalité, mais ne jamais l'atteindre…
En littérature, ça fait un siècle que l'on estime que tout à déjà été écrit, et dans une certaine mesure l'innovation littéraire au 20e siècle a consisté à défaire ce qui avait été fait jusqu'ici (pourtant sans jamais l'effacer ou s'en abstraire tout à fait). Postmodernisme, quand tu nous tiens…
The_Archdude, tu as l'air de dire que sans recherche de l'originalité (qu'il soit encore possible d'innover ou pas), l'art n'a pas d'intérêt ou de justification. C'est d'ailleurs, en gros, la posture économique d'analyse de la propriété intellectuelle : l'innovation artistique profite à la société, et il faut donc la protéger (droit d'auteur) pour produire des incitations à innover. Mais si jamais la création n'est pas innovante, la protection se justifie-t-elle encore ? Ne faut-il pas envisager la création artistique comme une activité pas nécessairement novatrice ?
Bon, on peut dire qu'il y a toujours quelques innovations. L'esthétique des années 2000 n'est pas celle des années 80, qui n'était pas celle des années 60. Fort bien. Peut-être est-ce le manque de recul qui nous empêche de voir l'originalité des formes en cours. Sauf que voilà, il s'agit plus d'évolutions esthétiques globales que d'innovations personnelles. Au niveau de l'individu artiste, où et comment définir l'originalité ?
Pour ma part, je ne dis pas que l'originalité n'existe pas (même si je ne sais pas vraiment ce que c'est…), mais que l'originalité comme alpha et omega de la valeur esthétique m'emmerde profondément. Il y a des artistes originaux et chiants comme la pluie, avec une œuvre pas personnelle pour deux sous, etc.
Je pense que le noeud du problème se situe la justement. Déja comment savoir si un artiste est original.
Il existe encore beaucoup de groupes de musique qui ont fait changer la musique dans leur époque
s'ils existent encore mais que de nos jours ils ne sont forcement plus autant innovateur que lors de leurs grands jours sont ils originaux ou pas ?
un bon exemple est Sonic Youth je pense
De toute facon l'originalité pour moi ne correcpond pas à la révolution du Rock ou de la musique electronique. C'est pas spécialement le changement radical des sonorité mais plus la manière de traiter un sujet.
Pour prendre un groupe plsu recent : And You Will Know Us By The Trail Of Dead
A part le nom le groupe a d'interressant qu'il mixe la musique classique avec le punk
Je ne dis pas que ca n'a jamais été fait dans le principe mais le mix est tellement different ...
Maintenant y'a des truc super classique qui sont très bien mais une fois qu'on a compris les règles du genre ...
Un autre exemple tien , je suis en forme ce soir : le blues
J'adore jouer du blues , c'est terrible, pourtant y'a pas plus redondant que le blues.
Le vrai 12 old bar blues c'est toujours les même accords et les mesures sont fixés.
Alors oui j'aime bien en jouer et m'amuser a comprendre mais j'écoute pas de blues , je trouve ca un tantinet chiant
tout ca pour ne rien dire , mes posts sont un peu décousu , je me rend compte
en tout cas je ne dis pas que l'art n'a pas d'interet sans innovation, je dis juste que lorsque je découvre quelque chose dîinnovant, et ne serait-ce qu'une bonne idée , ca me fais sourir, et j'aime ce sentiment
on essai de toucher les autre quand on fait de musique , personne ne me contredira la dessus, seulement on a tous des facons différentes de la faire.
Ca se voit sur son blog (déja qu'il a coupé les coms et son adresse email)
Je veux dire que la encore c'est une question de plaisir , et que si ca lui fais plaisir de faire des Bd comme ca he ben qu'il continue, et si critixman ca lui fais plaisir de le descendre il a qu'a continuer
Personne n'en sera plus triste pour autant dans la théorie en tout cas.
Il faut imaginer que critixman a eu une enfance malheureuse et qu'il voulais vivre de la Bd mais qu'il n'a pas eu les idées alors il fait critique et on verra tout sous une autre perspective.
Surtout que je n'ai jamais vu une mauvaise critique de Larcenet a part sur son propre blog.
Y'a un truc qui m'a marqué c'est justement dans le combat ordinaire , le perso principale apprend a dissocier l'artiste de son oeuvre (avec le photographe). Et en voyant tout le bordel qu'il y a eu sur son blog je me disais que ca pouvais trop s'appliquer sur lui. Je dis ca sans aucune méchanceté bien sur , dans le bouquin le gars c'est un con , mais je ne connais pas Larcenet je ne juge pas. C'est juste que je vois vraiment un décalage entre ses travaux et son blog, un décalage de ton surtout.
toutes musiques ou art est situé dans une epoque , un style....quelque chose... originale ....en etant "décalé" , certain le font avec leurs emotions, d'autres avec des objets (un urinoir au plafond), d'autres em melangeant....
il faut trouver une idée pour sortir du bocal.....
beaucoup de choses ont été faites c'est vrai, mais l'infini c'est grand...et des solutions y en a surement...
souvent l'originalité dérange..... peut etre pour comprendre l'originalité il faut trouver ce qui nous derange!
http://www.revolutionsoundrecords.org
Et on reprend à zéro…
non à 'il faut...' mal exprimé!
juste trouver des idées pour sortir du bocal.... en zic, pour la société, et si on veux etre original...
sortir de son bocal.... c'etait juste un clin d'oeil à Satprem
n'est-ce pas justement ce que signifie l'original ?
qui fait signe vers l'origine ?
A l'origine forcément, se situe quelque chose dont on ne peut pas dire grand chose sinon qu'il est le premier
Ainsi, dans une cosmothéologie créationiste, il faut bien qu'il y ait un premier, dont on ne pourra rien dire ou presque, sinon qu'il est le premier.
A ce titre, dans toute la pensée cosmothéologique occidentale, la seule authentique originalité, c'est dieu (ou l'Un ou ce que vous voudrez)
(je note au passage que dans une pensée de type non créationiste - l'éternel retour pâr exemple, il n'est aucune origine à proprement parler, l'origine n'est que la dégradation de la fin, laquelle n'est que l'entropie de l'origine)
Evidemment, nous n'entendons pas l'original toujours en ce sens (quoique...)
Nous confondons l'original avec l'excentrique (manière de stygmatiser l'excentrique qui se croit original, mais ne saurait stricto sensu l'être)
L'excentrique lui, s'éloigne à ce point du centre du cercle - lequel indique la norme (toujours mouvante à vrai dire), qu'on tend à le situer carrément au-dehors.
mais il n'est original que relativement à ce centre, c'est-à-dire à un système ordonné à des normes. Sa primauté, sa fraicheur, ne vaut pas mieux que celle des légumes qu'on fait pousser dès la fin de l'hiver dans les campagnes bretonnes au nord de Morlaix et qu'on désigne justement sous le nom de primeurs)
Bref
A l'Original j'aimerais accoler cette jolie définition, qui a au moins le mérite de la précision de la zoologie :
On méditera longuement sur les accointances étranges que les originaux semblent entretenir avec les morues et le fleuve Saint-Laurent, mais on prendra garde de ne pas considérer avec trop de condescendance ces contributions basques aux mystères des origines.
voici
LA PAGE du Littré consacré à ce joli mot d'original
http://francois.gannaz.free.fr/Littre/xmlittre.php?requete=original&submit=Rechercher
à étudier avec soin mes amis avant de dire quoi que ce soit (ou après, qu'importe)
miammmm
et dans les merveilleux Dictionnaire des Idées Reçues du joyeux Gustave,
http://membres.lycos.fr/gustaveflaubert/
à l'article "original"' on lit ceci :
ouahhhhh
miammmmm
L'originalité serait donc une norme linguistique basque, tandis que coller aux basques de la norme serait un signe de non-originalité. Je prends note.
Plus sérieusement, il me semble qu'entre les notions d'originalité et d'excentricité (en prenant les sens premiers plutôt que les connotations courrantes), on s'y retrouve déjà mieux. Ce qui me fait plaisir, car en bon intellectuel compulsif j'aime à cartographier le champ des idées (malgré la vanité de la chose ?).
Mon background (comme on dit) philosophique est bien maigre, et l'idée selon laquelle l'originalité vraie serait le propre du divin (le pré-existant de l'univers, l'origine de toute chose) ne m'évoque pas de grand auteur grec, allemand, néerlandais ou danois. Par contre, ça me rappelle l'œuvre de l'ami Tolkien, qui transpire de cette idée d'originalité parfaite impossible. À vrai dire, il me semble que la tentation de créer à partir de rien (une création originale, donc), d'être seul créateur de l'œuvre plutôt que créateur associé, est le signe des grands vilains de l'histoire… ou des simples égarés.
Bien sûr, Tolkien était un catholique convaincu, qui a d'ailleurs converti son ami CS Lewis avant de se friter avec lui pour des divergences esthétiques (Lewis a écrit des allégories religieuses, et Tolkien méprisait l'allégorie)… enfin, aussi un peu parce que Tolkien et la femme de Lewis ne se supportaient pas, ce qui aide à transformer une dispute esthétique en rupture durable.
Bon, je m'écarte du sujet.
Bref. L'Homme, pour faire preuve de véritable originalité, devrait se substituer soit au divin, soit à l'univers (ce qui revient un peu au même). Et si on réfute l'existence du divin, y a-t-il encore une origine ? Et s'il y a une origine (le big bang, par exemple) sans divin, si l'origne n'est pas le résultat d'une volonté, il est donc impossible d'être original par la volonté : il faudrait à la fois être l'univers, et être dénué de volonté (sinon, on est Dieu…).
Où comment la controverse sur une conception esthétique ramène à la question de l'origine de l'univers…
Maintenant, si on décide de ne pas trop jouer avec les mots (dommage…) et que l'on pose « original = différent de la norme », on se retrouve sur les problèmes de définition de la norme, qui non seulement est mouvante, mais de plus est multiple ! À la rigueur, il suffit de deux personnes pour faire une norme.
Prenons une œuvre artistique. Disons qu'elle a au moins UN trait « original ». Si ce trait est a-normal, c'est à dire non conventionnel, ne correspondan à aucune norme, ce trait de l'œuvre peut-il être compris, ou même perçu ?
S'il est compris/perçu par certains, c'est sans doute que ce groupe de personnes y reconnaîtra une norme plus confidentielle mais que les membres du groupe partagent.
Pour ma part, je constate que bien souvent l'innovation artistique provient :
– du contrepoint d'une norme (on nie la norme en la supprimant, ou on crée une norme inverse) ;
– de la collusion de deux ou plusieurs normes jusqu'ici rarement associées.
Le tout pourra former une nouvelle norme esthétique. Si un musicien prend une norme A dans la musique occidentale et une norme B dans la musique orientale pour donner un ensemble AB, et que pour un groupe conséquent de personnes cet ensemble AB devient familier et difficilement dissociable (un peu comme l'acronyme sonar dont on connaît rarement la signification de départ), alors on assiste à la naissance de la norme AB.
Un peu comme ce qui se passe en linguistique, avec le processus de lexicalisation (sonar est un acronyme très fortement lexicalisé, car le processus qui a servi à le produire n'est plus perçu par le locuteur).
Alors quoi, l'originalité ne serait que l'utilisation d'une norme plus confidentielle, comprise par certains mais pas directement compréhensibles par le plus grand nombre ?
Si c'est le cas, on peut y voir un comportement élitiste, ou au contraire un certain dynamisme culturel : en mettant en avant des normes confidentielles, on popularise ces normes, qui deviendront des référents pour un plus grand nombre d'artistes, qui à leur tour chercheront des normes plus confidentielles pour fuire la norme trop répandue.
Bref, on n'invente rien, on ne crée rien (selon le sens premier de « création »), mais on compose et on modèle. On participe à un renouvellement constant, qui n'a pas de sens autre que sa propre dynamique de renouvellement des normes.
Fort heureusement, le nombre de normes disponibles est suffisamment vaste, et les combinaisons multiples suffisamment nombreuses, pour que ce processus de renouvellement n'implique pas un retour au point de départ.
Pour finir, j'ai un peu évacué la question de l'innovation fondamentale. On a déjà dit qu'elle relevait du divin, mais à un niveau moindre on peut imaginer qu'une personne (ou souvent un groupe de quelques personnes) ait une idée novatrice qui ne tienne pas à la combinaison ou à la perversion de normes existantes. Disons que c'est possible. Dans ce cas, on sera d'autant plus enclin à parler d'originalité.
MAIS : il faut que la nouvelle norme créée puisse être explicitée, pour ne pas rester complètement confidentielle. D'où l'activité importante des différents courants esthétiques qui se créent pour expliquer une nouvelle norme. Cf l'exemple classique des surréalistes.
Voilà, c'est tout pour aujourd'hui…
Je voulais juste signaler à The Archdude que Sonic Youth a été original dans les années 80.
Et encore certains dirons qu'ils n'ont fait que repomper Glenn Branca...
Mais en grand fan du groupe je dirais qu'ils ont amené de l'originalité en effet.
Toutefois ça fait 20 ans environ...
sinon oui bien sur ils ont pompé glenn branca ,mais y'avais quand même pas de paroles chez branca et pas d'improvisation (bien que je ne soit pas sur pour ce dernier point)
Donc on en vient a la norma AB : A=punk B=branca
ce qui pour moi est clairement de l'originalité
dit eOle
ça me plaît bien ça
dans mon langage je traduirais en :
"l'oeuvre originale c'est celle où s'y trouve la trace d'un sujet" . Sujet au sens de la psychanalyse (qui est le sens décrit par eOle en fait : l'histoire de la personne, affective, émotionnelle, intellectuelle etc..)
En effet quoi de plus original qu'un Sujet ?
là on peut rapporcher le mot "original" du mot "singulier" ou "singularité"
Il n'est pas deux sujets en tous points pareils
Toute oeuvre porte plus ou moins la marque d'un sujet
(après il y a du plus et du moins.. Si on compare Laurie et Dana Hilliot, on sent bien qu'il y a du plus et du moins. Quoique je sois disposé à croire que Laurie se pose dans on oeuvre en tant que sujet, qu'elle y mette un peu du sien quoi.. suffirait qu'elle me l'explique.. faut que je lui demande tiens)
pour la question de la norme dont parle mpop..
tout cela est fort juste
mais l'occident contemporain a vis-à-vis de la norme un rapport très différent des sociétés antérieures
Il me semble qu'une distinction doit être faite ici
(et il y a des tas de bouquins à ce sujet depuis l'école de franckfort)
dans la société pré-contemporaine, la norme est relativement incarnée, elle se confond à la fois avec un ensemble de valeurs (inscrites, enseignées) et de personnages (l'instituteur, le curé, le patron, le maire, le maître en général).. je simplifie bien sûr.
dans les sociétés dites post-modernes, la norme est détachée, désarrimée. le système des valeurs se disloque, ce qui ne signifie pas du tout qu'il n'y ait plus de pouvoir normatif, au con,trairre, mais que ce pouvoir, pour s'effectuer, emprunte des voies bien moins visibles qu'autrefois. On le voit très bien par exemple, quand on s'intéresse au statut de la folie dans la France d'aujourd'hui, où se situe la frontière entre le normal et le pathologique, etc... Et en règle général, où commence l'altérité, jusqu'à quel point pouvons nous supporter la singularité, etc..
Ce qui me frappe concernant l'art et les artistes, c'est l'impossibilité désormais de subvertir quoi que ce soit, non pas tellement pârce que tout aurait été fait (qui donc pourrait en jurer ?), mais parce que justement la culture est elle-même NORMATIVE. le monde contemporain, le capitalisme radical, est une vaste entreprise de normalisation, de nivellement, de neutralisation de l'altérité, du singulier, des émotions, de l'histoire personnelle etc.. qui aboutit au DENI du Sujet. L'artiste dans cette histoire est happé comme les autres dans ce grand trou noir qui avale toute altérité.
Donc : la Norme est de mon point de vue un effet, et j'ai envie de dire, un effet de pouvoir. Elle n'existe nulle part, mais elle s'effectue et agit partout. Elle détruit les sujets un par un, à commencer par les plus vulnérables (les psychotiques, les pauvres, les délinquants, les enfants sauvages). Elle est portée par la nation elle même, par une force inconsciente collective, à travers les discours et les actes, elle se nourrit de la peur et de la précarité. Lisez le discours de Sarko à Agen d'il y a 3 jours. Le problème n'est pas Sarko, le problème ce sont les gens qui applaudissent, ou plutôt, cette partie de nous qui applaudit en silence.
D'une part on peut dire que Sonic Youth est original parce qu'ils font une musique qu'eux seuls savent faire et qu'ils ont plus ou moins inventée.
Mais d'autre part on peut considérer qu'ils ne sont plus originaux car ils continuent de faire toujours la même musique (sans rentrer dans le détail des variations et de leur évolution musicale progressive), et n'apportent donc plus rien de fondamental.
Donc faut-il considérer que leur oeuvre est toujours originale parce qu'elle l'a été à un instant donné ou faut-il considérer qu'elle ne l'est plus car elle n'a par la suite pas évoluée suffisamment pour se démarquer d'elle-même (du moins de sa version antérieure) ?
En bref il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte.
Ce qui montre une nouvelle fois (et j'en suis aussi le preuve) que l'homme peut se prendre la tête sur des choses qui ne font pas vraiment avancer le schmilblick, car ce qui compte c'est plus l'oeuvre en elle-même que son rapport aux autres oeuvres.
Pour revenir sur un peu tout ce qui a été dit, on voit que dans l'usage courant du mot « originalité » se trouvent des notions que l'on ne peut pas vraiment confondre ou assimiler entre elles :
– l'Origine et le divin (certes, on n'y pense pas systématiquement, mais il suffit que l'on évoque une originalité « complète », « absolue » ou « parfaite » pour que l'on se rende compte de cet aspect métaphysique) ;
– l'excentricité et le rapport à la Norme ;
– la singularité et la trace du Sujet dans l'œuvre.
Mine de rien, je pense qu'on n'a pas réfléchi pour rien dans ce sujet. En tout cas, moi je trouve que ça m'est profitable
original n'a pas toujours eu, LOIN DE Là !!, une conotation positive !
c'est vraiment quelque chose de contemporain cette valorisation, cette recherche de l'originalité.. Dans la plupart des sociétés et dans l'histoire, il ne fait pas bon s'afficher ou être reconnu comme original, singulier, excentrique etc..
Selon les contextes ça peut valoir la prison, voire le lynchage et pire
(et d'ailleurs... je m'attends à un retour de bâton de ce point de vue)
L'originalité en musique.. humm.. je pense que c'est un problème de sociétés relativement tolérantes et qui peuvent se permettre de jouer à qui sera le plus original..
tant mieux après tout
mais de mon point de vue c'est un problème assez peu crucial... peu intéressant..
Quand les libertins au XVIIè-XVIIIè par exemple, s'affichaient comme des "originaux" (voire les citations du Littré), ça pouvait s'avérer un jeu dangereux.. mais évidemment, nos prétentions à l'originalité aujourd'hui font un peu sourire.. 'pusique désormais l'originalité, comme l'éternelle jeunesse, est la règle. A titre personnel, je me sens vieux moche con et absolument sans aucune originalité
en fait
je sais pas pour vous
mais je pense que le mot excentrique me conviendrait mieux
excentré
un peu comme tous ceux de mlo
dans nos pratiques musicales nous sommes excentrés, si on considère que le centre est situé quelque part au "coeur du marché" comme ils disent, ou dans les arcanes des reconnaissances institutionnelles
je repense au grand livre d'Howard Becker sur les mondes de l'art
avec ce paradigme IN / OUT
insider / outsider
évidemment on peut devenir insider dans une certaine mesure
et demeurer outsider dans une autre
tout cela est très relatif, mais s'inscrit tout de même dans un rapport de force et de pouvoir
le modèle français, marqué par le pouvoir important des institutions, fait qu'il existe un paradigme vertical très prononcé, avec du coup des mondes de l'art sous-exposés (par exemple : les musiques sous licence de libre diffusion, l'indie-folk , peu ou pas reconnus par les instances légitimantes (le ministère de la culture, les experts, les médias etc..)
Dans les pays plus libéraux, où l'Etat ne prend pas en charge directement les affaires culturelles, où on laisse le marché librement opérer ses choix (plutôt que de les "soutenir", comme on fait en France en ce moment, alors qu'on aurait pu s'attendre à ce que l'état "corrige" le marché), les mondes de l'arts outsiders s'organisent de manière plus autonomes sans référence explicite aux mondes de l'art dominants (l'industrie du disque par exemple).
etc...
(je voulais diire quoi au fait ?)
On aura beau dire « Oui mais l'Opéra est un héritage culturelle qu'il faut perpétuer », le fait de soutenir l'opéra et pas l'indie-folk signifie qu'en France l'opéra c'est bien, et l'indie-folk c'est de la merde. Au niveau des représentations symboliques, bien sûr. D'une volonté de ré-équilibrage (soutenir les genres qui ne pourraient pas vivre sans, et laisser le marché soutenir ceux qui marchent sans l'état), on crée un déséquilibre inverse, qui est d'ailleurs flagrant. Critique récurrente : pourquoi l'État finance-t-il l'opéra alors que tout le monde s'en fout ?
Je dis pas que le rôle de l'état est néfaste, que c'est pas bien, qu'il faut laisser mourrir l'opéra (parce que franchement, si on arrête la transfusion, l'opéra meurt…) ; je constate juste que ça se passe comme ça.
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Concernant mister Dana Hilliot : je ne pense pas que l'on puisse dire d'un artiste qu'il est original, excentrique ou singulier. Parce qu'il y a souvent deux choses assez différentes : l'œuvre (la production artistique) et le discours. Même si parfois ça se confond (Warhol ?).
Dana Hilliot, l'œuvre : un genre déjà bien balisé, et plutôt reconnu, donc pas vraiment excentrique. Certes, l'indie-folk intimiste et chantée en anglais, c'est un positionnement excentrique pour un artiste en France. Mais pour quiconque a une culture musicale – si pauvre soit-elle – dépassant les frontières de l'héxagonie, c'est loin d'être excentrique. Par contre, c'est clairement singulier. On sent le Sujet, ya pas photo. Quand Dana chante « I'm a little girl », on le croirait presque, bien qu'il se foute un peu de notre gueule quand même (ou alors c'est pas lui le barbu sur les photos).
Dana Hilliot, le discours et la démarche : c'est un discours qui n'est pas vraiment singulier, vu qu'il s'inspire beaucoup des réflexions des autres – et ne s'en cache pas. Je parle bien sûr du discours sur le droit d'auteur, la libre diffusion. C'est un discours qui ne parle pas de l'œuvre elle-même, mais de la manière dont l'œuvre s'inscrit dans la société. Doit-elle être sacralisée, ou bien diffusée sans prise de tête « artistique » ? Etc. Un discours donc pas singulier (on y sent parfois la trace du Sujet, mais plutôt dans certaines nuances de ce discours, surtout pour les plus extrêmes), mais par contre un discours clairement excentrique. Je pense que l'on peut dire que la libre diffusion, surtout si elle est clairement revendiquée, est une position excentrique.
Hop, voilà c'est tout.
mais une manière "normale", parmi d'autres, de diffuser sa musique
je crois que c'est ce qu'on peut raisonnablement souhaiter
(ça fait bizarre de causer de dana hilliot comme ça.. enfin bon.. d'un autre côté on va dire qu'on se contente de réfléchir sur un exemple.. et pourquoi pas après tout.. mais c'est vrai que dans ce que je fais, il n'y a rien de spécialement "original", mais la démarche est je crois singulière - tout comme les parcours de beaucoup de gens qui sont ici.. C'est dommage d'ailleurs que la plupart des artistes soient si prudes concernant leurs propres parcours.. moi j'aime bien entendre quelqu'un raconter comment il en arrive là, ce qu'il fait en dehors de la musique, etc.. c'est mon côté psy on va dire
la référence à warhol me plait bien
Toi aussi deviens artiste !
par exemple il est extremement facile pour qui manie un peu les symboles, les apparitions disparitions, les méandres du désir, etc.. de se constituer un mythe
par exemple, il est bien possible que dana hilliot n'ait jamais existé
tu vois ce que je veux dire
tout comme mpop ou kasimir bisou (excellent ce K. Bisou)
Maintenant je dois avouer que dans une certaine mesure je me fais piéger par ce truc là : d'où mon désir récurrent de changer de pseudo de disparaître de la circulation
c'est tout aussi facile grâce à internet, ça l'est déjà dans la vie IRL
du coup : nous voilà dérivant vers les problématiques contemporaines de l'identité
ce qui n'est pas sans rapport avec le sujet de l'originalité n'est-ce pas ?