y'a un mec qui se plaignait l'autre jour de la vie d'artiste, sa pénibilité etc.
j'ai répondu : ben y'a pas que la musique dans la vie, tu pourrais essayer la poterie ou la vannerie
faut pas que tu te sentes obligé, les mélomanes se passeront très bien de toi tu sais
y'en a tellement des musiques de toutes façons
(il l'a très mal pris)
parmi mes potes y'a :
un mec qui fait la plonge dans une cantine
un autre qui vend des contrats d'assurance
un qui fabrique des trucs en carton dans une usine de trucs en carton (mais il a arrêté récemment parce qu'il a le dos bousillé et qu'en deux ans ils ont viré la moitié de ses collègues à la chaine et qu'il se retrouve à faire seul le boulot qu'ils faisaient à trois)
une qui sert dans un restau (et qui est en train de s'effondrer physiquement parce qu'elle n'a pas récupéré de la saison estivale)
un qui bosse à la poste et qui est en train de devenir complètement dingue à cause des nouvelles méthodes de l'entreprise (style, on vous évalue toute la journée, on met des notes, on veut de la productivité)
j'aimerais tant qu'ils viennent faire un tour sur ce forum et sur ce fil
bref :
1° une certaine décence s'impose quand on parle de la pénibilité de la vie d'artiste
2° je ne sais pas si la vie d'artiste est pénible, je crois que pour un certain nombre de gens la vie est pénible en général, quel que soit le métier qu'on exerce
3° parfois, le métier qu'on exerce est pathogène, c'est-à-dire qu'il nous rend dingue et ne contribue pas à améliorer les choses
4° au contraire, parfois, un métier peut-être une thérapie en soi
etc.
restons près du réel et arrêtons de croire comme Murat ou le jury de la star ac que l'art c'est un travail qui demande une discipline de fer
peut-être murat le vit comme ça
mais alors il y a la poterie aussij
Dire qu'être artiste c'est du travail, du travail, et j'en passe... ne sous entend pas que pour autre chose ce n'en est pas... Ce qui est désagréable dans ce quel dit Murat c'est de sous entendre que l'on ne pourrait pas faire de la musique "valable" en ayant un autre travail rémunéré à coté. C'est là où il fait erreur.
Certains sont très doués et paraissent arriver à faire des choses sans travailler... Finalement, je ne crois pas trop à cette idée. Je pense que la maîtrise d'un instrument, par exemple, ne passe que par sa pratique, donc par le travail.
Je passe beaucoup de temps sur mes morceaux à rechercher quelque chose que je n'arrive pas réellement à trouver... Est ce du travail ? Si cela ne l'est pas, c'est en tout les cas du temps passé. N'est ce pas du travail parce que j'en tire du plaisir en le faisant et après parce que d'autres vont l'écouter et me faire plaisir ce faisant ? Mon idée est que le travail devrait être ça pour tous. C'est notre société qui se trompe, avec la hiérarchisation des différents métiers, des plus nobles au travail de serf... C'est aussi ce que vous faîtes en opposant un travail artistique à d'autres travaux.
Notre société fait croire qu'on peut arriver à réussir sans bosser. C'est le rêve qu'elle nous vend. Les tabloids vendent la réussite de ceux qui ne foutent rien et le public adore.
Je suis sûr que rien n'éxisterait sans le travail fourni par chacun, même l'art.
Ce que dit Murat n'est pas du "travail, famille, patrie", c'est la reconnaissance du travail de chacun. Il l'exprime mal car il a peut être une (trop) haute opinion de lui même.
Je ne le cache pas, j'aime bien glander aussi, parce qu'il est nécessaire de se reposer. Mais franchement, je m'ennuierai si je ne faisait que ça, c'est à dire rien.
C'est aussi ce que vous faîte en opposant un travail artistique à d'autres travaux.
moi en tous cas je ne dis pas ça
j'oppose des manières de vivre le travail que l'on fait, un ressenti, un vécu
pas les métiers en soi
je connais des gens qui sont très contents de fabriquer des piles à la chaine
enfin à ce qu'ils disent
Notre société fait croire qu'on peut arriver à réussir sans bosser
????????????
on doit pas vivre dans la même société alors
il me semble au conttraie que le discours dominant c'est : "le travail est une fin en soi", il n'y a que la travail qui vaille
alors que ce qu'on nous cache en réalité, c'est que la plupart des gens qui gagnent un tas de thunes et possèdent des villas et des yachts ont quasiment tous profité d'être né fils de machin, d'avoir de la propriété héritée
alors que ce qu'on nous cache en réalité, c'est que la plupart des gens qui gagnent un tas de thunes et possèdent des villas et des yachts ont quasiment tous profité d'être né fils de machin, d'avoir de la propriété héritée
On ne sous le cache pas, au contraire... On nous le vend. La majorité aspire à ne plus rien foutre, comme ceux qui ont du pognon... C'est justement ce qui motive... Certains choisisent le travail pour arriver à une meilleure situation sociale, d'autre le jeu... Comme ça les gens ne se posent pas de question, ils ont un secret espoir, c'est tout et ils ne remettent pas en question le sytème, ne réfléchissent plus...
Sarko s'est augmenté, il part en yacht payé par des encore plus riches que lui,... et on dit qu'il le mérite. Le capitalisme ou la droite décomplexée c'est encore plus de rêve, plus de motivation pour le péquin lambda.
Dire qu'être artiste c'est du travail, du travail, et j'en passe... ne sous entend pas que pour autre chose ce n'en est pas... Ce qui est désagréable dans ce quel dit Murat c'est de sous entendre que l'on ne pourrait pas faire de la musique "valable" en ayant un autre travail rémunéré à coté. C'est là où il fait erreur.
Certains sont très doués et paraissent arriver à faire des choses sans travailler... Finalement, je ne crois pas trop à cette idée. Je pense que la maîtrise d'un instrument, par exemple, ne passe que par sa pratique, donc par le travail.
Je passe beaucoup de temps sur mes morceaux à rechercher quelque chose que je n'arrive pas réellement à trouver... Est ce du travail ? Si cela ne l'est pas, c'est en tout les cas du temps passé. N'est ce pas du travail parce que j'en tire du plaisir en le faisant et après parce que d'autres vont l'écouter et me faire plaisir ce faisant ? Mon idée est que le travail devrait être ça pour tous. C'est notre société qui se trompe, avec la hiérarchisation des différents métiers, des plus nobles au travail de serf... C'est aussi ce que vous faîtes en opposant un travail artistique à d'autres travaux.
Notre société fait croire qu'on peut arriver à réussir sans bosser. C'est le rêve qu'elle nous vend. Les tabloids vendent la réussite de ceux qui ne foutent rien et le public adore.
Je suis sûr que rien n'éxisterait sans le travail fourni par chacun, même l'art.
Ce que dit Murat n'est pas du "travail, famille, patrie", c'est la reconnaissance du travail de chacun. Il l'exprime mal car il a peut être une (trop) haute opinion de lui même.
Je ne le cache pas, j'aime bien glander aussi, parce qu'il est nécessaire de se reposer. Mais franchement, je m'ennuierai si je ne faisait que ça, c'est à dire rien.
Je suis totalement d'accord avec toi, c'est super bien exprimé
En fait je comprends pas pourquoi les autres commencent à parler de pénibilité, c'est pas vraiment le sujet , on parle de travail, et éventuellement de sacrifice.
J'aime le travail, sinon je me fais chier
jouer à l'ordi ca va 2 h le week end
Je trouve aussi que notre société fait croire qu'on peut arriver a réussir sans bosser, c'est le raison d'être du loto et de la nouvelle star. Personne dans mon entourage n'a l'idée que le travail est une fin en soi, a part ma mère envers moi peut être, qui comme toutes les mère s'inquiète. On ne vit peut être pas dans la même société après tout
J'ai remarqué qq chose d'assez incroyable :
Quand je suis à la bourre au boulot, que j'ai plein de choses à faire, alors le soir je bosse comme un fou sur ma musique parce que j'ai peur de perdre cette envie.
Si au contraire j'ai rien a faire, ce qui arrive vu que c'est une boite de service, et que je passe mon temps sur le net, alors ma musique avance beaucoup moins bien, et même le soir je glande
Je comprends pas pourquoi
On ne vit peut être pas dans la même société après tout
oui
manifestement, on ne vit pas les choses de la même manière on n'entend pas les mêmes choses.
ça confirme ce que je pressentais plus haut
dans ce fil débile s'exprime une sacrée césure au sein des membres de dogmazic
je ne sais pas encore bien où la situer mais je sens des choses là
dans ce fil débile s'exprime une sacrée césure au sein des membres de dogmazic je ne sais pas encore bien où la situer mais je sens des choses là
Je dirais oui et non (p'tain, ça c'est d'la prise de position !), à mon sens ce fil montre également qu'on ne peut de toutes façons pas avoir une vison manichéènne des choses, ce serait bien trop simple, j'ai moi même exprimé quelques idées dans ce fil, et ce n'est pas pour ça que je ne suis pas d'accord non plus avec la personne qui à exprimé une idée différente voire opposée quelques post plus tard, tout ceci est tellement contexctuel en plus ce serait bien trop simple.
Pour en revenir à Murat et sa vision des choses, je comprend sa considèration de l'artiste à temps plein qui y consacre tout son temps par rapport à l'"amateur" qui y passe ses weekend et/ou soirées (catégorie dans laquelle je me classe évidement) mais d'un autre côté je reste aussi persuadé qu'un "artiste créatif", pour être complètement libre vis à vis de son art et de ce qu'il en fait, ne peut se permettre que ce dernier paye son loyer et sa pitance, dès ce moment là il y a des contraintes qui brident son travail donc sa créativité... le seul veritable artiste est l'artiste libre c'est aussi une vérité, enfin... je pense !
ben écoute taro suite à ton message j'ai relu l'intervidouille
mais alors je vois vraiment pas ce qu'il y a d'intéressant là dedans
tu pourrais me donner des exemples ?
amicalement
ah oui, des exemples, des exemples...
parce que si vraiment ce sont les mêmes idées, les mêmes définitions qui sont défendus par ici (tu peux citer un post ou un article ?), alors faut vraiment que je le sache, moi...
bon, salut à tous, je vois que j'ai fait réagir du monde et j'ai même pas pris le temps de tout lire, désolé, je suis sur des partoches en ce moment (au lieu de sagement traduire des pages, c'est un comble) et mon dieu, j'avais oublié que les partoches, ça prend un temps fou
je réagirais quand même rapidement pour dire que, oui déjà Murat, je m'en fous, c'est pas du tout la musique que j'écoute, limite, je préfère sa peinture (sa série d'autoportraits bizarres), mais sinon sur ce qu'il dit... bon euh je réponds en vrac : je ne l'ai pas du tout vu comme un donneur de leçon, juste le gars un peu fatigué qui fait le bilan. il fait partie de ces artistes qui ont galéré bien des années et qui ont eu la chance de rencontrer le succès + une structure marketing pour entretenir le buzz etc. Je pense que s'il n'avait pas eu ça, il aurait continué sa musique même s'il doit transporter des cartons dans un hyper le matin, avec son approche du travail artistique (discipline, travail, sacrifice, engagement), vu qu'apparemment c'est sa conception des choses... après tout, il n'y a pas de règle. l'approche de Dana qui bosse pas et qui arrive à pondre des merveilles (ah! "when i was a super hero" !!!) me semble tout aussi légitime que l'approche d'un Bill Evans qui jusqu'à la fin de sa vie a fait tous les jours 8 heures de piano... parce que ce qui compte, c'est pas le temps passé, ou l'effort ou le fait d'avoir du succès ou pas, ou d'être un artiste sacem ou un artiste creative commons, ou etc, ce qui compte c'est si on est en adéquation avec la forme artistique qui fait de nous des artistes uniques, et s'il y a un travail, c'est plutôt une quête, une envie, un 'enthousiasme' pour avancer, progersser dans une 'forme', une 'conformation' à sa forme d'expression propre, personnelle, pour aller toujours plus loin dans ce qu'on "fait" (ce qui fait que je ne concçois pas une oeuvre comme une marchandise bien su^r, mais pas non plus comme un "bien culturel" comme certains le disent ici)... Et donc si ce "besoin" (de création) consiste à faire 8 heures de piano par jour, il faut les faire ces 8 heures, sans quoi, c'est foutu. et si ce "besoin" consiste à ne pas faire 8 heures de piano par jour, il ne faut surtout pas les faire ! sans quoi c'est foutu aussi !
(j'ajouterais même, dans l'un ou l'autre cas : même s'il faut, en plus de ça, transporter des cartons dans un hypermarché de 5h du mat à 11h tous les jours de la semaine pour pouvoir payer son loyer et sa bouffe... du coup, la distinction pro/amat m'échappe... comme celle de c'ui qui fait que ça / c'ui qui fait pas que ça pour faire référence à un autre thread au sujet d'un article de l'irma — d'ailleurs dans l'inteview sur l'Irma du gars qui fait cette dernière distinction (c'ui qui fait que ça, c'ui qui fait pas que ça), il regrette de ne pas avoir assez développé le cas des artistes qui vont jusqu'au bout du chemin (pour reprendre la métaphore de l'un) et qui ne font pas que ça pour autant (pour reprendre la métaphore de l'autre)...)
Pour revenir à Murat, un truc que j'ai trouvé intéressant, qui m'a parlé en tout cas, c'est quand il parle des gros qui bouffe les petits parce que ce sont les actionnaires qui veulent continuer à toucher des billes même si c'est la crise et même après la crise. parce que pour moi, c'est ça le véritable ennemi de toutes nos histoires. Et personnellement ça me parle df'autant plus que ce phénomène touche le monde de l'édition depuis un bail et c'est en train de tuer l'édition, et d'ailleurs mes contrats avec j'ai lu, c'était terminé quand Flammarion a racheté j'ai lu; explication : réduction de titres pas immédiatement rentables, faire le max de choses en interne etc, bref schéma classique : tout bon pour l'actionnaire qui ne voit qu'à court terme, tout mauvais pour les arts et la littérature à long terme... c'est pas la gratuité qui tue la musique, c'est les actionnaires.
hier sur France Cul, un gars disait (je paraphrase) : "n'importe qui qui a un peu de goût peut faire des photos bien cadrées, avec le bon contraste, etc. mais tout le monde ne peut pas photographier des choses que les autres ne voient pas"... et il y a forcément mille manières pour arriver à savoir à révéler l'invisible. si pour tel artiste, c'est l'ascèse, la discipline, ben il doit foncer. si pour un autre, c'est autre chose, il doit foncer... le plus dur, finalement, c'est peut-être de se trouver soi-même. donc tout le monde peut faire de la musique et il faut encourager cette démocratisation, mais tout le monde n'est pas bill evans ou dana hilliot... en ce sens, j'ai moi aussi une conception élitiste de l'art.
artiste raté : bon, je comprends que ça fasse réagir quand il parle d'artiste raté, mais moi ce que j'ai compris, c'est que pour murat l'artiste raté, c'est celui qui ne faitt que "la moitié du chemin" et qui se la pète tout de suite, qui "arrache tout" et mise tout sur les possibilités du réseau social virtuel etc. avec des millions d'amis anonymes etc... et j'ai, ici, je crois, déjà entendu un discours similaire à propos par exemple de types qui arrivent avec des titres torché un week end avec dance ejay avec des boucles de base et qui se jouent les stars... n'importe qui peut jouer les stars avec des sites web ou des pages myspaces.
anonymat : je comprends ce qu'il dit, je suis assez d'accord... mais ça m'a surtout fait penser en fait à ce qui est arrivé ici-même récemment dans un autre thread, avec un gars qui était sacem et qui comprenait pas pourquoi il pouvait pas mettre de titre sur dog ou sur jam etc et qui a eu cette inexcusable attitude d'anonyme dont parle Murat... je peux comprendre qu'il ait pas du tout aimé son expérience du net !
SUr la goinfrerie : je ne pense pas qu'il s'en prenne aux mélomanes. il s'en prend aux goinfres : ceux qui téléchargent à tout va (une fois, un ami a téléchargé tout pink floyd et a tout écouté d'une traite... je me demande ce qu'il en a retenu quand personnellement je me repasse régulière le dark side (c'est tout ce que je connais des floyd!) et je découvre toujours de nouvelles choses que je n'avais pas entendu... alors je me pose vraiment des questions sur ces types qui téléchargent 20000 titres... je connais un gars qui a 3000 disques, cd et vinyles. tu en prends un hasard, tu lui mets un titre au hasard, il va te dire exactement ce que c'est, quelle émotion, quelle histoire personnelle sont rattachées à cette musique, etc.), ceux qui ont 45000 amis sur myspace (d'ailleurs il y a les groupes établis qui ont 45000 'amis', mais là c'est plus comme la newsletter à laquelle on s'inscrit, mais il y a les petits groupes qui ont 45000 amis, eux ont une attitude agressive, ils veulent augmenter leur fanorat pour après pouvoir sortir le chiffre comme un argument marketing... voilà les goinfres dont parle Murat. et je crois qu'ils ne sont pas très bien vu ici également... et exceptionnellement, il y a les artistes qui se retrouvent avec 45000 amis à cause de leur succès, en fait en disant ça, je pense en fait à Tay Zonday sur youtube dont son chocolate rain a maintenant dépassé les 10 millions de visionnage !)... etc... Le mélomane, lui, n'est jamais goinfre. le mélomane, c'est le gourmet. qui sait ce qu'il y a dans son assiette. prend toujours la juste quantité, cherche et apprend la voir la qualité. cherche des saveurs nouvelles... et cherche à les faire partager... ici aussi, il me semble aussi qu'on soit contre cette goinfrerie, contre aussi celle du marketing, de la pub, du gars qui fait tout pour signer, gagner de la thune avec sa musique, veut faire la starac et autre pop star pour devenir une star très vite. toujours en vouloir plus... bref.
tout ça pour dire que Murat, c'est pour moi un type comme nous, un gars qui croit en sa musique et bosse sa musique (il parait que c'est un sacré guitariste), qui a pas sa langue dans sa poche en plus etc. il a sa vision des choses, qui est tout à fait légitime. etc. et qu'il n'ait que 2000 amis myspace est plutôt rassurant étant donné sa notoriété... ça en fait pour moi un type plutôt sympathique, même si j'écoute pas ses trucs... et qu'il fasse des trucs intéressants ou pas, ou devrais-je dire qui m'intéressent ou pas, ne change pas le fait que c'est un type qui a décidé d'être artiste, qui a trimé des années pour... puis un jour il a rencontré le succès, et voilà. et tant mieux pour lui. en tout cas c'est pas lui qu'on a sorti de nulle part pour le matraquer à longueur de journée dans les média (bon à part sur inter des fois )...
et voilà, après, il est chez maintenant une major, mais, et alors ? quand t'achète un disque, les sous rentrent d'abord dans les poches de la major, pas de l'artiste, mais l'artiste touche quand même de la thune. et c'est tant mieux pour lui. en vouloir à la major oui, mais à l'artiste ?... (surtout quand il arrrive des hsitoires comme ce qui est arrivé à Chamfort ou plus récemment l'histoire de sébasto, super édifiante - je n'aurais jamais cru que ça pouvait arriver en france (aux states, c'est monnaie courante, cf. le célèbre article de Steve Albini !) enfin bref)... j'ai jamais compris ça, un type n'est pas con ou sympa parce qu'il est major, indé, ou 'libre' ! il y a plein d'artistes pas intéressants dans le libre ! plein qui ne font même pas la moitié du chemin ! ... ou alors c'est comme si je devenais du jour au lendemain infréquentable parce que l'éditeur avec qui j'ai des contrats est racheté par Hachette, ce qui fait donc que maintenant, je "bosse" pour Lagardère, le marchand d'armes !!...
sur la gratuité : je comprends qu'un artiste un peu établi (comme murat) puisse s'inquiéter de son sort et dire la gratuité ça nous tue. comme tout le monde il a un certain revenu, il est parti de rien, grâce à la maison de disque et le public etc il est arrivé à avoir des rentrées de thune régulière, bref il en a pu en faire son métier, donc normal, il veut que ça continue. et il a fait des projections dans l'avenir en fonction de ces revenus. il a peut-être un crédit sur 30 ans, mis de l'argent de côté pour ses gamins, que sais-je! peu importe, je ne trouve pas ça moins légitime que par exemple des gens qui font grève pour garder leurs acquis sociaux... le monde doré (argenté devrais-je dire) du disque s'il a jamais existé est sûrement derrière, mais je ne comprends pas qu'on puisse s'enthousiasmer qu'un artiste qui vit de sa musique s'inquiète du fait que ses revenus vont baisser... je préfèrerais lui souhaiter la meilleure reconversion possible. parce qu'à ce train, seuls les gros actionnaires des grosses boîtes seront très riches, et tout les autres, très pauvres, et c'est tout.
sur l'histoire de la gratuité qui compromet la création... je pense que c'est une histoire de taille de production. biensûr si c'est pour tout miser sur le marketing avec un artiste qui travaille dans sa cuisine avec 2 nagras, ça se comprend (cf. un autre thread). Mais pour prendre un exemple personnel puisque j'y suis. je bosse donc sur une partoche avec au moins 20 instruments d'orchestre. je ne vois vraiment pas comment je vais pouvoir réaliser un enregistrement décent sans moyens... si, avec beaucoup d'efforts pour trouver de bons musiciens bénévoles, et encore il faudra payer des frais de transport, de bouffe, voire de logement, mais aussi changer l'orchestration en fonction de ceux qui seront partants & dispos pour répéter le temps qu'il faudra etc. et brider la musique pour la rendre plus facile à exécuter... bon, ou alors faire un emprunt à la consommation, recruter les zikos sur tant de jours avec un planning, louer un orchestre des pays de l'est (c'est pas cher, ça ne coûte que 2000 euros par jour) en décidant que je retrouve pas mes billes... ou alors... ou alors faire ça avec des sons morts (samples). bah c'est malheureusement la direction que ça prend. même au cinoche, c'est de plus en plus du sample (je ne parle pas de musique "électronique" mais de musiques qui imitent l'orchestre). enfin c'est comme pour l'image de synthèse. bon c'est soi-disant pour un meilleur contrôle artistique, qui est sans doute réel, mais ça devient fade et uniforme, je préfère la vision d'un Bela Tarr par exemple enfin bref.
et donc moi la solution que j'ai trouvée, c'est mes sessions after infinity (réunir plein de zikos et faire un album en une après midi)... mais ça ne résoud pas ma problématique de certaines musique qui ne peuvent exister sans moyens financiers. tout ça pour dire que la gratuité n'empêche pas la musique, mais elle la colore. en même temps, ce n'est pas un mal évidemment. mais ce n'est pas l'un ou l'autre, les deux doivent être possible. c'est pour ça, pour moi, la sacem n'est pas l'ennemi. elle est juste très vieille... (mais ça va changer. après tout, iln'y a pas si longtemps, pour s'inscrire, il y avait un examen d'entrée avec lignes de partoches à faire, etc. et il fallait déposer des partoches etc. ce n'est plus le cas.)
putain, je me suis étalé comme pas possible, et dans le désordre en plus, au lieu de faire de la musique.
pfff.
et j"ai même pas fini de lire les autres contributions... et j'ai même pas lu la lettre ouverte sur ratiatum. bon, tant pis... désolé si je fais des redites ou contresens sur des points qui m'auraient échappées dans mon survol (c'est pas bien c'est pas bien ! )
face à un caca nerveux, je préfère m'en tenir comme d'autres ici au registre de la provoc en retour, de l'argument gras et vaseux
ce qui est dommage...
surtout que Murat. ne fait pas un caca nerveux, il répond juste à sa manière aux questions stupides du journaliste.
non il n'y a rien d'intéressant dans ce texte
il y a un effet d'excitation : la comunauté est émue, s'indigne, etc.
c'est nul
bah Murat n'est qu'un prétexte. ce qui est intéressant, c'est qu'une interview finalement ordinaire donne lieu à 6 pages de réactions diverses et variées...
mais je me trouve plus d'affinités avec le ton des dernières réactions, ce... dogmazicalisme ouvert, posé et argumenté qui donne envie d'intervenir et de discuter pour faire avancer le schmilblikkkk
Oula. J'avais l'intention de répondre un peu aux arguments de Thierry mais je vois que l'eau a coulé sous les ponts. Finalement, je dis juste ce qui me passe par la tête.
En fait, Murat, je m'en fous un peu, j'ai même rien contre lui (je connais pas l'intégralité de son oeuvre, mais je crois avoir déjà entendu quelques trucs qui me déplaisaient pas). Mais c'est surtout la pose qu'il prend qui m'énerve. Et ce penchant pour les certitudes.
Opposer des branleurs musiciens du dimanche qui n'auraient fait que la moitié du chemin et les vrais artistes qui ont une "discipline de fer" me semble complètement oiseux.
Primo, j'imagine que, en tant qu'artiste professionnel connaissant un relatif succès, le père Murat, il ne doit pas travailler son art 24h sur 24 : la promo, les interviews, les négociations avec les maisons de disque, les tournées obligées par contrat... c'est du travail pas forcément artistique, tout ça, et ça doit avoir des côtés bien chiants et routiniers. C'est-à-dire que, quelque part, en plus de faire de la musique, Murat doit consacrer une part importante de son temps à des activités aliénantes, comme n'importe quel artiste "raté", finalement.
Sur l'idée qu'un "vrai" artiste serait celui qui accepte des "sacrifices" et laisse tomber toute autre activité pour vivre de son "art", je pense qu'il existe plein de contre-exemples, que je piocherai plutôt dans la littérature parce que c'est ce qui me vient : Kafka, je crois, était un petit fonctionnaire qui n'a peut-être jamais vendu un livre (à vérifier, j'ai pas le temps) et qui avait même refusé qu'on publie ses oeuvres après sa mort (volonté non respectée par un de ses potes, je crois). Il me semble avoir lu quelque part qu'il aimait bien lire ses textes devant ses amis pour les faire marrer. Peut-être ne cherchait-il pas plus loin. Peut-être n'était-il pas un artiste. Et alors ?
Et quel âge avait Rimbaud ? 17 ans ? Parce que le Rimbaud aventurier vendeur d'armes, il n'a pas écrit grand chose, il me semble... Il n'aura pas travaillé son art bien longtemps, celui-là.
Un "artiste" est-il tenu d'être artiste durant toute son existence ? 24h sur 24 ?
Artiste maudit, artisan besogneux, génie désinvolte, escroc magnifique, virtuose, touche à tout dilettante... mus par une rage juvénile ou sages d'une expérience acquise... Voilà autant de figures fantasmées de l'Artiste, et autant de lieux communs contradictoires.
On pourrait peut-être se passer de ce carcan étouffant ? Ou au moins renoncer à énoncer des certitudes à ce sujet.
Reste la question du travail. Je suis d'accord sur bien des points avec Dana (par exemple sur le fait de ne pas faire de la question des moyens de subsistance d'un artiste une question autonome, séparée de la question sociale prise dans sa globalité), mais je ne vois pas pour autant de césure se dessiner entre nous, dogmaziciens.
Juste un gros malentendu : on met tout et son contraire dans le mot "travail". Je préférerais qu'on distingue travail et activité.
Comme si ne pas travailler signifiait "ne rien faire", et comme si exercer une activité artistique avec ses plaisirs mais aussi ses souffrances était forcément synonyme de "travail". Il est certain que beaucoup de gens croient (à mon avis à tort) que le travail est la seule activité possible, d'où une certaine terreur face à l'idée de désoeuvrement : tout est fait, d'ailleurs dans la société pour que le temps libre ne soit qu'un temps mort, rempli au mieux par l'acte de consommation. Ce qui fait qu'après des années de lutte pour réduire le temps de travail, il y a si peu de résistance au mot d'ordre sarkozien de "travailler plus". Mais en même temps, (et là, je rejoins ce que disait Christophe), beaucoup de gens ont inconsciemment l'intuition que ce travail n'est pas une activité satisfaisante, et même s'ils n'ont pas trouvé mieux pour remplir le vide de leurs vies, ils rêvent obscurément de ne plus avoir à travailler (d'où le succès des jeux, la fascination pour les têtes couronnées, les stars d'un jour...).
Une personne qui défend l'idée de "travailler plus pour gagner plus" peut très bien désirer (plus ou moins secrètement) "gagner plus pour ne plus avoir à travailler" tout en ayant en même temps très peur à l'idée que cela pourrait bel et bien arriver (et en plus, ça fait du bien, aussi, de se faire peur). "Heureusement, ma bonne dame, cela n'arrive qu'en rêve, et nos vies de merde valent quand-même bien mieux que ce cauchemar", n'est-ce pas finalement ce qui se dit, aussi ? On se rassure comme on peut.
Oeuvrer, pour nous mêmes et pour les autres, à développer des activités épanouissantes me semble nécessaire, et j'ai l'impression de m'y employer un peu en faisant de la musique et en la faisant écouter à qui veut, sans être contraint par une obligation de "succès". Cela me prend beaucoup de temps (et d'argent), me procure beaucoup de plaisir et parfois quelques souffrances (pas trop, dans l'ensemble, sinon, comme disait Dana, je ferais de la poterie).
Cette activité coïncide (pour ceux qui en "vivent") ou coexiste (pour les autres) avec le travail. L'important est de la favoriser.
"Ne travaillez jamais", disait Debord, un mec qui n'a jamais bossé mais qui a fait plein de trucs.
ça confirme ce que je pressentais plus haut
dans ce fil débile s'exprime une sacrée césure au sein des membres de dogmazic
je ne sais pas encore bien où la situer mais je sens des choses là
Pas de césure... Juste différentes idées ou peut être même des définitions différentes des mots employés.
Pour le film débile c'est un peu de la provoc, non ? Il y a eu des interventions dans ce thread dignes de figurer dans le grand livre.
Beaucoup de choses ont été dites.
Je suis entièrement d'accord avec Dana sur la valeur du mot "travail" : il est actuellement mis à toute les sauces et on y met actuellement dans le même sac le mec qui trime en 3/8 pour 1 000 € par mois, "l'artiste" qui va passer ses journées à composer ou à faire de la route pour un concert de 30 personnes, "l"artiste" qui va rien faire, pas même composer une seule mélodie de sa vie, pour aller ensuite faire sa pleureuse et demander l'asile économique en Belgique, puis en Suisse, le mec qui a placé l'argent de Papa pour pouvoir rester tranquille sur son yacht à donner des conseils à tout le monde ...
Le mot n'est pas adapté, c'est tout.
Deux choses que je souhaitais modestement ajouter au débat :
1 : c'est quoi pour vous un artiste ? Parceque c'est vrai que ça fait dans le vent, avec son petit côté hype qui distingue du reste de la population, mais c'est peut-être aussi parceque tout le monde peut se définir comme artiste qu'on se retrouve avec ce flou autour de notion tel que le "travail" ou le "professionalisme". De même, cette autoproclamation d'être un artiste fait qu'au final, comme cela a déjà été évoqué, il y a une surabondance de l'offre. Ce n'est pas quelque chose que je regrette, juste un constat que je fais. Personnellement, je rejette le terme "artiste". Je lui préfére le terme de créateur. A mon sens, le terme d'artiste sous-entend une coupure ave le monde dans lequel il évolue, comme une sorte de supériorité. Le terme créateur est beaucoup plus ancrée dans un quotidien : lun boulanger est un créateur, un jardinier est un créateur, et je me sens plus proche d'eux que de Johnny & consort.
2 : Comment distingue-t-on une pratique professionelle d'une pratique amateur ? Comment est-on juge du professionalisme d'un artiste/créateur ? Cette question est vitale. Je la pose à chaque fois que j'ai une réunion et que des élus disent qu'il faut préférer subventionner des artistes professionels à des artistes amateurs.
Accrochez-vous : pour la DRAC, on devient professionel du moment que l'on est salarié ou que l'on a un salarié (par exemeple : une assos ave un salarié est une assos professionelle) ; pour les élus, on est professionnels du moment que l'on arrive à vivre de son art ... Et les artistes, qu'en pensent-ils ? Ben, les artistes que je rencontre me disent que l'on devient professionel du moment que l'on est reconnu par ses pairs, ce qui sous-entend que si l'on est pas reconnu par la caste des artistes, on n'en est pas vraiment un. Et dans un contexte de décentralisation, de refonte des financement publics à destination de la culture, ce n'est vraiment pas anodin, vu que les artistes professionels sont privilégiés face aux amateurs.
En gros : ceux qui reçoivent des subventions aujourd'hui sont ceux qui désignent leurs successeurs de demain.
Voilà, je sais pas si vous avez suivi, je sais pas si ça vous intéresse vraiment, mais ces deux questions (qu'est qu'un artiste ? A partir de quel moment bascule-t-on de l'amateurisme au professionalisme ?) sont à mon sens les plus importantes à l'heure actuelle, vu que de leur réponse découle tout un tas de chose (la question du travail, les financements publics, le soutien étatique ...).
Personnellement, je rejette le terme "artiste". Je lui préfére le terme de créateur.
Je te rejoins assez là-dessus... Et pour parler de mon expérience personnelle je suis vraiment confronté à ça et à la différence amateur/professionnel, dans mon métier de graphiste, en tant que professionnel inscrit à la "maison des artistes" (ce qui ne me sert à rien mais je l'avais fait que je cherchais du travail au cas où j'aurais à travailler en freelance) j'ai donc un statut d'artiste, néanmoins je ne considère pas du tout ce que je fais comme un métier artistique (des couv de magazine, des pages de pub, des dépliants des flyers ou autres...) c'est, certe un métier créatif mais de là à parler d'art... il y a tout de même un monde !
A l'inverse, dans mon activité musicale totalement amateure je considère totalement que je fais quelque chose d'artistique même si encore une fois le terme est assez galvaudé mais en tous cas plus proche de la réalité...
Enfin tout ça pour dire, qu'entre le statut juridique, ce qu'on met dans le terme en fonction de sa propre culture et des ses opinions et ce qu'il représente réelement tout ceci est très relatif (et compliqué à exprimer je ne sais pas si je suis très clair).
Pour moi finalement l'artiste est aaussi quelqu'un qui à fait ses preuves, qui à montrer que dans son art, il excelle, il est au dessus du lot (là je te rejoins également dans le côté "Hype" du mot ça se mérite et n'est pas artiste qui veut même si on aimerait parceque ça pête de dire "ouais moi je suis un artiste !"), et en revenant sur le boulanger, j'ai un amis qui à fait les compagnons du tour de France en tant que patisssier, je considère que c'est bien plus un artiste que moi (car il excelle dans son métier et est créatif), qui pourtant en ai le statut et lui non...
oui mais pour l'histoire du boulanger, il me semble que ca renvoi a la question : qu'est ce que la culture ? C'est la qu'est fait la distinction entre les artistes et les créateurs à priori.
Tous ces point c'est des trucs qui ne m'interressent pas à priori, j'imaginais pas que ca soit tellement important (malgré les warning des dana)
qu'est ce que la culture ? C'est la qu'est fait la distinction entre les artistes et les créateurs à priori
C'est vrai, effectivement l'artiste agit dans un domaine culturel.
(mais c'est toujours un peu le truc de chercher une réponse un peu tarabiscotée à une question simple...)
Tiens, je suis quand-même allé écouter un album de Murat (celui recommandé par sam). Je dois reconnaître qu'il y a quelques trucs pas mal, du moins selon mes goûts, même si j'aimerais qu'il crache le shamallow qu'il a dans la bouche quand il chante, parce que je ne comprends pas un traître mot de ce qu'il raconte.
Ce qui ne change rien au fait que je trouve que c'est un sale type. Comme quoi un artiste est bien moins intéressant que son oeuvre, ce qui ne veut pas dire non plus qu'il faille être un connard pour être un artiste.
Quant à savoir ce qu'est un artiste, ce qui distingue l'amateur du professionnel... j'aurais tendance à penser qu'on n'est pas prêt d'avoir la réponse et même qu'on s'en fout. Je comprends bien que des institutions aient besoin d'établir des définitions, de classer les activités humaines, de décréter qui fait quoi ou qui a le droit de prétendre à tel ou tel titre.
Mais doit-on prendre au sérieux ces artifices administratifs ?
Je ne me souviens pas moi-même m'être jamais prétendu artiste et je n'ai jamais pensé que j'appartenais à une catégorie "à part". On me dit pourtant parfois que je suis un artiste, surtout quand je me montre particulièrement inapte dans un aspect bien trivial de la vie quotidienne (comme faire cuire des pâtes sans les laisser carboniser), ce qui est révélateur aussi sur l'image qu'on peut se faire de l'artiste.
La véritable question, au fond, c'est : comment faire pour mener une vie qui vaille vraiment la peine d'être vécue ? Pour ça, faut déjà survivre, bien sûr, et puis voir pas à pas ce qu'on peut faire de plus (de la musique, par exemple). Qu'on en vive ou pas, qu'on soit amateur ou pro. Et c'est à la portée de tout le monde : à chacun d'explorer les activités qui lui rendront la vie vivable. Ensuite, qu'on reçoive un brevet d'artiste par cooptation, par nombre de ventes, par autorisation de l'Etat ou par adoubement de la postérité, c'est assez secondaire, non ?
Le partage de la musique, même s'il n'échappe pas aux défauts de la société de consommation de merde qui est la nôtre est un moyen supplémentaire de découverte et de création. Il vaut la peine d'être défendu. Tant pis si ça fait peur à Murat. Et tant pis si j'énonce des banalités.
J'ai surtout l'impression qu'on se mord la queue à trop vouloir soutenir les artistes individuellement... Pourquoi ne pas mettre l'accent plutôt sur les structures d'accueil des artistes ?
Réponses
j'ai répondu : ben y'a pas que la musique dans la vie, tu pourrais essayer la poterie ou la vannerie
faut pas que tu te sentes obligé, les mélomanes se passeront très bien de toi tu sais
y'en a tellement des musiques de toutes façons
(il l'a très mal pris)
parmi mes potes y'a :
un mec qui fait la plonge dans une cantine
un autre qui vend des contrats d'assurance
un qui fabrique des trucs en carton dans une usine de trucs en carton (mais il a arrêté récemment parce qu'il a le dos bousillé et qu'en deux ans ils ont viré la moitié de ses collègues à la chaine et qu'il se retrouve à faire seul le boulot qu'ils faisaient à trois)
une qui sert dans un restau (et qui est en train de s'effondrer physiquement parce qu'elle n'a pas récupéré de la saison estivale)
un qui bosse à la poste et qui est en train de devenir complètement dingue à cause des nouvelles méthodes de l'entreprise (style, on vous évalue toute la journée, on met des notes, on veut de la productivité)
j'aimerais tant qu'ils viennent faire un tour sur ce forum et sur ce fil
bref :
1° une certaine décence s'impose quand on parle de la pénibilité de la vie d'artiste
2° je ne sais pas si la vie d'artiste est pénible, je crois que pour un certain nombre de gens la vie est pénible en général, quel que soit le métier qu'on exerce
3° parfois, le métier qu'on exerce est pathogène, c'est-à-dire qu'il nous rend dingue et ne contribue pas à améliorer les choses
4° au contraire, parfois, un métier peut-être une thérapie en soi
etc.
restons près du réel et arrêtons de croire comme Murat ou le jury de la star ac que l'art c'est un travail qui demande une discipline de fer
peut-être murat le vit comme ça
mais alors il y a la poterie aussij
Certains sont très doués et paraissent arriver à faire des choses sans travailler... Finalement, je ne crois pas trop à cette idée. Je pense que la maîtrise d'un instrument, par exemple, ne passe que par sa pratique, donc par le travail.
Je passe beaucoup de temps sur mes morceaux à rechercher quelque chose que je n'arrive pas réellement à trouver... Est ce du travail ? Si cela ne l'est pas, c'est en tout les cas du temps passé. N'est ce pas du travail parce que j'en tire du plaisir en le faisant et après parce que d'autres vont l'écouter et me faire plaisir ce faisant ? Mon idée est que le travail devrait être ça pour tous. C'est notre société qui se trompe, avec la hiérarchisation des différents métiers, des plus nobles au travail de serf... C'est aussi ce que vous faîtes en opposant un travail artistique à d'autres travaux.
Notre société fait croire qu'on peut arriver à réussir sans bosser. C'est le rêve qu'elle nous vend. Les tabloids vendent la réussite de ceux qui ne foutent rien et le public adore.
Je suis sûr que rien n'éxisterait sans le travail fourni par chacun, même l'art.
Ce que dit Murat n'est pas du "travail, famille, patrie", c'est la reconnaissance du travail de chacun. Il l'exprime mal car il a peut être une (trop) haute opinion de lui même.
Je ne le cache pas, j'aime bien glander aussi, parce qu'il est nécessaire de se reposer. Mais franchement, je m'ennuierai si je ne faisait que ça, c'est à dire rien.
moi en tous cas je ne dis pas ça
j'oppose des manières de vivre le travail que l'on fait, un ressenti, un vécu
pas les métiers en soi
je connais des gens qui sont très contents de fabriquer des piles à la chaine
enfin à ce qu'ils disent
????????????
on doit pas vivre dans la même société alors
il me semble au conttraie que le discours dominant c'est : "le travail est une fin en soi", il n'y a que la travail qui vaille
alors que ce qu'on nous cache en réalité, c'est que la plupart des gens qui gagnent un tas de thunes et possèdent des villas et des yachts ont quasiment tous profité d'être né fils de machin, d'avoir de la propriété héritée
Sarko s'est augmenté, il part en yacht payé par des encore plus riches que lui,... et on dit qu'il le mérite. Le capitalisme ou la droite décomplexée c'est encore plus de rêve, plus de motivation pour le péquin lambda.
Je suis totalement d'accord avec toi, c'est super bien exprimé
En fait je comprends pas pourquoi les autres commencent à parler de pénibilité, c'est pas vraiment le sujet , on parle de travail, et éventuellement de sacrifice.
J'aime le travail, sinon je me fais chier
jouer à l'ordi ca va 2 h le week end
Je trouve aussi que notre société fait croire qu'on peut arriver a réussir sans bosser, c'est le raison d'être du loto et de la nouvelle star. Personne dans mon entourage n'a l'idée que le travail est une fin en soi, a part ma mère envers moi peut être, qui comme toutes les mère s'inquiète. On ne vit peut être pas dans la même société après tout
J'ai remarqué qq chose d'assez incroyable :
Quand je suis à la bourre au boulot, que j'ai plein de choses à faire, alors le soir je bosse comme un fou sur ma musique parce que j'ai peur de perdre cette envie.
Si au contraire j'ai rien a faire, ce qui arrive vu que c'est une boite de service, et que je passe mon temps sur le net, alors ma musique avance beaucoup moins bien, et même le soir je glande
Je comprends pas pourquoi
oui
manifestement, on ne vit pas les choses de la même manière on n'entend pas les mêmes choses.
ça confirme ce que je pressentais plus haut
dans ce fil débile s'exprime une sacrée césure au sein des membres de dogmazic
je ne sais pas encore bien où la situer mais je sens des choses là
Je dirais oui et non (p'tain, ça c'est d'la prise de position !), à mon sens ce fil montre également qu'on ne peut de toutes façons pas avoir une vison manichéènne des choses, ce serait bien trop simple, j'ai moi même exprimé quelques idées dans ce fil, et ce n'est pas pour ça que je ne suis pas d'accord non plus avec la personne qui à exprimé une idée différente voire opposée quelques post plus tard, tout ceci est tellement contexctuel en plus ce serait bien trop simple.
Pour en revenir à Murat et sa vision des choses, je comprend sa considèration de l'artiste à temps plein qui y consacre tout son temps par rapport à l'"amateur" qui y passe ses weekend et/ou soirées (catégorie dans laquelle je me classe évidement) mais d'un autre côté je reste aussi persuadé qu'un "artiste créatif", pour être complètement libre vis à vis de son art et de ce qu'il en fait, ne peut se permettre que ce dernier paye son loyer et sa pitance, dès ce moment là il y a des contraintes qui brident son travail donc sa créativité... le seul veritable artiste est l'artiste libre c'est aussi une vérité, enfin... je pense !
je réagirais quand même rapidement pour dire que, oui déjà Murat, je m'en fous, c'est pas du tout la musique que j'écoute, limite, je préfère sa peinture (sa série d'autoportraits bizarres), mais sinon sur ce qu'il dit... bon euh je réponds en vrac : je ne l'ai pas du tout vu comme un donneur de leçon, juste le gars un peu fatigué qui fait le bilan. il fait partie de ces artistes qui ont galéré bien des années et qui ont eu la chance de rencontrer le succès + une structure marketing pour entretenir le buzz etc. Je pense que s'il n'avait pas eu ça, il aurait continué sa musique même s'il doit transporter des cartons dans un hyper le matin, avec son approche du travail artistique (discipline, travail, sacrifice, engagement), vu qu'apparemment c'est sa conception des choses... après tout, il n'y a pas de règle. l'approche de Dana qui bosse pas et qui arrive à pondre des merveilles (ah! "when i was a super hero" !!!) me semble tout aussi légitime que l'approche d'un Bill Evans qui jusqu'à la fin de sa vie a fait tous les jours 8 heures de piano... parce que ce qui compte, c'est pas le temps passé, ou l'effort ou le fait d'avoir du succès ou pas, ou d'être un artiste sacem ou un artiste creative commons, ou etc, ce qui compte c'est si on est en adéquation avec la forme artistique qui fait de nous des artistes uniques, et s'il y a un travail, c'est plutôt une quête, une envie, un 'enthousiasme' pour avancer, progersser dans une 'forme', une 'conformation' à sa forme d'expression propre, personnelle, pour aller toujours plus loin dans ce qu'on "fait" (ce qui fait que je ne concçois pas une oeuvre comme une marchandise bien su^r, mais pas non plus comme un "bien culturel" comme certains le disent ici)... Et donc si ce "besoin" (de création) consiste à faire 8 heures de piano par jour, il faut les faire ces 8 heures, sans quoi, c'est foutu. et si ce "besoin" consiste à ne pas faire 8 heures de piano par jour, il ne faut surtout pas les faire ! sans quoi c'est foutu aussi !
(j'ajouterais même, dans l'un ou l'autre cas : même s'il faut, en plus de ça, transporter des cartons dans un hypermarché de 5h du mat à 11h tous les jours de la semaine pour pouvoir payer son loyer et sa bouffe... du coup, la distinction pro/amat m'échappe... comme celle de c'ui qui fait que ça / c'ui qui fait pas que ça pour faire référence à un autre thread au sujet d'un article de l'irma — d'ailleurs dans l'inteview sur l'Irma du gars qui fait cette dernière distinction (c'ui qui fait que ça, c'ui qui fait pas que ça), il regrette de ne pas avoir assez développé le cas des artistes qui vont jusqu'au bout du chemin (pour reprendre la métaphore de l'un) et qui ne font pas que ça pour autant (pour reprendre la métaphore de l'autre)...)
Pour revenir à Murat, un truc que j'ai trouvé intéressant, qui m'a parlé en tout cas, c'est quand il parle des gros qui bouffe les petits parce que ce sont les actionnaires qui veulent continuer à toucher des billes même si c'est la crise et même après la crise. parce que pour moi, c'est ça le véritable ennemi de toutes nos histoires. Et personnellement ça me parle df'autant plus que ce phénomène touche le monde de l'édition depuis un bail et c'est en train de tuer l'édition, et d'ailleurs mes contrats avec j'ai lu, c'était terminé quand Flammarion a racheté j'ai lu; explication : réduction de titres pas immédiatement rentables, faire le max de choses en interne etc, bref schéma classique : tout bon pour l'actionnaire qui ne voit qu'à court terme, tout mauvais pour les arts et la littérature à long terme... c'est pas la gratuité qui tue la musique, c'est les actionnaires.
hier sur France Cul, un gars disait (je paraphrase) : "n'importe qui qui a un peu de goût peut faire des photos bien cadrées, avec le bon contraste, etc. mais tout le monde ne peut pas photographier des choses que les autres ne voient pas"... et il y a forcément mille manières pour arriver à savoir à révéler l'invisible. si pour tel artiste, c'est l'ascèse, la discipline, ben il doit foncer. si pour un autre, c'est autre chose, il doit foncer... le plus dur, finalement, c'est peut-être de se trouver soi-même. donc tout le monde peut faire de la musique et il faut encourager cette démocratisation, mais tout le monde n'est pas bill evans ou dana hilliot... en ce sens, j'ai moi aussi une conception élitiste de l'art.
artiste raté : bon, je comprends que ça fasse réagir quand il parle d'artiste raté, mais moi ce que j'ai compris, c'est que pour murat l'artiste raté, c'est celui qui ne faitt que "la moitié du chemin" et qui se la pète tout de suite, qui "arrache tout" et mise tout sur les possibilités du réseau social virtuel etc. avec des millions d'amis anonymes etc... et j'ai, ici, je crois, déjà entendu un discours similaire à propos par exemple de types qui arrivent avec des titres torché un week end avec dance ejay avec des boucles de base et qui se jouent les stars... n'importe qui peut jouer les stars avec des sites web ou des pages myspaces.
anonymat : je comprends ce qu'il dit, je suis assez d'accord... mais ça m'a surtout fait penser en fait à ce qui est arrivé ici-même récemment dans un autre thread, avec un gars qui était sacem et qui comprenait pas pourquoi il pouvait pas mettre de titre sur dog ou sur jam etc et qui a eu cette inexcusable attitude d'anonyme dont parle Murat... je peux comprendre qu'il ait pas du tout aimé son expérience du net !
SUr la goinfrerie : je ne pense pas qu'il s'en prenne aux mélomanes. il s'en prend aux goinfres : ceux qui téléchargent à tout va (une fois, un ami a téléchargé tout pink floyd et a tout écouté d'une traite... je me demande ce qu'il en a retenu quand personnellement je me repasse régulière le dark side (c'est tout ce que je connais des floyd!) et je découvre toujours de nouvelles choses que je n'avais pas entendu... alors je me pose vraiment des questions sur ces types qui téléchargent 20000 titres... je connais un gars qui a 3000 disques, cd et vinyles. tu en prends un hasard, tu lui mets un titre au hasard, il va te dire exactement ce que c'est, quelle émotion, quelle histoire personnelle sont rattachées à cette musique, etc.), ceux qui ont 45000 amis sur myspace (d'ailleurs il y a les groupes établis qui ont 45000 'amis', mais là c'est plus comme la newsletter à laquelle on s'inscrit, mais il y a les petits groupes qui ont 45000 amis, eux ont une attitude agressive, ils veulent augmenter leur fanorat pour après pouvoir sortir le chiffre comme un argument marketing... voilà les goinfres dont parle Murat. et je crois qu'ils ne sont pas très bien vu ici également... et exceptionnellement, il y a les artistes qui se retrouvent avec 45000 amis à cause de leur succès, en fait en disant ça, je pense en fait à Tay Zonday sur youtube dont son chocolate rain a maintenant dépassé les 10 millions de visionnage !)... etc... Le mélomane, lui, n'est jamais goinfre. le mélomane, c'est le gourmet. qui sait ce qu'il y a dans son assiette. prend toujours la juste quantité, cherche et apprend la voir la qualité. cherche des saveurs nouvelles... et cherche à les faire partager... ici aussi, il me semble aussi qu'on soit contre cette goinfrerie, contre aussi celle du marketing, de la pub, du gars qui fait tout pour signer, gagner de la thune avec sa musique, veut faire la starac et autre pop star pour devenir une star très vite. toujours en vouloir plus... bref.
tout ça pour dire que Murat, c'est pour moi un type comme nous, un gars qui croit en sa musique et bosse sa musique (il parait que c'est un sacré guitariste), qui a pas sa langue dans sa poche en plus etc. il a sa vision des choses, qui est tout à fait légitime. etc. et qu'il n'ait que 2000 amis myspace est plutôt rassurant étant donné sa notoriété... ça en fait pour moi un type plutôt sympathique, même si j'écoute pas ses trucs... et qu'il fasse des trucs intéressants ou pas, ou devrais-je dire qui m'intéressent ou pas, ne change pas le fait que c'est un type qui a décidé d'être artiste, qui a trimé des années pour... puis un jour il a rencontré le succès, et voilà. et tant mieux pour lui. en tout cas c'est pas lui qu'on a sorti de nulle part pour le matraquer à longueur de journée dans les média (bon à part sur inter des fois )...
et voilà, après, il est chez maintenant une major, mais, et alors ? quand t'achète un disque, les sous rentrent d'abord dans les poches de la major, pas de l'artiste, mais l'artiste touche quand même de la thune. et c'est tant mieux pour lui. en vouloir à la major oui, mais à l'artiste ?... (surtout quand il arrrive des hsitoires comme ce qui est arrivé à Chamfort ou plus récemment l'histoire de sébasto, super édifiante - je n'aurais jamais cru que ça pouvait arriver en france (aux states, c'est monnaie courante, cf. le célèbre article de Steve Albini !) enfin bref)... j'ai jamais compris ça, un type n'est pas con ou sympa parce qu'il est major, indé, ou 'libre' ! il y a plein d'artistes pas intéressants dans le libre ! plein qui ne font même pas la moitié du chemin ! ... ou alors c'est comme si je devenais du jour au lendemain infréquentable parce que l'éditeur avec qui j'ai des contrats est racheté par Hachette, ce qui fait donc que maintenant, je "bosse" pour Lagardère, le marchand d'armes !!...
sur la gratuité : je comprends qu'un artiste un peu établi (comme murat) puisse s'inquiéter de son sort et dire la gratuité ça nous tue. comme tout le monde il a un certain revenu, il est parti de rien, grâce à la maison de disque et le public etc il est arrivé à avoir des rentrées de thune régulière, bref il en a pu en faire son métier, donc normal, il veut que ça continue. et il a fait des projections dans l'avenir en fonction de ces revenus. il a peut-être un crédit sur 30 ans, mis de l'argent de côté pour ses gamins, que sais-je! peu importe, je ne trouve pas ça moins légitime que par exemple des gens qui font grève pour garder leurs acquis sociaux... le monde doré (argenté devrais-je dire) du disque s'il a jamais existé est sûrement derrière, mais je ne comprends pas qu'on puisse s'enthousiasmer qu'un artiste qui vit de sa musique s'inquiète du fait que ses revenus vont baisser... je préfèrerais lui souhaiter la meilleure reconversion possible. parce qu'à ce train, seuls les gros actionnaires des grosses boîtes seront très riches, et tout les autres, très pauvres, et c'est tout.
sur l'histoire de la gratuité qui compromet la création... je pense que c'est une histoire de taille de production. biensûr si c'est pour tout miser sur le marketing avec un artiste qui travaille dans sa cuisine avec 2 nagras, ça se comprend (cf. un autre thread). Mais pour prendre un exemple personnel puisque j'y suis. je bosse donc sur une partoche avec au moins 20 instruments d'orchestre. je ne vois vraiment pas comment je vais pouvoir réaliser un enregistrement décent sans moyens... si, avec beaucoup d'efforts pour trouver de bons musiciens bénévoles, et encore il faudra payer des frais de transport, de bouffe, voire de logement, mais aussi changer l'orchestration en fonction de ceux qui seront partants & dispos pour répéter le temps qu'il faudra etc. et brider la musique pour la rendre plus facile à exécuter... bon, ou alors faire un emprunt à la consommation, recruter les zikos sur tant de jours avec un planning, louer un orchestre des pays de l'est (c'est pas cher, ça ne coûte que 2000 euros par jour) en décidant que je retrouve pas mes billes... ou alors... ou alors faire ça avec des sons morts (samples). bah c'est malheureusement la direction que ça prend. même au cinoche, c'est de plus en plus du sample (je ne parle pas de musique "électronique" mais de musiques qui imitent l'orchestre). enfin c'est comme pour l'image de synthèse. bon c'est soi-disant pour un meilleur contrôle artistique, qui est sans doute réel, mais ça devient fade et uniforme, je préfère la vision d'un Bela Tarr par exemple enfin bref.
et donc moi la solution que j'ai trouvée, c'est mes sessions after infinity (réunir plein de zikos et faire un album en une après midi)... mais ça ne résoud pas ma problématique de certaines musique qui ne peuvent exister sans moyens financiers. tout ça pour dire que la gratuité n'empêche pas la musique, mais elle la colore. en même temps, ce n'est pas un mal évidemment. mais ce n'est pas l'un ou l'autre, les deux doivent être possible. c'est pour ça, pour moi, la sacem n'est pas l'ennemi. elle est juste très vieille... (mais ça va changer. après tout, iln'y a pas si longtemps, pour s'inscrire, il y avait un examen d'entrée avec lignes de partoches à faire, etc. et il fallait déposer des partoches etc. ce n'est plus le cas.)
putain, je me suis étalé comme pas possible, et dans le désordre en plus, au lieu de faire de la musique.
pfff.
et j"ai même pas fini de lire les autres contributions... et j'ai même pas lu la lettre ouverte sur ratiatum. bon, tant pis... désolé si je fais des redites ou contresens sur des points qui m'auraient échappées dans mon survol (c'est pas bien c'est pas bien ! )
ce qui est dommage...
surtout que Murat. ne fait pas un caca nerveux, il répond juste à sa manière aux questions stupides du journaliste.
bah Murat n'est qu'un prétexte. ce qui est intéressant, c'est qu'une interview finalement ordinaire donne lieu à 6 pages de réactions diverses et variées...
mais je me trouve plus d'affinités avec le ton des dernières réactions, ce... dogmazicalisme ouvert, posé et argumenté qui donne envie d'intervenir et de discuter pour faire avancer le schmilblikkkk
Joli thread marathon, pour une réponse rapide en tout cas
http://arretsurimages.net/post/2007/11/22/Jean-Louis-Murat-accuse-les-internautes-de-se-goinfrer-mais-pas-sur-Internet
:shock:
En fait, Murat, je m'en fous un peu, j'ai même rien contre lui (je connais pas l'intégralité de son oeuvre, mais je crois avoir déjà entendu quelques trucs qui me déplaisaient pas). Mais c'est surtout la pose qu'il prend qui m'énerve. Et ce penchant pour les certitudes.
Opposer des branleurs musiciens du dimanche qui n'auraient fait que la moitié du chemin et les vrais artistes qui ont une "discipline de fer" me semble complètement oiseux.
Primo, j'imagine que, en tant qu'artiste professionnel connaissant un relatif succès, le père Murat, il ne doit pas travailler son art 24h sur 24 : la promo, les interviews, les négociations avec les maisons de disque, les tournées obligées par contrat... c'est du travail pas forcément artistique, tout ça, et ça doit avoir des côtés bien chiants et routiniers. C'est-à-dire que, quelque part, en plus de faire de la musique, Murat doit consacrer une part importante de son temps à des activités aliénantes, comme n'importe quel artiste "raté", finalement.
Sur l'idée qu'un "vrai" artiste serait celui qui accepte des "sacrifices" et laisse tomber toute autre activité pour vivre de son "art", je pense qu'il existe plein de contre-exemples, que je piocherai plutôt dans la littérature parce que c'est ce qui me vient : Kafka, je crois, était un petit fonctionnaire qui n'a peut-être jamais vendu un livre (à vérifier, j'ai pas le temps) et qui avait même refusé qu'on publie ses oeuvres après sa mort (volonté non respectée par un de ses potes, je crois). Il me semble avoir lu quelque part qu'il aimait bien lire ses textes devant ses amis pour les faire marrer. Peut-être ne cherchait-il pas plus loin. Peut-être n'était-il pas un artiste. Et alors ?
Et quel âge avait Rimbaud ? 17 ans ? Parce que le Rimbaud aventurier vendeur d'armes, il n'a pas écrit grand chose, il me semble... Il n'aura pas travaillé son art bien longtemps, celui-là.
Un "artiste" est-il tenu d'être artiste durant toute son existence ? 24h sur 24 ?
Artiste maudit, artisan besogneux, génie désinvolte, escroc magnifique, virtuose, touche à tout dilettante... mus par une rage juvénile ou sages d'une expérience acquise... Voilà autant de figures fantasmées de l'Artiste, et autant de lieux communs contradictoires.
On pourrait peut-être se passer de ce carcan étouffant ? Ou au moins renoncer à énoncer des certitudes à ce sujet.
Reste la question du travail. Je suis d'accord sur bien des points avec Dana (par exemple sur le fait de ne pas faire de la question des moyens de subsistance d'un artiste une question autonome, séparée de la question sociale prise dans sa globalité), mais je ne vois pas pour autant de césure se dessiner entre nous, dogmaziciens.
Juste un gros malentendu : on met tout et son contraire dans le mot "travail". Je préférerais qu'on distingue travail et activité.
Comme si ne pas travailler signifiait "ne rien faire", et comme si exercer une activité artistique avec ses plaisirs mais aussi ses souffrances était forcément synonyme de "travail". Il est certain que beaucoup de gens croient (à mon avis à tort) que le travail est la seule activité possible, d'où une certaine terreur face à l'idée de désoeuvrement : tout est fait, d'ailleurs dans la société pour que le temps libre ne soit qu'un temps mort, rempli au mieux par l'acte de consommation. Ce qui fait qu'après des années de lutte pour réduire le temps de travail, il y a si peu de résistance au mot d'ordre sarkozien de "travailler plus". Mais en même temps, (et là, je rejoins ce que disait Christophe), beaucoup de gens ont inconsciemment l'intuition que ce travail n'est pas une activité satisfaisante, et même s'ils n'ont pas trouvé mieux pour remplir le vide de leurs vies, ils rêvent obscurément de ne plus avoir à travailler (d'où le succès des jeux, la fascination pour les têtes couronnées, les stars d'un jour...).
Une personne qui défend l'idée de "travailler plus pour gagner plus" peut très bien désirer (plus ou moins secrètement) "gagner plus pour ne plus avoir à travailler" tout en ayant en même temps très peur à l'idée que cela pourrait bel et bien arriver (et en plus, ça fait du bien, aussi, de se faire peur). "Heureusement, ma bonne dame, cela n'arrive qu'en rêve, et nos vies de merde valent quand-même bien mieux que ce cauchemar", n'est-ce pas finalement ce qui se dit, aussi ? On se rassure comme on peut.
Oeuvrer, pour nous mêmes et pour les autres, à développer des activités épanouissantes me semble nécessaire, et j'ai l'impression de m'y employer un peu en faisant de la musique et en la faisant écouter à qui veut, sans être contraint par une obligation de "succès". Cela me prend beaucoup de temps (et d'argent), me procure beaucoup de plaisir et parfois quelques souffrances (pas trop, dans l'ensemble, sinon, comme disait Dana, je ferais de la poterie).
Cette activité coïncide (pour ceux qui en "vivent") ou coexiste (pour les autres) avec le travail. L'important est de la favoriser.
"Ne travaillez jamais", disait Debord, un mec qui n'a jamais bossé mais qui a fait plein de trucs.
Pour le film débile c'est un peu de la provoc, non ? Il y a eu des interventions dans ce thread dignes de figurer dans le grand livre.
Les propos de Murat, quoiqu'on en pense, semblent s'inscrire dans une certaine stratégie promotionnelle : http://www.rue89.com/2007/10/11/baudelaire-le-telechargement-rue89-murat-balance
Ah ! ça, effectivement, si ça fait parler autant ailleurs qu'ici !
Et qu'il a quelque chose à nous vendre... il a réussi son coup ! 8)
Je suis entièrement d'accord avec Dana sur la valeur du mot "travail" : il est actuellement mis à toute les sauces et on y met actuellement dans le même sac le mec qui trime en 3/8 pour 1 000 € par mois, "l'artiste" qui va passer ses journées à composer ou à faire de la route pour un concert de 30 personnes, "l"artiste" qui va rien faire, pas même composer une seule mélodie de sa vie, pour aller ensuite faire sa pleureuse et demander l'asile économique en Belgique, puis en Suisse, le mec qui a placé l'argent de Papa pour pouvoir rester tranquille sur son yacht à donner des conseils à tout le monde ...
Le mot n'est pas adapté, c'est tout.
Deux choses que je souhaitais modestement ajouter au débat :
1 : c'est quoi pour vous un artiste ? Parceque c'est vrai que ça fait dans le vent, avec son petit côté hype qui distingue du reste de la population, mais c'est peut-être aussi parceque tout le monde peut se définir comme artiste qu'on se retrouve avec ce flou autour de notion tel que le "travail" ou le "professionalisme". De même, cette autoproclamation d'être un artiste fait qu'au final, comme cela a déjà été évoqué, il y a une surabondance de l'offre. Ce n'est pas quelque chose que je regrette, juste un constat que je fais. Personnellement, je rejette le terme "artiste". Je lui préfére le terme de créateur. A mon sens, le terme d'artiste sous-entend une coupure ave le monde dans lequel il évolue, comme une sorte de supériorité. Le terme créateur est beaucoup plus ancrée dans un quotidien : lun boulanger est un créateur, un jardinier est un créateur, et je me sens plus proche d'eux que de Johnny & consort.
2 : Comment distingue-t-on une pratique professionelle d'une pratique amateur ? Comment est-on juge du professionalisme d'un artiste/créateur ? Cette question est vitale. Je la pose à chaque fois que j'ai une réunion et que des élus disent qu'il faut préférer subventionner des artistes professionels à des artistes amateurs.
Accrochez-vous : pour la DRAC, on devient professionel du moment que l'on est salarié ou que l'on a un salarié (par exemeple : une assos ave un salarié est une assos professionelle) ; pour les élus, on est professionnels du moment que l'on arrive à vivre de son art ... Et les artistes, qu'en pensent-ils ? Ben, les artistes que je rencontre me disent que l'on devient professionel du moment que l'on est reconnu par ses pairs, ce qui sous-entend que si l'on est pas reconnu par la caste des artistes, on n'en est pas vraiment un. Et dans un contexte de décentralisation, de refonte des financement publics à destination de la culture, ce n'est vraiment pas anodin, vu que les artistes professionels sont privilégiés face aux amateurs.
En gros : ceux qui reçoivent des subventions aujourd'hui sont ceux qui désignent leurs successeurs de demain.
Voilà, je sais pas si vous avez suivi, je sais pas si ça vous intéresse vraiment, mais ces deux questions (qu'est qu'un artiste ? A partir de quel moment bascule-t-on de l'amateurisme au professionalisme ?) sont à mon sens les plus importantes à l'heure actuelle, vu que de leur réponse découle tout un tas de chose (la question du travail, les financements publics, le soutien étatique ...).
Je te rejoins assez là-dessus... Et pour parler de mon expérience personnelle je suis vraiment confronté à ça et à la différence amateur/professionnel, dans mon métier de graphiste, en tant que professionnel inscrit à la "maison des artistes" (ce qui ne me sert à rien mais je l'avais fait que je cherchais du travail au cas où j'aurais à travailler en freelance) j'ai donc un statut d'artiste, néanmoins je ne considère pas du tout ce que je fais comme un métier artistique (des couv de magazine, des pages de pub, des dépliants des flyers ou autres...) c'est, certe un métier créatif mais de là à parler d'art... il y a tout de même un monde !
A l'inverse, dans mon activité musicale totalement amateure je considère totalement que je fais quelque chose d'artistique même si encore une fois le terme est assez galvaudé mais en tous cas plus proche de la réalité...
Enfin tout ça pour dire, qu'entre le statut juridique, ce qu'on met dans le terme en fonction de sa propre culture et des ses opinions et ce qu'il représente réelement tout ceci est très relatif (et compliqué à exprimer je ne sais pas si je suis très clair).
Pour moi finalement l'artiste est aaussi quelqu'un qui à fait ses preuves, qui à montrer que dans son art, il excelle, il est au dessus du lot (là je te rejoins également dans le côté "Hype" du mot ça se mérite et n'est pas artiste qui veut même si on aimerait parceque ça pête de dire "ouais moi je suis un artiste !"), et en revenant sur le boulanger, j'ai un amis qui à fait les compagnons du tour de France en tant que patisssier, je considère que c'est bien plus un artiste que moi (car il excelle dans son métier et est créatif), qui pourtant en ai le statut et lui non...
Tous ces point c'est des trucs qui ne m'interressent pas à priori, j'imaginais pas que ca soit tellement important (malgré les warning des dana)
C'est vrai, effectivement l'artiste agit dans un domaine culturel.
(mais c'est toujours un peu le truc de chercher une réponse un peu tarabiscotée à une question simple...)
Ce qui ne change rien au fait que je trouve que c'est un sale type. Comme quoi un artiste est bien moins intéressant que son oeuvre, ce qui ne veut pas dire non plus qu'il faille être un connard pour être un artiste.
Quant à savoir ce qu'est un artiste, ce qui distingue l'amateur du professionnel... j'aurais tendance à penser qu'on n'est pas prêt d'avoir la réponse et même qu'on s'en fout. Je comprends bien que des institutions aient besoin d'établir des définitions, de classer les activités humaines, de décréter qui fait quoi ou qui a le droit de prétendre à tel ou tel titre.
Mais doit-on prendre au sérieux ces artifices administratifs ?
Je ne me souviens pas moi-même m'être jamais prétendu artiste et je n'ai jamais pensé que j'appartenais à une catégorie "à part". On me dit pourtant parfois que je suis un artiste, surtout quand je me montre particulièrement inapte dans un aspect bien trivial de la vie quotidienne (comme faire cuire des pâtes sans les laisser carboniser), ce qui est révélateur aussi sur l'image qu'on peut se faire de l'artiste.
La véritable question, au fond, c'est : comment faire pour mener une vie qui vaille vraiment la peine d'être vécue ? Pour ça, faut déjà survivre, bien sûr, et puis voir pas à pas ce qu'on peut faire de plus (de la musique, par exemple). Qu'on en vive ou pas, qu'on soit amateur ou pro. Et c'est à la portée de tout le monde : à chacun d'explorer les activités qui lui rendront la vie vivable. Ensuite, qu'on reçoive un brevet d'artiste par cooptation, par nombre de ventes, par autorisation de l'Etat ou par adoubement de la postérité, c'est assez secondaire, non ?
Le partage de la musique, même s'il n'échappe pas aux défauts de la société de consommation de merde qui est la nôtre est un moyen supplémentaire de découverte et de création. Il vaut la peine d'être défendu. Tant pis si ça fait peur à Murat. Et tant pis si j'énonce des banalités.